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Insertion professionnelle des jeunes diplômés : les ingénieurs mieux lotis que les managers

Par Céline Authemayou, publié le 18 juin 2013
1 min

Les écoles de commerce et d’ingénieurs ont beau rester des valeurs sûres pour décrocher un emploi, il n’empêche. L’enquête 2013 de la CGE (Conférence des grandes écoles) sur l'insertion des jeunes diplômés note des résultats à la baisse : alors que les salaires stagnent, la part des emplois en CDI diminue, notamment pour les jeunes managers.

Après une année 2012 marquée par une amélioration des conditions d'insertion des jeunes diplômés, la machine semble quelque peu se gripper. Dans la 21e édition de son enquête publiée le 18 juin 2013, la CGE (Conférence des grandes écoles) note un léger fléchissement des résultats. “Certes, la situation n'est pas mirobolante, constate Bernard Ramanantsoa, directeur de HEC, mais dans un environnement économique incertain, les chiffres de l'enquête restent étonnamment bons. Il faut se satisfaire de si bien résister au contexte.”


Moins de CDI, surtout chez les managers
  

Et ce contexte pèse en premier lieu sur l'embauche des jeunes. Conséquence directe : le taux net d'emploi baisse de manière générale. Au moment de l'enquête (environ 6 mois après le diplôme), 81,5 % des jeunes diplômés interrogés occupaient un poste, contre 84,9 % l'an passé. Si la baisse est légère du côté des ingénieurs, elle est en revanche plus sensible pour les managers, qui ne sont que 78,4 % à avoir un emploi contre 83,5 % l'an passé. En parallèle de cette tendance, le nombre de jeunes à la recherche d'un emploi s'accroît, pour atteindre 15,4 % (contre 12,5 % en 2012).

Du côté de la nature des contrats de travail, le CDI (contrat à durée indéterminée) connaît lui aussi un recul : si ce type de contrat reste majoritaire, il perd du terrain, surtout chez les managers (73 % des salariés contre 78 % pour les ingénieurs).


Des rémunérations à la baisse
  

Cette situation s'accompagne d'une baisse légère des salaires. Si cette dernière reste relativement faible de manière générale (de l'ordre de 200 € par rapport à l'an passé), elle affecte là encore avant tout les managers. S'ils ont depuis plusieurs années une rémunération supérieure aux ingénieurs, ils voient cet écart se réduire. En 2013, l'enquête CGE constate que les managers touchent en moyenne 37.940 € brut (avec primes), pour 36.742 € pour les ingénieurs.

“Aujourd'hui, la France compte beaucoup plus de diplômés de l'enseignement supérieur qu'il y a quelques années, analyse Philippe Jamet, président de la CGE. Dans une logique d'offre et de demande, la tendance est mécaniquement à la baisse des salaires.” À noter qu'en euros courants, les salaires moyens des diplômés des grandes écoles sont en diminution depuis 13 ans.


Accès à l'emploi : le stage pour vrai tremplin
  

Ce n'est pas une surprise, plus une confirmation : pour décrocher leur premier emploi, les jeunes diplômés peuvent compter sur leurs expériences professionnelles réalisées durant leurs études. Les stages de fin de cursus, les années de césure tout comme l'alternance fournissent le meilleur moyen d'accéder à un emploi : 40 % des jeunes sondés ont décroché leur premier poste par ces biais. La plupart ayant même signé un contrat avant l'obtention de leur diplôme.

Les relations personnelles, les sites spécialisés emploi et les candidatures spontanées restent prisées, tout comme les forums organisés par les écoles. “On entend dire ici et là que cette formule ne fonctionnerait plus, constate Bernard Ramanantsoa. Or, on voit bien qu'elle est très importante pour favoriser l'insertion de nos étudiants.”


L'étranger attire de plus en plus les jeunes diplômés
  

Si certaines tendances sont à la baisse, il en est d'autres qui sont au contraire en hausse. C'est le cas des premiers emplois décrochés à l'étranger. Cette année, 15,7 % des jeunes diplômés ont décidé de s'expatrier, contre 12,7 % l'an passé. Cette situation est plus importante chez les managers (23 %) que chez lez ingénieurs (12 %).

Parmi les pays visés, le Royaume-Uni arrive en tête, suivi de la Suisse et de l'Allemagne. Les États-Unis n'arrivent qu'en cinquième position. “Nous ne pouvons pas parler de fuite des cerveaux, tient à préciser Bernard Ramanantsoa. Ces départs prouvent que nos formations permettent de décrocher de beaux postes à l'étranger et beaucoup de jeunes partent pour enrichir leur CV, avec l'objectif clair de revenir en France au bout de quelques années. Mais nous ne sommes pas naïfs et il faudra voir si ces gens rentrent bel et bien chez nous, dans cinq ou six ans...”


Les secteurs d'activité qui recrutent
  

De manière générale, la grande tendance observée l'an passé est toujours de rigueur : les bureaux d'études et cabinets de conseil restent une source importante d'emploi pour les jeunes diplômés, qu'ils soient ingénieurs ou managers.

CÔTÉ INGÉNIEURS, l'heure est toujours à l'externalisation des activités – ce qui explique la place prépondérante des embauches en sociétés de conseil. Vient ensuite l'industrie du transport qui reste le deuxième secteur pourvoyeur d'emplois malgré une contraction de nombre d'emplois directs. Cette année, l'énergie est en forte progression : avec 14 % des emplois totaux (contre 8 % l'an passé), il se place en 3e place des secteurs qui recrutent. Le BTP reste le 4e pourvoyeur d'emploi. (Lire aussi notre dossier : Futurs ingénieurs, quels sont les secteurs les plus porteurs pour vous.)

CÔTÉ MANAGERS, le secteur de la banque-assurance reste, après les cabinets de conseil la première source d'emplois cette année encore. Mais la dégradation se poursuit et la part de se secteur est passée de 20 % à 12 % en six ans. Les cabinets d'audit, le commerce et la distribution restent comme l'an passé des secteurs d'embauche. À noter la progression du luxe, qui se confirme année après année.


Les femmes, toujours plus précaires que les hommes


S'il est une situation qui ne varie – malheureusement – pas d'un iota, c'est l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes. Cette année encore, la différence est réelle : lorsqu'une jeune diplômée gagne 35.114 € par an, un homme touche 38.216 €. Par ailleurs, les femmes sont plus souvent en recherche d'emploi et signent plus de contrats précaires que leurs collègues masculins : un quart des salariées sont en CDD (contre 12 % des hommes).

“On observe que dans les secteurs très féminisés, comme la communication, les medias, le tourisme, les salaires sont plus bas que la moyenne”, constate Bernard Ramanantsoa. Une situation comparable à l'intérieur des services des entreprises, où les départements marketing, RH, achats, majoritairement féminisés sont ceux qui ont les salaires les plus bas.

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