Jeunes entrepreneurs : 7 pistes pour trouver des financements
Le principal frein pour créer ou faire vivre son entreprise quand on est tout juste diplômé ou depuis peu dans la vie active ? Ne pas disposer de moyens financiers suffisants. Mais vous avez la farouche volonté d’en trouver ? Banco ! Des aides de la famille aux prêts bancaires, voici 7 pistes pour démarrer votre chasse aux sous.
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Prenez deux jeunes, Boris Mounet et Fabien Millerand, laissez-les mariner chacun un temps dans leur école, envoyez-les faire leurs armes sur le marché du travail, puis laissez-les mûrir leur idée d'entreprise, tranquillement mais sûrement. Servez-la au profit de jeunes créateurs qui souhaitent lancer leur première collection de prêt-à-porter ou d'accessoires. Vous obtenez Meet My Designer, une entreprise solidaire, spécialisée dans le financement participatif de jeunes créateurs de mode. Le modèle économique est innovant : ce sont les internautes qui investissent en précommandant les pièces des 200 créateurs de 30 nationalités différentes déjà présents sur le site. Une réussite.
Un projet solide ? Bien accompagné ? Vous êtes paré(e) !
Boris et Fabien ne sont pas des cas isolés. Un quart des entreprises créées chaque année le sont par des jeunes de moins de 30 ans. Un remède contre le chômage ? "Pas seulement, remarque Maxime Marzin, directeur de l'incubateur de Sciences po. Les entrepreneurs sont devenus les héros des temps modernes. Et puis n'oublions pas que les risques à la création d'entreprise sont désormais proches de zéro."
"Sans compter que si le projet est solide et si les jeunes se font accompagner par un réseau ou un incubateur, il est facile aujourd'hui de trouver des financements", poursuit Philippe Bayeux, directeur régional Île-de-France–Est de BPI France. Encore faut-il les identifier et savoir où les trouver...
Vous avez un projet d'entreprise bien ficelé ? Vous y croyez ? Vous avez constitué une équipe solide ? Alors, pour ce qui est du financement, les solutions existent et elles sont nombreuses.
Les 7 pistes à explorer
Piste 1 : le "love money"
Piste 2 : les prêts bancaires
Piste 3 : le crowfunding
Piste 4 : les prêts d'honneur
Piste 5 : les Business Angels
Piste 6 : les aides sociales et financières
Piste 7 : les concours
Des sous pour entreprendre : le "love money"
Pour amorcer votre projet
Certains l'appellent avec humour "l'ACCC", "l'argent des cousins, des copains et des cinglés". D'autres, "l'investissement affectif de proximité", le "love money" ou "l'argent de l'amour". Ces expressions désignent l'ensemble des capitaux apportés à la création d'entreprise par les amis et la famille. Généralement, ils permettent d'amorcer le projet.
Comment convaincre ces investisseurs de souscrire au capital de votre société ? Les arguments principaux tourneront autour de votre projet. Faites-leur parvenir un business plan et répondez à toutes les questions qu'ils peuvent se poser. Grâce à la loi pour l'Initiative économique, vous disposez d'arguments financiers non négligeables qui pourraient finir de convaincre votre famille ou vos amis. En effet, les articles 29 et 30 prévoient des exonérations d'impôts élevées pour les personnes physiques qui investissent dans le capital de PME.
Tentative réussie pour Boris Mounet et Fabien Millerand, puisqu'ils ont levé respectivement 10.000 et 7.000 € auprès de leurs proches. "Cette somme nous a permis de concrétiser le projet et de mandater un avocat pour établir les statuts de la société".
Pour autant, il serait faux de considérer que ces investisseurs, pas tout à fait comme les autres, sont complètement désintéressés. Si les espérances de gain ne sont pas leur première motivation, ils tiennent, souvent, à suivre avec attention le cheminement de ceux qu'ils financent.
Des sous pour entreprendre : les prêts bancaires
Pensez aux prêts étudiants
Pour limiter les risques, les banques ne prêtent pas sans exiger des garanties, ni même sans conditions de ressources... sauf pour les prêts étudiants. Pour ces derniers, les critères d'éligibilité sont simples : avoir moins de 28 ans, être de nationalité française et préparer un diplôme de l'enseignement supérieur.
Benjamin Dupays a créé en 2011 Centiméo, une start-up qui propose d'échanger dans des distributeurs automatiques les pièces de 1, 2 et 5 centimes contre des chewing-gums à l'unité et des doses de gel antibactérien. "Mon tout premier financement a été un prêt étudiant de 50.000 €, alors que j'étais en troisième année à Sciences po. Il m'a servi d'amorçage".
"Pour ce qui est des prêts bancaires, c'est un peu plus compliqué à obtenir", fait remarquer Alix Heuer, fondatrice de Rouge le fil, une agence de communication spécialisée dans la RSE (responsabilité sociale et environnementale). À moins d'avoir un business plan solide... Pour preuve, les cofondateurs de Meet My Designer ont réussi à décrocher un prêt à la création d'entreprise de 15.000 € auprès de la Caisse d'Épargne.
Des sous pour entreprendre : le crowfunding
Un nouvel Eldorado
LES PRINCIPAUX SITES • Mymajorcompany • Babeldoor • Ulule • Kisskissbankbank • Anaxago.com CÔTÉ MICRO-CRÉDIT • Babyloan • Kiosktoinvest • Sparkup • TousNosProjets • L'annuaire interactif d'Allloprod |
Jusqu'au milieu des années 2000, les entrepreneurs en herbe en mal de financement n'avaient d'autre issue que de se rencontrer avant de décider, ou non, de s'unir. Aujourd'hui, c'est via des plates-formes Internet qu'ils peuvent entrer en contact. Cette technique, le crowdfunding, permet de multiplier à l'infini les investisseurs et, du coup, réduire le montant moyen engagé. "Près de 15.000 personnes ont déjà investi en précommandant une ou plusieurs pièces de créateurs", témoigne Boris Mounet.
En France, KisskissBankBank est l'un des leaders du financement participatif dédié aux projets créatifs et innovants. D'autres acteurs comme Anaxago rapprochent aussi des entreprises innovantes à la recherche de financement et des investisseurs particuliers qui souhaitent participer financièrement à l'aventure. Les levées de fonds peuvent atteindre jusqu'à 500.000 €. Attention, pour fonctionner, les plates-formes prennent une commission sur le montant des sommes récoltées (5 à 12 %).
Des sous pour entreprendre : les prêts d'honneur
L'engagement sans risque
"C'est un outil formidable qui a fait ses preuves ! Le prêt d'honneur est un prêt à la personne, ce qui signifie que le prêteur ne s'implique pas directement dans l'entreprise. Il offre de nombreux avantages : taux zéro, aucune caution, aucune garantie demandée et souvent attribué avec un différé de remboursement. Son intérêt réside dans son utilisation, puisqu'il peut être porté au capital de l'entreprise ou sur le compte courant. Il permet ainsi de consolider ses capitaux propres", explique David David Pouyanne, président du réseau Entreprendre.
À QUI S'ADRESSER ? |
Et ce n'est pas tout. En cas d'échec de l'entreprise, aucune action contentieuse ne sera engagée et il reviendra au créateur de définir par lui-même – sur son honneur – ce qu'il peut rembourser et quand.
Tous les types de projets en milieu rural, à vocation sociale ou écologique, à haut potentiel de développement ou à contenu technologique, ont vocation à être financés par un prêt d'honneur si les porteurs démontrent leur viabilité potentielle. Les montants peuvent s'étaler de 2.000 à 50.000 €, voire jusqu'à 90.000 € pour des projets très innovants.
Benjamin Dupays est un heureux créateur. Ce n'est pas un, mais deux prêts d'honneur, que ce "bébé entrepreneur" a réussi à décrocher : 30.000 € du Réseau Entreprendre et 30.000 € de France Initiative. Toujours sans intérêt, sans garantie et avec remboursement différé. Le jackpot.
Des sous pour entreprendre : les Business Angels
Pour un amorçage réussi
Il n'a que 22 ans lorsque, sitôt son diplôme de Sciences po en poche, Paul Cassarino lance, en juin 2012, Seekube, plate-forme Web spécialisée dans le recrutement des étudiants et jeunes diplômés. Mais sa persuasion, son envie et son énergie ont balayé tout scepticisme. En quelques mois, il lève 400.000 €. Son généreux prêteur ? Un business angel. Une personne physique qui a investi une partie de son patrimoine financier dans cette société innovante et à fort potentiel. "C'est volontairement en phase d'amorçage que j'ai fait appel à un business angel à la fois pour renforcer les capitaux de l'entreprise mais aussi pour bénéficier de ses compétences et de son réseau", explique-t-il.
QUI CONTACTER ? |
Il n'existe pas de parcours type pour solliciter un business angel, mais le porteur du projet doit respecter quelques étapes essentielles. D'abord envoyer une synthèse du projet (appelée "executive summary") à France Angels, qui fédère plusieurs réseaux, ou auprès d'un réseau identifié. Après avoir étudié le dossier, le réseau procède à une présélection. Si votre projet franchit cette étape, vous le présenterez à des investisseurs potentiels. En moyenne, un dossier sur huit franchit cette étape. Les investisseurs intéressés forment une société d'investissement (SIBA) qui sera la représentante du groupe des investisseurs engagés.
Matthieu Dardaillon, fondateur de Ticket for Change, qui organise le tour de France des entrepreneurs du changement, a trouvé les fonds nécessaires auprès de Danone Communites. Il va mettre sur les rails 50 graines d'entrepreneurs lancés à bord du train qui sillonnera la France du 26 août au 6 septembre 2014 à la rencontre d'entrepreneurs sociaux.
Des sous pour entreprendre : les aides sociales et financières
Un coup de pouce pour enclencher la première
Des aides financières aux allègements fiscaux, en passant par les exonérations de charges sociales, il existe pléthore d'aides publiques à la création d'entreprise mises en place par l'État ou les collectivités territoriales. Et à ces dispositifs viennent s'ajouter les initiatives privées (fondations, associations, grandes entreprises...), tout aussi nombreuses.
Certaines aides s'adressent à un large public, d'autres ne concernent que des types de projets bien déterminés, souvent soumis à des conditions restrictives. Face à une telle diversité des dispositifs, il n'est pas facile de s'y retrouver...
OÙ SE RENSEIGNER ? - Le site de l'APCE |
Benjamin Dupays, lui, n'a pas eu à choisir. Il a réussi à cumuler plusieurs aides. D'abord, le CICE (Crédit impôt compétitivité emploi), accessible à toute entreprise, lui permet de réaliser une économie d'impôts substantielle : 6 % de la masse salariale depuis janvier 2014, hors salaires supérieurs de 2,5 fois le smic. Le jeune patron a également décroché une aide à l'innovation responsable de 80.000 €, auxquels s'ajoutent 80.000 € de BPI France, 200.000 € de France Active et 75.000 € de la Sofired pour la création d'entreprise dans une ville touchée par la RGPP (Révision générale des politiques publiques).
Quant à Paul Cassarino, dès son entrée à l'incubateur de Sciences po, il a obtenu le PIA (Paris Innovation Amorçage), une aide financière à l'accompagnement des projets créateurs admis en incubateur. "L'accompagnement est la clé de la réussite. Il permet de crédibiliser le projet. Intégrer un incubateur est une garantie solide pour les investisseurs", explique Philippe Bayeux.
Des sous pour entreprendre : les concours
Le prix de la reconnaissance
OÙ SONT-ILS LISTÉS ? - La rubrique "Concours" du site de l'APCE. |
Prix Moovje, Petit Poucet, Talent des cités, Graine de Boos, Prix de l'étudiant entrepreneur en économie sociale, Bourses déclics jeunes de la Fondation de France, Concours Cré'Acc... Les concours proposés aux jeunes créateurs d'entreprise sont nombreux et variés mais ils ont tous un point commun : récompenser les talents pour leur originalité et leur exemplarité.