Témoignage

Conseil en management : élaborer un projet professionnel pour répondre aux attentes des recruteurs

Par Marie-Anne Noury, publié le 04 novembre 2011
4 min

Bertrand Quélin, professeur de stratégie et politique d’entreprise et directeur du mastère spécialisé Strategic Management HEC Paris, vous présente les qualités à posséder pour prétendre aux métiers du conseil en management.

La diversité des métiers du conseil est connue : stratégie, projet de transformation, amélioration de la performance opérationnelle et technologie. Des candidats souhaitent éviter la spécialisation des premières années d’une fonction particulière dans l’entreprise. La variété du conseil attire : celle des missions et des problématiques des clients. Rejoindre le conseil n’est pas seulement un apprentissage ajouté à sa formation initiale, mais devrait être considéré comme un développement professionnel à part entière.
Qu’est-ce qu’élaborer un projet professionnel pour le secteur du conseil ? D’abord, un projet personnel construit et pertinent répondra au mieux aux attentes des recruteurs : reflet des besoins des entreprises. Ensuite, certaines capacités sont mieux à même de répondre aux urgences de changement des clients. Pour un consultant, il est essentiel de savoir professionnellement migrer du "je rejoins un pôle d’expertise" à "j’apporte à un client une expertise que je me suis forgée au fil de mes années d’expérience".
Cela requiert d’anticiper ce que seront les exigences à venir des métiers du conseil. Répondre à celles de l’embauche est certes une nécessité, mais pas suffisant. Pour comprendre les leviers de pilotage d’une direction générale, 3 qualités sont primordiales.


1. Analyse et synthèse : indispensables pour être recruté


Les qualités analytiques font appel aux fondamentaux techniques : faire converger les analyses du business et des coûts, bien mixer stratégie et finance, et enfin identifier les sources de valeur du modèle d’affaires. Gagner en maturité business passe par cette compréhension des modèles d’affaires et de leurs ressorts, des patterns. L’esprit de synthèse aide à gérer la multitude d’informations et sert à la formulation de recommandations claires. Enfin, savoir se remobiliser rapidement est essentiel, surtout au cours des 3 premières années. La variété des missions qui attire tant les candidats exige une capacité de travail en un temps court voire record, des capacités de recherche d’informations, et d’établissement des bons contacts pour les obtenir, et finalement une forte réactivité et une très grande capacité d’adaptation.

2. Leadership : avoir le goût du travail en équipe et savoir l’animer


Ces qualités sont synthétisées dans la fonction de manager, à la convergence des attentes du client, de la hiérarchie du cabinet et de l’équipe. C’est une étape de maturité du projet professionnel. Il s’agit de coordonner des moyens pour atteindre des objectifs. Le leadership invite à passer de l’analytique aux soft skills, à la maturité interpersonnelle : savoir travailler avec les autres, mais aussi identifier et reconnaître les qualifications et les talents. Le leadership synthétise des qualités pour atteindre les objectifs à travers les autres : savoir se les associer, et réussir la mission, à travers une action cohérente et responsabilisante. Elles sont difficiles à apprendre autrement que par l’expérience, mais essentielles pour accompagner les clients dans la mise en œuvre et le respect du calendrier des décisions stratégiques.


3. Créativité : penser différemment et se placer dans des zones inconnues


Cette phase de maturité du projet professionnel est la plus exposée. Pour le consultant dont la séniorité l’a conduit à des responsabilités dans son cabinet, il s’agit certes d’identifier les besoins et de comprendre les enjeux, mais fondamentalement de nourrir une vision et de la communiquer à son client. Il s’agit d’innover dans les réponses à apporter aux clients, de savoir rompre avec les habitudes d’un secteur d’activité. L’enjeu est d’accompagner le client à créer de la valeur plus par l’innovation que par l’imitation. Cela suppose de savoir le convaincre d’anticiper, de prendre un temps d’avance : cela constitue naturellement une situation à risque élevé. Elle exige de disposer d’une très forte crédibilité et d’apparaître celui à même d’être un accélérateur des changements, en créant les conditions propices pour saisir les opportunités au bon moment.

Finalement, construire un projet professionnel cohérent, c’est ne pas perdre de vue que le conseil forge, à moyen et long terme, des normes de management et qu’il participe donc à leur conception, à leur diffusion et à leur adaptation. Je vous souhaite, à tous et à toutes, d’être les ferments et les vecteurs de ces normes et modèles futurs.

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