Coaching

Entretien d'embauche : le jour J, soyez prêt !

Oral
On estime que plus de 70 % du message que vous faites passer tient à votre attitude et non à vos mots : souriez et tenez-vous droit. © plainpicture/Cavan Images/Jonathan Chapman
Par Dominique Perez, publié le 16 septembre 2016
1 min

Vous maîtrisez votre argumentaire, vous vous êtes renseigné sur l'entreprise où vous avez rendez-vous… Reste à bien négocier l'épreuve de l'entretien. Les recommandations de Dominique Perez, spécialiste du recrutement, extraites de son “Guide du CV, de la lettre de motivation et de l'entretien d'embauche”.

Avant le rendez-vous, gérez votre stress

Mains moites, respiration bloquée, tremblements… Vous êtes du genre stressé, vous souhaitez vraiment obtenir ce poste et risquez de perdre vos moyens ? Si c'est parce que vous avez déjà eu de mauvaises expériences, un seul conseil : n'y pensez plus ! “Dès le matin de l'entretien, il faut vous forcer à évacuer toute mauvaise pensée qui vous vient à l'esprit et qui vous ramène illico à des expériences récentes malheureuses avec des recruteurs, des entreprises ou des administrations, conseille Laurent Hyzy, chasseur de têtes (auteur du blog “Le recrutement tout simplement”). Ça ne veut pas dire que ces situations sont sans importance ou qu'il vous faut les oublier ; ça veut juste dire que ce n'est pas du tout le moment de ressasser le passé. Vous éviterez ainsi de démarrer votre entretien avec les ‘casseroles’ de vos précédents entretiens infructueux.”

Respirez à fond, concentrez-vous à 200 % sur l'entretien qui va venir ou choisissez au contraire de ne pas y penser du tout. Pensez à d'autres situations dans votre vie où vous avez aussi été très stressé et où vous avez réussi. Tous les moyens sont bons pour vous changer les idées : appeler un ami, lire un magazine ou un roman, écouter la radio ou de la musique, etc. Bref, utilisez toutes les combines que vous connaissez pour démarrer de la façon la plus décontractée et favorable possible.

Les différentes phases de l'entretien

80/20 : c'est la règle d'un bon entretien. C'est-à-dire 80 % de temps de parole pour le candidat, 20 % pour le recruteur. C'est plutôt rassurant : cela signifie que vous avez le temps d'exposer vos motivations et de décrire vos expériences et compétences, mais aussi de poser des questions et de recevoir des informations en retour. Mais l'entretien peut prendre une tournure fort différente en fonction du caractère plus ou moins aguerri de votre interlocuteur. L'alternance des phases de questions-réponses peut ainsi fortement varier.

Recruteurs professionnels et occasionnels mènent-ils les entretiens de la même façon ?

Certains ont une grille d'entretien très précise, de peur d'oublier une question. D'autres vont y aller plutôt “au feeling”, rebondissant sur l'une de vos phrases ou vous laissant presque mener l'entretien, ce qui n'est pas beaucoup plus simple. La manière de conduire un entretien d'embauche diffère selon le statut de votre interlocuteur (recruteur professionnel ou occasionnel, entreprise ou cabinet) et sa personnalité. À vous de vous adapter.

Le professionnel du recrutement laisse plus volontiers le candidat s'exprimer, il sait jouer avec les questions ouvertes et les questions fermées. Étant lui-même souvent moins stressé, il peut vous aider à faire baisser la tension. Mais rompu à l'exercice de l'entretien, il est aussi peu enclin à se laisser bercer par un discours bien présenté mais un peu creux. S'il vous laisse de la latitude pour répondre à ses questions, n'en profitez pas pour diverger et raconter votre vie.

Le recruteur occasionnel ou débutant aime se rassurer avec une liste de questions extrêmement précises pour être certain de ne rien oublier. Évitez de répondre par un simple “oui” ou “non”, même s'il s'agit de questions fermées. Tâchez d'introduire les éléments essentiels de votre parcours en tentant de prévenir les demandes qu'un non-professionnel du recrutement ne sait pas toujours très bien formuler. Ce type d'interlocuteur peut parfois être moins au fait des questions qui peuvent être jugées discriminantes, notamment en ce qui concerne votre situation personnelle (célibat, enfants...). Si ce n'est pas trop intrusif ou agressif, répondez sans entrer dans les détails.

Le début d'un entretien est presque toujours perturbant. Cependant, dites-vous que placer le candidat dans une situation de stress n'est, contrairement aux années 1980, plus vraiment de mise. Ce n'est en effet pas reconnu comme une bonne méthode pour découvrir sa personnalité ou ses compétences : “Un candidat stressé se détend en principe au bout de cinq à quinze minutes. C'est alors seulement qu'il va se dévoiler et que nous allons vraiment faire sa connaissance”, explique une consultante.

Les premières minutes : le “reniflage”

Pour qualifier le début d'une rencontre, on utilise souvent un terme emprunté au répertoire animal : le “reniflage”. C'est un moment important où on va commencer à juger l'autre, à le tester. Si le recruteur est plutôt empathique et qu'il souhaite a priori vous mettre à l'aise, il va commencer l'entretien sur le mode “je m'intéresse à vous” : “Avez-vous eu des difficultés pour trouver l'adresse ?”, “Combien de temps de transport avez-vous eu ?”. Entre le véritable intérêt et le test, il n'y a parfois qu'un pas, attention à vos réponses, l'entretien a commencé. Ne vous lancez pas, par exemple, dans une longue explication sur le nombre de correspondances si vous êtes venu en transports en commun, la difficulté que vous avez eue à vous garer (sauf peut-être si vous êtes arrivé en retard) ou encore les chemins de traverse que vous avez pris pour éviter les bouchons. Un laconique et souriant “J'ai trouvé sans problème, je vous remercie” pourra certainement suffire.

Cependant, si vous avez affaire à un vrai empathique, cette phase peut durer beaucoup plus longtemps : il peut aussi vous faire part de son expérience personnelle, vous dire qu'“heureusement, il y a un parking, auquel tous les salariés ont accès, vous verrez si nous poursuivons ensemble”…

Dans tous les cas, et y compris si le recruteur n'a pas l'air très à l'aise, vous pouvez entrer dans le jeu en repérant un élément personnel dans le bureau et en prendre prétexte pour poser vous-même une question : “J'ai une photo de bateau, explique par exemple Étienne Daugny, dirigeant du cabinet d'outplacement et de ressources humaines Transitions Carrières. Cela donne souvent lieu à des phases de ‘reniflage’ extrêmement sympathiques. Si le recruteur est réservé, c'est au candidat de le placer en empathie, à l'instar de ce qui se produit lorsque l'on reçoit des personnes dans son salon.” Cependant, si vous constatez que, décidément, votre vis-à-vis ne se déride pas, n'insistez pas.

La présentation du poste

Cette rencontre doit être interactive : un candidat n'est pas celui qui, passivement, va se laisser ausculter par un recruteur curieux. Il a aussi tout intérêt à rester à l'affût des informations qu'il peut collecter sur l'entreprise et le poste visé pendant cet échange. Au début de l'entretien, il n'est pas rare que le recruteur présente à nouveau le poste, surtout si le candidat a été “chassé”. C'est le moment de prendre des notes pour éventuellement poser des questions à la fin de l'entretien. Vous devez être prêt vous aussi à “rebondir” sur les propos du recruteur. Ces questions concernent l'entreprise, le poste à pourvoir, le marketing, les objectifs… Elles ne s'improvisent pas et peuvent demander quelques heures, voire quelques jours de recherche. Même si, au final, quatre à cinq questions pertinentes peuvent suffire.

Cependant, il arrive également que le recruteur demande au candidat de se présenter d'emblée.

Parler de soi

Une fois que vous avez posé des questions préliminaires sur le poste, c'est à votre tour de vous livrer… “C'est quand il a compris que sa candidature répond bien aux critères du poste que le candidat commence à parler de lui, conseille Étienne Daugny, qu'il argumente sur ses propres compétences en phase avec le besoin de l'entreprise. Peut-être au bout des deux tiers de l'entretien seulement. Le problème (ou le paradoxe) du candidat est qu'il veut bien souvent se vendre tout de suite. Or c'est la pire manière de procéder.”

Savoir conclure

Un entretien doit durer au minimum vingt minutes, même si d'un côté et de l'autre on sent bien que l'histoire n'aura pas de suite parce que le profil ne correspond pas. Mais bien finir l'entretien est, dans tous les cas, fondamental. De son côté, le recruteur demande en général au candidat s'il a encore des questions à poser. D'une manière générale, il s'engage rarement sur la suite de façon ferme, ne serait-ce que parce qu'il est rarement le seul à décider, sauf dans les très petites entreprises. Cependant, si votre candidature l'intéresse, il peut vous indiquer que la procédure va continuer. “C'est le pacte vers l'étape suivante”, explique Étienne Daugny.

À ce moment, le candidat peut avancer : “J'ai bien noté que je pouvais rencontrer votre DRH, que vous allez le prévenir, et que je peux l'appeler lundi prochain.” Votre interlocuteur ne peut alors pas dire non. En termes commerciaux, cela s'appelle un “feu vert”.

Apprenez à reformuler

Prendre le temps de réfléchir aux réponses que vous allez poser est fondamental. Vous ne devez jamais, même s'il vous faut quelque peu forcer votre nature, répondre du tac au tac, au risque de laisser passer des émotions trop fortes, ou sembler vous justifier un peu trop vite par rapport à une question du recruteur qui n'était pas forcément “piège” au départ. Il importe de bien savoir reformuler les propos de votre interlocuteur afin de les valider et être sûr d'avoir compris et été compris.

Tout comme vous devez savoir détecter quand le recruteur cherche à utiliser lui aussi la reformulation pour valider vos dires, en positif ou en négatif. Vous ne pourrez pas faire autrement que de répondre “oui”, mais c'est aussi une façon d'évaluer vos chances ou non d'obtenir le poste.

Exemples de reformulations par le recruteur

• Vous avez déclaré pendant l'entretien souhaiter travailler dans une équipe restreinte : “Vous avez bien compris que le poste se situe au siège de l'entreprise, dans un open-space de 300 salariés ?”

• Votre niveau d'anglais est “scolaire” : “Dans ce poste, vous aurez des contacts quotidiens avec notre filiale londonienne, j'ai été assez clair sur le sujet ?”

• Vous avez émis le souhait de travailler avec une clientèle de grandes entreprises : “Le poste pour lequel nous recrutons aujourd'hui se situe à la direction de clientèle ‘particuliers’, en gestion de patrimoine. Je vous ai bien présenté le poste ?”

Derrière ces reformulations, le recruteur veut vous signifier que votre profil et vos envies professionnelles ne correspondent pas aux critères qui sont pourtant essentiels pour le poste, et donc non négociables.

Choissez bien vos mots

Attention à l'utilisation de la négation quand vous présentez une expérience qui ne s'est pas bien déroulée. Employez, autant que possible, des termes positifs. Par exemple, au lieu de “je n'ai pas bénéficié des moyens nécessaires pour mener à bien ce projet”, préférez “ce projet aurait pu bénéficier de davantage de moyens pour être mené à bien”. Double avantage : vous n'accusez personne frontalement et ne vous mettez pas au centre de l'échec.

À l'inverse, quand vous devez présenter une expérience qui s'est bien déroulée, utilisez le “nous” plutôt que le “je” : “Nous avons eu ces résultats…” Au recruteur ensuite de creuser pour connaître votre part de responsabilité dans cette réussite, mais vous évitez de paraître pédant.

Attention aux mots qui alourdissent le propos et peuvent agacer, comme certains tics de langage. Certains d'entre eux sont très courants, comme le fait de placer “un peu” ou “un petit peu” quand vous décrivez une expérience : “Je vais vous expliquer un petit peu ce que je faisais dans cette entreprise.” Cela minimise d'emblée votre implication.

Votre corps aussi parle

Pour faciliter la communication, veillez à ne pas envahir l'espace du recruteur pendant l'entretien et, à l'inverse, à ne pas apparaître trop en retrait. On estime que plus de 70 % de la communication, de ce que vous faites passer comme message, est “non verbal”. À vous d'en prendre conscience et, au besoin, de détecter chez votre interlocuteur les moments où il est particulièrement attentif ou, au contraire, est en train de décrocher.

Premier conseil : ne tentez pas de remplir l'espace à tout prix, prenez le temps de respirer, de réfléchir avant de répondre à une question. L'idée n'est pas de vous précipiter pour donner le maximum d'informations possible en un minimum de temps, mais de donner les bonnes informations.

Trop stressé par la peur du vide, vous risquez de voir l'attention du recruteur diminuer, voire l'anéantir. Son air absent ne signifie pas qu'il ne vous observe pas, mais éventuellement qu'il n'est plus attentif à vos propos. “Je n'écoutais pas ce qu'il me disait pendant les premières minutes, reconnaît un consultant après un entretien passé avec un candidat très nerveux. Je préfère parfois me concentrer sur l'observation de la manière d'être du candidat, le laisser ‘partir’ dans sa présentation sans le guider.”

Tenez-vous juste droit sur votre chaise, sans trop avancer le haut du corps ou vous appuyer sur le bureau, ce qui peut être perçu comme une forme d'intrusion dans la zone d'intimité du recruteur. À l'inverse, si vous vous enfoncez loin sur votre siège, vous donnez l'impression de fuir le dialogue.

Attention aux petits gestes signifiants. Si vous malmenez votre stylo, tournez dans tous les sens votre bloc de papier, repositionnez sans arrêt votre col de chemise ou encore faites semblant de vous savonner les mains, vous donnez inévitablement l'impression d'être gêné. Essayez de combattre vos tics corporels lors de l'entretien, comme celui de bouger convulsivement le pied droit, ce qui traduit un grand embarras. Veillez également à ne pas trop vous caresser la joue, le menton, un bijou, ce qui induit que vous avez besoin de vous rassurer.

“Vous demandez à un candidat s'il peut bien commencer à travailler dans l'entreprise le 10 octobre. Il se recule sur son siège en refermant les bras. Vous pouvez être sûr qu'il ne viendra pas”, estime Chantal Ravel, formatrice chez Docendi.

Tous les recruteurs ne sont pas de fervents adeptes de la programmation neuro-linguistique et ne décryptent pas toujours de façon consciente les signes de nervosité envoyés par le candidat. Mais dans tous les cas, même inconsciemment, le stress est plutôt perçu négativement.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
Le Guide du CV, de la lettre de motivation et de l'entretien d'embauche”,
par Dominique Perez, spécialiste du recrutement.

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