Interview

"Dans la banque et les assurances, mieux vaut débuter comme commercial, quitte à évoluer vers le marketing ou la communication"

Par Yaël Didi, publié le 20 janvier 2009
1 min

Louis Guastavino est directeur de la division banque & assurance chez Page Personnel (cabinet de recrutement). Il fait le point pour nous sur l’état du marché dans ces secteurs et vous conseille pour votre candidature.

La crise a-t-elle anéanti tout espoir d’embauche pour les jeunes diplômés dans le secteur de la banque et de l’assurance ?
 
Dès septembre 2008, elle a eu un impact évident sur les recrutements dans ces deux secteurs. Il y a moins de turn-over, car les personnes en poste sont plus frileuses que d’habitude. Et le volume d’annonces sur l’ensemble des postes s’est indéniablement réduit.

Aucune fonction n’est épargnée ?
 
Si, les fonctions commerciales, y compris dans les banques de détails. Mais pas partout : les jeunes peuvent encore trouver un premier poste, mais plutôt dans les grandes agglomérations comme Paris, Marseille, Lyon ou encore Bordeaux. Certaines régions en revanche, comme le Centre, l’Auvergne, l’Alsace-Lorraine ou le Sud Ouest, sont plus sinistrées en la matière. Il faut donc être prêt à faire quelques kilomètres ou à déménager. Côté assurances, ce sont les actuaires qui ont de l’avenir. A peine diplômés, ils reçoivent plusieurs propositions en CDI (contrat à durée indéterminée). Et les salaires d’embauche sont plutôt bons : au moins 40.000 € brut annuels pour les débutants.

Et pour les fonctions les plus touchées à court terme ?
 
Les fonctions "support" ou dites "de siège" (audit, gestion, comptabilité). Les recrutements se font désormais surtout en interne. Côté communication et marketing : il y a eu quelques recrutements en 2007 et début 2008, mais depuis juin dernier, il n’y a quasiment plus d’annonces. Pour ceux qui veulent occuper ce type de postes, je leur conseille vraiment de commencer par intégrer le secteur comme commercial pour ensuite évoluer en interne. Le discours : "du marketing, sinon rien" ne fonctionne pas.

Les futurs commerciaux du secteur doivent-ils s’attendre à plus de pression ?
 
Pas tellement. Ce qui est surtout attendu d’eux c’est moins de gagner des prospects que de ne pas perdre des clients. Dans la banque de détails notamment, ils ne font pas tant de terrain ni de prospection et ils héritent souvent d’un portefeuille existant à maintenir. On leur demandera surtout de travailler sur la fidélisation.

Quel niveau de formation est exigé ?
 
Souvent, comme au Crédit Agricole, les banques recrutent tous niveaux confondus sur le même poste de "chargé d’accueil". Mais les plus diplômés y resteront moins longtemps. Ils vont évoluer plus vite, par exemple vers des postes de managers. Il faut aussi penser à la voie de l’apprentissage : les postes à pourvoir en alternance, du niveau bac +2 à bac + 4, sont nombreux, avec souvent des opportunités de CDI à la clé, notamment sur des fonctions de "chargé d’accueil" ou de "conseiller de particuliers". Il faut y penser !

Comment un jeune diplômé peut-il s’informer sur les opportunités dans le secteur ?

D’abord, consulter les sites Internet des établissements. Ensuite, effectuer une veille sur les petites annonces, notamment dans la presse gratuite (20minutes par exemple) ou dans les quotidiens (tous les lundis dans Le Figaro notamment). Les grands groupes passent rarement par les cabinets de recrutement pour trouver des jeunes diplômés avec peu d’expérience. Ils organisent en revanche souvent des opérations marketing (comme les "Rencontres Emploi" de la Société Générale au Stade de France en septembre) quand elles prévoient un gros volume d’embauches. Et puis il y a les grands salons, comme en octobre, celui de Topfi à La Défense. Les plus grandes enseignes y sont présentes et recherchent des commerciaux du BTS ou bac + 5.

Quelles sont les grandes étapes d’un recrutement dans le secteur pour un jeune diplômé ?
 
De manière assez classique, le premier tri se fait sur le CV et la lettre de motivation. Le premier entretien se déroule généralement avec les ressources humaines. S’il est concluant, les candidats doivent s’attendre à passer encore de deux à sept entretiens (selon qu’il s’agit d’un poste de commercial ou d’une fonction plus stratégique, comme l’audit interne) avec des opérationnels.

Côté salaires, à quoi s’attendre pour un premier poste ?
 
Les jeunes diplômés ne sont pas vraiment en position de force pour négocier, mais il ne faut pas se brader pour autant. Côté commerciaux, dans les assurances, le fixe n’est pas très élevé (certains sont même au SMIC), mais les variables sont conséquentes. Elles peuvent aller jusqu’à plus de 20.000 €. Dans la banque, on peut espérer un fixe de 25.000 € (marché des particuliers) à 33.000 € (marché des entreprises), avec une variable d’environ 20 %.

Pour les fonctions "de siège", on démarre en général moins bien. Mais les "à-côtés" ne sont pas négligeables : une mutuelle, un comité d’entreprise, de l’intérêt et de la participation (souvent plusieurs milliers d’euros dans les grands groupes), de nombreux congés (six à sept semaines) et RTT (15 à 25) et une certaine sécurité de l’emploi. Même si cela est moins vrai qu’il y a trente ans, ce n’est pas dans la culture bancaire de renvoyer les salariés. Même un commercial ne se fera pas licencier s’il a de mauvais résultats. Il faudrait vraiment qu’il commette une faute lourde (faux papiers, transferts litigieux, etc.).

Peut encore faire carrière dans le secteur ?
 
Oui, car on change souvent de poste. Et c’est d’ailleurs la politique des établissements vis-à-vis des jeunes diplômés : ils sont recrutés sur des fonctions commerciales, sont formés sur les produits pendant trois ou quatre ans, puis évoluent vers des fonctions de siège (marketing et ressources humaines par exemple), ou vers des postes de managers de commerciaux. En général, si l’on passe le cap des deux ans, on est pratiquement sûr de rester une bonne partie de sa vie professionnelle dans le secteur. 

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