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Les salaires des jeunes diplômés de grandes écoles redécollent

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Le salaire des jeunes diplômés des grandes écoles repart à la hausse, mais les jeunes femmes sont à la traine © Feodora / Adobe Stock
Par Etienne Gless, publié le 15 juin 2022
6 min

Selon la dernière enquête d'insertion de la Conférence des grandes écoles (CGE), les salaires des diplômés de grandes écoles entrés sur le marché du travail en 2021 ont retrouvé et souvent dépassé leur niveau d'avant la crise. Et la majorité des jeunes diplômés occupant un poste avec une dimension sociétale et environnementale s'estiment bien formés par leur grande école.

Effacés les stigmates de la crise du Covid-19 qui avait, l'an dernier, affecté l'insertion professionnelle des jeunes diplômés ? Pour les étudiants de grandes écoles, la réponse semble être positive, au vu des indicateurs tous en hausse de la dernière enquête d'insertion de la Conférence des grandes écoles (CGE) réalisée avec l'ENSAI et publiée le 15 juin. "Nos écoles offrent des diplômes qui sont de vrais outils de résilience et cela se confirme encore cette année", se réjouit Laurent Champaney, président de la CGE.

Près de 9 diplômés de grandes écoles sur 10 en emploi

Le taux de jeunes diplômés en emploi ? Au plus haut ! 89,6% des diplômés sont en emploi moins de six mois après l'obtention de leur diplôme, un taux net d'emploi en hausse de 10,7 points sur un an après une chute de 9% pour la promo précédente.

Par ailleurs, 94,7% des jeunes diplômés 2021 ont mis moins de quatre mois pour trouver leur premier emploi. Parmi eux, 83,6% ont trouvé leur emploi en moins de deux mois et près des deux tiers des étudiants (63,6% ont même signé leur contrat avant l'obtention de leur diplôme) ! Seuls 8,7% sont toujours en recherche d'emploi.

Des salaires concentrés entre 30.000 et 38.000 euros bruts par an, en hausse de +3%

Le salaire moyen d'embauche d'un diplômé de grande école en 2021 ressort à 36.551 contre 35.461 euros un an plus tôt soit une hausse de plus de 3%. "On a retrouvé la croissance des salaires d'avant crise", se réjouit Nicolas Glady, président de la commission Aval de la CGE. Près de 70% des jeunes diplômés (69,3%) de grandes écoles en 2021 entrés sur le marché du travail touchent en fait une rémunération brute annuelle comprise entre 30.000 et 38.000 euros.

Mais cette hausse globale des salaires doit être relativisée : "Elle intervient dans un contexte de relance économique très favorable à l’emploi des cadres - les jeunes diplômés en particulier - et de retour de l'inflation", relève aussi Nicolas Glady.

Aux deux extrêmes, certains jeunes diplômés trouvent à s'employer en tout début de carrière à plus de 50.000 euros bruts par an : il s'agit le plus souvent de diplômés d'écoles de commerce (8% d'entre eux contre seulement 2% des ingénieurs) et d'hommes (4,9% des diplômés contre 3,1% de femmes). Et tout en bas de l'échelle des salaires, 3,7% des diplômés empochent moins de 25.000 euros, et même 5,5% de jeunes femmes diplômées. D'une manière générale les inégalités de salaire selon le genre demeurent cette année encore.

Près d'un diplômé sur quatre occupe un poste avec une dimension RSE

Nouveauté de l'enquête d'insertion 2022, la question de la responsabilité sociale et environnementale des postes occupés par les jeunes diplômés de grandes écoles. "Nos écoles mettent en place des formations aux enjeux de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), explique Nicolas Glady. Mais sommes nous à la hauteur ? Nous avons posé la question".

Près d'un quart des diplômés (23,4%) déclare occuper un poste comprenant une dimension RSE avec pour 84% d'entre eux un enjeu en matière d'environnement. Ils sont plus nombreux chez les diplômés des écoles de commerce où un diplômé sur trois (33%) a une mission RSE dans sa fiche de poste. Ils ne sont que 18% du côté des écoles d'ingénieurs.

Des diplômés satisfaits de leur formation sur les enjeux sociétaux et environnementaux

Deux tiers des diplômés (63,3%) occupant un poste avec une dimension RSE déclarent avoir acquis au cours de leur formation des compétences RSE utiles pour occuper leur poste. "Ces chiffres sont certes à améliorer mais sont déjà significativement intéressants, commente Nicolas Glady. Mais il nous reste un tiers de chemin à parcourir".

Une donnée qui rassure les directeurs des grandes écoles à l'heure où des diplômés d'écoles comme AgroParisTech ou HEC Paris ont récemment remis en cause leur formation lors des cérémonies de diplomation, estimant qu'elle les conduisait à des métiers responsables du désastre écologique actuel. "Au-delà des prises de parole très médiatisées de nos diplômés pour remettre en cause leur formation, une majorité de diplômés interrogés s'estiment préparés à ces enjeux", estime ainsi Denis Guibard, directeur de l’Institut Mines télécom business school.

Attention cependant à ne pas mépriser pour autant ces prises de parole jugées par certains "anecdotiques" et qui préfèrent leur opposer la froideur des statistiques. Il serait dommage que les talents formés à ces problématiques refusent d'apporter leur pierre alors que déjà des projets dans la transition écologique ou énergétique sont ralentis ou stoppés faute de compétences pour les mener à bien.

Méthodologie de l'enquête insertion de la CGE
Les 194 grandes écoles membres de la CGE ont participé à l’enquête insertion 2022 : 138 écoles d'ingénieurs, 37 écoles de commerce et 17 écoles d'autres spécialités. Près de 187.000 diplômés ont été interrogés, toutes promotions confondues (2021, 2020 et 2019). En tout, 97.171 questionnaires étaient exploitables début avril.

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