Phoenix CMS Accéder au BO
Reportage

Les coups de pouce de la Cravate Solidaire pour assurer à son entretien d'embauche

Arthur, 21 ans, a demandé de l'aide auprès de l'association la Cravate solidaire pour l'aider à se préparer à des entretiens d'embauche.
Arthur, 21 ans, a demandé de l'aide auprès de l'association la Cravate solidaire pour l'aider à se préparer à des entretiens d'embauche. © Marie Frumholtz
Par Marie Frumholtz, publié le 21 février 2025
1 min

Pour de nombreux jeunes qui arrivent en fin de parcours de réinsertion, la Cravate Solidaire constitue le dernier point d'étape avant de décrocher un emploi. L'association leur fournit des vêtements professionnels et leur permet aussi d'apprendre à se valoriser face aux recruteurs. (Re)prendre confiance en soi est le principal objectif de cet accompagnement gratuit et personnalisé.

Lorsqu'Arthur, 21 ans, a poussé la porte du local de la Cravate Solidaire dans le 13e arrondissement à Paris, en ce froid mercredi après-midi de février, les bénévoles du jour l'ont d'abord invité à partager un café dans un coin salon chaleureux.

Cet ancien étudiant, qui n'a pas terminé sa licence LEA anglais-coréen est venu, avec trois autres jeunes du programme Boost Insertion des Apprentis d'Auteuil destiné aux 16-25 ans, solliciter l'aide de l'association. Après avoir enchaîné les petits boulots, Arthur souhaite en effet trouver un travail dans un domaine qui le passionne : celui des livres et de la littérature classique. Son but, cet après-midi, est de trouver une tenue appropriée et préparer d'éventuels entretiens d'embauche.

Trouver une tenue adaptée au poste

Comme Arthur et ses camarades du jour, "50% des personnes que nous accompagnons ont moins de 26 ans et 90% d'entre elles nous sont envoyées par des associations partenaires, souvent spécialisées dans l'orientation et l'insertion. Nous, on arrive en bout de chaîne", explique Nicolas Gradziel, un des membres fondateurs de la Cravate Solidaire.

Pour ceux qui choisissent de contacter directement la Cravate Solidaire pour être accompagnés, la "priorité est donnée aux personnes ayant déjà un entretien d'embauche prévu".

La première étape pour Arthur consiste en un 'coaching image' délivré par Clotilde et Stéphanie, deux bénévoles de l'association. La première a un parcours de juriste d'entreprise, quand la seconde a longtemps travaillé pour des hôtels de luxe. Le duo l'interroge sur le milieu professionnel qu'il vise, ainsi que ses goûts, afin "d'adapter le formalisme de la tenue et l'aider à entrer dans la posture", précise Clotilde.

Arthur souhaiterait travailler dans une librairie ou une bibliothèque. Les deux coachs partent donc en chasse d'une tenue "pas trop formelle" parmi une dizaine de portants pleins de pantalons, chemises, blazers ou encore foulards issus de collectes de dons.

13.000 personnes accompagnées en 2024

"Nous avons créé la Cravate Solidaire il y a 13 ans, avec deux amis, en partant du constat que la principale discrimination à l'embauche se fait sur l'apparence physique. Une tenue appropriée permet à un employeur de se projeter plus facilement dans le profil qu'il reçoit", poursuit Nicolas Gradziel. Aujourd'hui, l’association est implantée dans 14 villes partout en France et a permis l'an dernier à 13.000 personnes de participer comme Arthur à ses ateliers "coups de pouce".

De son côté, le jeune homme enchaîne les essayages et s'excuse plusieurs fois pour les vêtements qui ne lui vont pas. "Ne sois pas désolé, on est là pour ça", le rassure Stéphanie. Et finalement, au bout de trois quarts d'heure, les deux coachs lâchent un "pas mal, pas mal", devant un Arthur qui a troqué son t-shirt noir et son jean gris pour une chemise bleu clair, un pantalon et une veste noirs.

Pour les chaussures, il suffira de passer un coup de cirage sur celles qu'il a déjà. "Le code chez les hommes est de ne fermer que le premier bouton de la veste, mais tu peux très bien la porter ouverte", lui glisse Clothilde.

Un entretien blanc avec de faux RH

À peine le temps de souffler, qu'Arthur doit enchaîner sur un entretien avec Pascale, retraitée du secteur bancaire, et Rodolphe, ancien DRH dans la fonction publique. Tous deux sont bénévoles à la Cravate Solidaire depuis plusieurs années. Ils passent d'abord son CV au crible, notant certaines incohérences avec le projet professionnel qu'il leur a exposé.

Arthur leur explique qu'il compte se rendre directement dans les librairies et les bibliothèques près de chez lui pour se présenter. "C'est une bonne stratégie, mais ils auront peu de temps à vous accorder, il faut que vous ayez une bonne accroche", affirme Pascale.

Pour Rodolphe, il s'agit surtout d'un "métier passion", donc pour convaincre les employeurs, il faut pouvoir parler de littérature. Les deux bénévoles lui délivrent toute une série de conseils pour mettre en avant ses goûts, comme être capable de parler du dernier livre qu'on a aimé, ainsi qu'une liste d'émissions littéraires à consulter.

Une journée de prise de confiance

Dernière étape du jour pour Arthur : le portrait photo en tenue professionnelle pour son CV. "Souris un peu plus, baisse un peu le menton", le guide Karina, en service civique à la Cravate Solidaire. "Waouh !", s'exclame le jeune homme devant le résultat. "Franchement, t'es grave photogénique !", lui assure Karina.

S'il le souhaite, Arthur pourra par la suite solliciter des ateliers en visioconférence pour approfondir son accompagnement. Mais pour le moment, il retrouve ses comparses des Apprentis d'Auteuil, tous avec leur tenue professionnelle, plus souriants et confiants que jamais.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !