Témoignage

Employé de supermarché au temps du coronavirus, le témoignage de Christo

Depuis le confinement, des supermarchés adoptent le filtrage des clients pour ne pas avoir trop de consommateurs en même temps dans les enseignes.
Depuis le confinement, des supermarchés adoptent le filtrage des clients pour ne pas avoir trop de consommateurs en même temps dans les enseignes. © Pascal SITTLER/REA
Par Etienne Gless, publié le 20 mars 2020
4 min

Christo, 27 ans, travaille comme équipier libre-service dans un petit supermarché d'un quartier huppé de Boulogne-Billancourt (92). Entre livraisons à domicile, filtrage des clients à l'entrée du magasin et gestion des approvisionnements, découvrez le quotidien d'un jeune salarié qui doit travailler au contact du public à l'heure des mesures sanitaires liées à l'épidémie de coronavirus.

"Il vous faut patienter quelques instants avant d'entrer. Merci". Il est 15 h 30 ce mercredi 18 mars 2020. Un soleil printanier chauffe l’air, et Christo, 27 ans, masque sur la bouche et le nez, filtre avec assurance et flegme l’entrée d'un petit supermarché dans une rue huppée d'un quartier de Boulogne-Billancourt (92) nord.

Commerce : beaucoup de jeunes salariés au contact du public

Les commerces alimentaires restent ouverts durant la période de confinement et, dans la grande distribution, les employés de magasin travaillent au contact de la clientèle tous les jours. Le secteur du petit ou du grand commerce est celui qui fait travailler le plus de jeunes en France : 19% des salariés y ont entre 18 et 25 ans et y exercent un job étudiant pour financer une partie de leurs études ou y préparent un diplôme en apprentissage ou contrat de professionnalisation.

Christo travaille lui en CDI dans ce supermarché de proximité depuis janvier 2019. "J'y suis entré sans aucun diplôme, j’avais juste besoin d'un emploi. Ils m’ont donné ma chance". La célèbre enseigne de grande distribution emploie deux autres jeunes : Dorothée et Anice y préparent en alternance leur CAP et bac pro "mais cette semaine ils sont censés suivre leur formation théorique à distance, au CFA", explique le directeur adjoint du magasin en faisant rouler une palette de salades emballées. Tous les autres salariés en caisse ou en rayons portent des gants, mais tous n'ont pas de masque protecteur au visage, au contraire de Christo.

Responsabilité du consommateur et respect des consignes

"Jusqu’à lundi matin, c’était la ruée anarchique sur les denrées, les rayons étaient pillés, les gens ne respectaient pas les distances de courtoisie de 1 mètre", déplore Christo, un brin écœuré. "Des clientes arrivaient en caisse avec des caddies débordants de litres d’huile, de kilos de pâtes et de riz. Avec les nouvelles consignes, la gestion des entrées, de la circulation dans les allées et du passage en caisse est beaucoup plus fluide".

Et c’est vrai que l’ambiance dans le magasin est calme ce mercredi après-midi. Un salarié remet en rayons des marques de café lyophilisé, un client ne trouve pas sa marque favorite mais sourit en constatant qu’une autre est disponible. Le rayon riz et pâtes n’est pas complet, mais il n’est plus entièrement vide comme 48 heures plus tôt. Et même le papier toilette a refait son apparition au rayon hygiène encore assez vide !

Christo garde en travers de la gorge le souvenir des comportements irresponsables et égoïstes de nombreux clients : "Les entrepôts qui nous livrent quotidiennement regorgent de marchandises, il n’y a pas de risque de pénurie. Mais stocker par panique perturbe la chaîne d’approvisionnement des magasins. J’ai des collègues en entrepôt qui ont dû bosser plus tard pour répondre à une demande inutile juste dictée par la peur de manquer".

Commerce/distribution : ces pans de l'économie tournent à plein

Christo ne fait pas que filtrer les entrées : dans la distribution, la plupart des employés de libre-service sont polyvalents. En ces temps de confinement, beaucoup de consommateurs se font livrer à domicile, une activité qui explose et demande beaucoup de travail.

"Voici le planning des livraisons à domicile à effectuer", montre Christo. "Jusqu’à 20 heures, à part un créneau de libre, tout est déjà complet pour aujourd'hui, explique le jeune employé. Désormais, nous n'entrons plus dans les appartements. Je livre sur le palier en demandant aux clients de garder leurs distances". Même si la machine économique est au ralenti ou à l'arrêt, certaines activités continuent de tourner à plein !

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