Témoignage

Droit de la concurrence : une activité qui s’internationalise

Liliana Eskenazi, collaboratrice senior chez ALLEN & OVERY LLP // © DR
Liliana Eskenazi, collaboratrice senior chez ALLEN & OVERY LLP // © DR ©
publié le 10 janvier 2014
4 min

Se spécialiser dans cette discipline du droit – qui agit par exemple pour sanctionner les ententes et abus de position dominante, ou pour contrôler les concentrations entre entreprises – nécessite désormais de savoir pratiquer hors du simple cadre européen. Explications avec Liliana Eskenazi, collaboratrice senior chez ALLEN & OVERY LLP.

Liliana Eskenazi est collaboratrice senior chez ALLEN & OVERY LLP. Titulaire d'une maîtrise de droit européen (1998), d'un DEA droit international économique (1999) et doctorat en droit (2004) à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle a aussi obtenu le CAPA (EFB, 2004).
 

À la croisée des chemins, entre mondes juridique et économique, le droit de la concurrence concerne quasiment toutes les sphères d'activité : industrie, services, nouvelles technologies... Sa proximité avec la vie des entreprises est indéniable. Cette discipline du droit vise à appréhender le comportement des acteurs sur le marché, en ce que ce comportement peut avoir de nocif au bon fonctionnement de la concurrence.

Elle peut par exemple sanctionner les ententes et abus de position dominante ou contrôler, de manière préventive, les concentrations entre entreprises.

Avec la globalisation de l'économie, le droit de la concurrence s'internationalise : désormais, il faut pratiquer hors du simple cadre européen. De plus, la teneur des dossiers change : l'action dite “privée” est de plus en plus pratiquée. Elle offre la possibilité aux particuliers et aux entreprises victimes d'un comportement anticoncurrentiel d'aller devant un juge et de lui demander de faire appliquer les règles de concurrence sans nécessairement passer par une autorité administrative. Les « actions collectives » (ou « class actions » en anglais) sont également un sujet d'actualité en France et en Europe. Elles relèvent de la même logique.

Entre défense des clients et conseils

Les dossiers en droit de la concurrence sont très variés. C'est l'un des principaux intérêts de la matière. Nous pouvons aussi bien prendre en charge la défense d'une entreprise poursuivie par la Commission européenne dans le cadre d'une entente anticoncurrentielle sur les prix d'un produit, que représenter un plaignant victime d'un abus de position dominante d'un concurrent. Nous assistons également nos clients dans la rédaction de leurs principaux contrats commerciaux. Il nous arrive aussi d'être saisis par nos collègues corporate, lors d'audits et de “due diligence”, afin de vérifier la conformité de certains contrats aux règles de concurrence spécifiques ou d'apprécier – et éventuellement – de traiter de manière appropriée les risques en cas de comportements anticoncurrentiels identifié, sans oublier, enfin, notre activité contentieuse devant les juridictions nationales et européennes.

Des capacités de communication essentielles

Les principales qualités pour exercer dans ce domaine d'activité sont la rigueur et la curiosité intellectuelle. Il est en outre indispensable de s'ouvrir à des domaines inconnus. En effet, nos clients évoluent dans des secteurs d'activité aussi divers que le luxe, l'agroalimentaire, l'innovation technologique ou encore la recherche pharmaceutique. Leurs problématiques sont très spécifiques et il faut pouvoir cerner rapidement les enjeux du secteur, ses mécanismes concurrentiels et connaître les principaux acteurs. Évidemment, ce travail se fait en étroite collaboration avec le client. Les capacités de communication sont donc essentielles : il ne suffit pas de connaître tous les textes et d'être au fait de la jurisprudence la plus récente. Encore faut-il savoir transmettre ces informations au client de manière intelligible et lui expliquer en quoi la solution juridique proposée est adéquate pour son propre dossier.

Des petits aux grands dossiers

Comme dans n'importe quelle autre discipline, le jeune diplômé doit faire ses preuves en passant par toutes les étapes qui feront de lui un bon spécialiste. En droit de la concurrence, il commence ainsi avec des “petits » rôles dans des “grands” dossiers traités par plusieurs personnes, où il effectue des recherches ponctuelles et rédige par exemple de petites notes préparatoires. Il peut également se voir confier des plus “petits” dossiers, où il va rédiger ses premières consultations ou réponses à des questions ponctuelles d'un client, sous la surveillance d'un associé ou d'un collaborateur senior.

Puis, au fil de l'expérience acquise, il va traiter avec davantage d'autonomie des consultations plus importantes et préparer des dossiers de notification auprès des autorités de concurrence, ou encore des dossiers de plaidoirie pour les audiences devant les tribunaux. Lorsqu'il travaille dans une structure plus importante, comme la nôtre, il est souvent amené à travailler dans des équipes de plusieurs personnes et à interagir avec des collègues d'autres départements. Ce qui lui donne l'opportunité de créer des liens avec d'autres collaborateurs et de découvrir de nouveaux domaines d'exercice.

EN BREF

Avantages
Accès à des sujets et domaines d'activité très variés, enrichissement intellectuel permanent.

Contraintes
Il est indispensable de savoir s'adapter en permanence et d'être prêt à apprendre.

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