Décryptage

Grandes écoles : l'insertion professionnelle des diplômés passe du beau fixe à avis de tempête

Les diplômés 2020 devront être patients pour trouver l'emploi de leurs rêves !
Les diplômés 2020 devront être patients pour trouver l'emploi de leurs rêves ! © Adobe Stock / Creativa Images
Par Etienne Gless, publié le 17 juin 2020
6 min

Les diplômés 2020 des grandes écoles membres de la Conférence des grandes écoles (CGE) échapperont probablement au syndrome de la génération sacrifiée pour cause de Covid-19 mais leur insertion professionnelle sera plus laborieuse. Ils mettront plus de temps avant de trouver un emploi de qualité que la promotion 2019, la dernière à s'insérer très facilement sur le marché du travail.

Futurs diplômés 2020, rassurez-vous ! Sortir d’une grande école facilite encore grandement votre insertion professionnelle même si entrer sur le marché du travail en 2020 et 2021 sera plus compliqué que pour vos aînés ! "Malgré la crise actuelle, les jeunes diplômés 2020 de grandes écoles vont avoir des carrières impressionnantes et très bien réussir leur vie professionnelle", assure Peter Todd, directeur général de HEC Paris et président de la commission aval de la Conférence des grandes écoles (CGE), qui présentait les résultats de l'enquête, publiée le 16 juin 2020.

Des indicateurs toujours très favorables pour la dernière promotion

La dernière brassée de chiffres d’insertion professionnelle de la CGE montre des indicateurs toujours très flatteurs d’insertion dans la vie active de la dernière promotion diplômée en 2019. Même s’ils sont en léger recul par rapport à la promotion diplômée en 2018, ils demeurent très favorables : le taux net d’emploi reste ainsi élevé à 88,1% pour l’ensemble des diplômés des 190 écoles ayant participé à l’enquête réalisée entre janvier et mars 2020.

80% des diplômés 2019 recrutés en moins de 2 mois

Et comme l’année dernière, plus de 8 diplômés en emploi sur 10 ont été recrutés soit avant leur sortie de l’école soit dans les deux mois suivant leur sortie. La part d’emplois en contrat à durée indéterminée (CDI) est supérieure à 80% pour les diplômés d’écoles d’ingénieurs comme d’écoles de management. Elle reste en revanche très inférieure pour les diplômés d’écoles d’autres spécialités (61,9%).

Le salaire brut annuel moyen d’embauche, hors primes en France, est en progression, tant pour les ingénieurs (+1,7%) que pour les managers (+2,4%) et s'établit à 35.714 € (avec primes : 38.833 €).
À noter : la situation des femmes jeunes diplômées ne s'améliore pas par rapport à la promotion 2018. Les femmes sont toujours moins rémunérées que les hommes : 5,9% en 2020 contre 6,1% en 2019. Les inégalités de salaires commencent dès le début de la carrière mais ces indicateurs majoritairement très bons seront probablement orientés à la baisse l'an prochain.

L'emploi pour les diplômés 2020 : une équation à 3 inconnues

La crise économique consécutive à l’épidémie de Covid-19 va donner un coup d’arrêt à plusieurs années favorables à l’insertion des jeunes diplômés de grandes écoles. Si les diplômés 2019 en recherche d’emploi entre fin 2019 et début 2020 ont encore pu bénéficier d’un marché toujours porteur pour les cadres, les diplômés de 2020 qui s’apprêtent à entrer dans la vie active n’auront pas cette chance. Leurs aînés avaient le vent dans le dos, eux l’affrontent de face et en pleine tempête économique. "La situation à laquelle nous allons devoir faire face se caractérise par plusieurs inconnues", analyse Peter Todd : "La durée de la crise, l’ampleur de ses conséquences, et la rapidité de la reprise économique".

Une insertion de qualité plus tardive pour les diplômés 2020

La CGE avait constaté lors de la crise financière de 2008 une augmentation du nombre des nouveaux diplômés en recherche d’emploi 3 à 6 mois après la sortie de l’école. "On peut penser que les tensions sur le marché de l’emploi s’intensifieront dans les prochains mois", prévient Peter Todd.

Pas de quoi basculer non plus dans le pessimisme le plus complet ! "Dans la durée, les diplômés de nos grandes écoles continueront sans doute de se placer dans de bonnes conditions, avec cependant un effet retard de 6 à 18 mois". Bref, pour obtenir un bon emploi en CDI, bien payé et correspondant à vos attentes il vous faudra être très patient et composer avec la conjoncture du marché du travail.

En attendant, les diplômés de grandes écoles bénéficient d'un atout majeur pour traverser la tempête actuelle : la force du réseau des anciens (alumnis) de ces établissements. À exploiter sans modération en période de crise !

Précisions sur la méthodologie de l'enquête :

L'enquête d'insertion 2020 de la CGE a été réalisée entre décembre 2019 et mars 2020 avec l'Ensai (École nationale de la statistique et de l'analyse de l'information) auprès de 190 écoles membres de la Conférence. La collecte de données porte sur 174.500 diplômés et a été réalisée avant l'épidémie de Covid-19 et le confinement du pays. Les diplômés de 137 écoles d'ingénieurs, 38 écoles de management et 15 autres grandes écoles (instituts d'études politiques, écoles de journalisme, de communication, d'architecture, de design…) ont répondu à l'enquête annuelle. 39.208 réponses de diplômés 2019 étaient exploitables.

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