Décryptage

La lettre de motivation est-elle encore utile ?

Rédaction d'une lettre de motivation sur ordinateur
Si vous rédigez une lettre de motivation sur ordinateur, attention aux copier-coller vides de sens. © PlainPicture
Par Sarah Hamdi, Étienne Gless, publié le 27 mai 2016
1 min

La lettre est parfois tellement stéréotypée que certains recruteurs préfèrent l’ignorer. Est-elle vouée à disparaître ? Conseils pour lui garder toute sa place à côté du CV.

Selon Jean-Christophe Anna, fondateur de #rmstouch, société spécialisée en recrutement mobile et social, “la lettre de motivation ne sert à rien” ! Cet ancien chasseur de têtes – qui, pour sa part, n'a jamais lu une lettre de motivation – signale que la plupart des candidats s'arrachent les cheveux sur le contenu de leur lettre et consacrent finalement beaucoup moins de temps à leur curriculum. “La première étape du process de recrutement est bien ‘le tri de CV’ et non ‘le tri de lettres de motivation’ !” s'exclame-t-il. Et “quand un recruteur écrème les bases de CV, il y cherche quoi ? Des lettres de motivation ?” martèle-t-il sur le site #rmsnews, conçu pour “faire bouger les lignes” en matière de méthodes de recrutement.

Assurez le service minimum

Voilà de quoi vous décomplexer ! Si on ne vous demande pas de lettre de motivation, particulièrement pour les candidatures spontanées, n'en écrivez pas. Surtout si vous butez sur l'orthographe et la conjugaison. Un passé simple mal maîtrisé pourrait faire atterrir votre candidature sur la mauvaise pile. De même, une lettre de motivation non personnalisée n'aura pas l'impact escompté. Remplacer le nom d'une entreprise par une autre sans rien changer au texte est une faute de goût que les recruteurs digèrent mal.


Zapper la lettre de motivation ne vous exonère pas, cependant, de l'envoi d'un mot d’accompagnement avec votre CV. Pour cela, soyez concis, allez à l’essentiel. Résumez l’essentiel du message à faire passer : l’objet de l’envoi (recherche d’emploi, de stage, réponse à une annonce), vos disponibilités (tout en restant flexible), votre statut actuel (étudiant, salarié, en CDD, en CDI) ainsi que votre formation et votre expérience en phase avec les besoins de l’entreprise.

Cela pourrait donner :
"Étudiant(e) en dernière année de master X, je suis actuellement à la recherche d’un stage conventionné de fin d’études d’une durée de quatre mois (de préférence entre les mois d'avril et de juillet). Ayant déjà effectué deux stages en marketing chez X et Y, j’aimerais rejoindre votre entreprise. Je suis rapidement opérationnel(le) sur des missions de X. Je vous laisse découvrir plus en détail mon CV."

Deux ou trois phrases relues et IM-PÉ-RA-TI-VE-MENT corrigées suffisent. Laisser passer une faute dans une lettre d’une page, ça ne passe déjà pas, alors dans un courrier de trois lignes, c’est rédhibitoire !

Accrochez le lecteur

Ce service minimum ne vous interdit pas, de temps à autre, de rédiger une lettre pour un poste ou une entreprise qui vous attire vraiment. Soit de manière spontanée, soit parce qu’on l’exige de vous, dans une annonce ou après un premier contact sur un salon, par exemple. Votre enthousiasme devrait vous aider à écrire, cette fois, une lettre qui se distingue de celles des autres candidats.

Tout commence avec une accroche dynamique. Comme pour un entretien, où les trois premières minutes permettent de faire bonne impression, c'est sur les trois premières phrases que le recruteur se forgera une opinion.

Entrez immédiatement dans le vif du sujet :
"Je vous écris – (avec "s" et non un "t" à la fin bien sûr !) – de la part de M. X, responsable du service achats, qui m’a parlé d’un poste à pourvoir..."

ou

"J’ai eu l’occasion de rencontrer votre équipe sur le salon et, depuis, je me suis renseigné(e) sur vos projets de développement. Ceux-ci correspondent à...".

Proposez vos services

Il faut montrer que vous lisez l’actualité, que vous êtes au courant de la dernière campagne de communication de l’entreprise ou de sa politique de recrutement auprès des jeunes diplômés. Et affirmer, avec enthousiasme, votre intérêt pour ses produits, pour ses valeurs, sans pour autant flatter votre interlocuteur. L’idée est de créer un lien entre vous et cette entreprise qui ne vous attend pas particulièrement. Mettez en avant votre sincérité si vous voulez “marquer” le recruteur. De toute façon, qu’avez-vous à perdre ?
Une fois votre lecteur “captivé”, ne le laissez pas sur sa faim. Proposez-lui vos services. Il ne va pas décider à votre place de votre avenir professionnel. Sollicitez un poste précis ou une mission particulière. Évitez les “restant ouvert à toute proposition” ou “disponible pour tous types de mission”, etc. 

  Lettre de motivation manuscriteLettre de motivation manuscrite // © L'Etudiant

Ciblez votre discours

Montrez ensuite en quoi vous êtes le candidat idéal pour cette offre (précisez vos compétences, vos résultats), sachant que, selon votre interlocuteur, vous ne vous présenterez pas de la même manière. Si vous écrivez à une direction des ressources humaines, le recruteur aura une vision à plus long terme qu’un opérationnel. Il va s’interroger sur vos facultés d’intégration et votre potentiel d’évolution : autant de points qu’il faudra évoquer afin de le rassurer. Le choix de l’entreprise est aussi un facteur important pour une direction des ressources humaines. L’opérationnel se demande, quant à lui, immédiatement s’il pourra travailler à vos côtés toute la journée : ne laissez pas de doutes sur votre personnalité et votre expertise technique. Vos résultats sont également susceptibles de le séduire.
  
La conclusion de votre lettre de motivation devra aller de pair avec l’accroche en proposant, par exemple, de reprendre contact (attention au maniement du futur et du conditionnel !) : 
 
"Je me permettrai de vous contacter prochainement pour convenir d’un rendez-vous"

ou

"J’aimerais pouvoir compléter cette description de vive voix et surtout répondre à vos questions lors d’un entretien".

Prenez les devants

Cette proposition ne doit pas rester lettre morte ! La valeur ajoutée de votre candidature sera la relance téléphonique. Il arrive que la direction des ressources humaines mette de côté deux ou trois profils qui l’intéressent, tout en négligeant de rappeler immédiatement les candidats. Si vous êtes l’un de ceux-là et que vous prenez les devants, il se pourrait très bien que vous soyez le premier servi ! Et même si l’on vous répond par la négative, vous pourrez peut-être récolter des informations sur un recrutement à plus longue échéance.

Cette démarche de relance implique d’avoir personnalisé votre envoi. Que ce soit avec ou sans lettre de motivation, par mail ou par courrier, une candidature n’est pas une bouteille à la mer, elle doit être adressée à une personne dans l’entreprise. Pas d’impasse possible cette fois. 

Soignez votre prose

C’est surtout la fluidité du discours qui donne envie, ou non, de rencontrer l’auteur de la lettre de candidature. Faites des phrases simples qui vont à l’essentiel (évitez les “qui”, “que”, “de surcroît”, “en effet”, etc.). Choisissez bien aussi le vocabulaire (verbes d’action, adjectifs précis). Certaines lettres ne contiennent que des termes positifs et convaincants, d’autres laissent en permanence le lecteur dans le flou. N’écrivez pas “je pense avoir toutes les qualités pour réussir à ce poste”, mais plutôt “je détiens toutes les qualités pour réussir à ce poste”.

Une fois le brouillon achevé, relisez-vous à voix haute, plusieurs fois, en articulant bien, afin d’entendre “la musicalité” de votre message. Corrigez un mot ici ou là, raccourcissez encore (un slogan, c’est bref et efficace !). Faites relire le texte définitif par au moins trois personnes et méfiez-vous des correcteurs automatiques : ils ne détectent pas toutes les erreurs.

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