Mémoire, rapport de stage : les idées fausses au sujet du plan
Trouver un plan n’est pas quelque chose de très compliqué. Bien souvent, l’inquiétude et les difficultés viennent plutôt des idées fausses que l’on a en tête. Petit tour d’horizon avec Myriam Greuter, auteure de Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, publié aux éditions l’Etudiant (extraits).
On a beau avoir reçu des cours de méthodologie depuis les premières dissertations au lycée, l’étape du plan n’en reste pas moins une épreuve redoutée par beaucoup d’étudiants… En réalité, c’est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît, une fois surmontés les a priori.
« Un plan se trouve rapidement »
Première idée fausse : « Un plan se trouve rapidement » (variante : « Je mets un temps fou à trouver un plan »). On a dit que la rédaction du plan n’est pas un exercice aussi compliqué qu’on se l’imagine. Certes. En soi, trouver un plan n’est effectivement pas très long. Ce qui prend du temps, en revanche, c’est de réunir en groupes homogènes les idées qui s’organiseront dans le plan.
Une réflexion globale prend du temps
La réflexion s’élabore ainsi durant la phase de documentation, mais il faut ensuite réexaminer les éléments accumulés. On n’est pas un imbécile si on a alors besoin de temps !
La réflexion que l’on mène durant cette période est spécifique : la pensée cherche maintenant à considérer l’ensemble des matériaux (documents, idées) comme un tout. Elle devient globale ; elle ne cherche plus à analyser les éléments particuliers les uns après les autres, mais à trouver des regroupements entre tous, pour arriver finalement à les relier et à les organiser ensemble dans le devoir.
La pensée obéit alors à un mouvement de va-et-vient entre ultimes lectures et ébauches de plan. Durant les dernières relectures des notes accumulées, les idées finissent également de mûrir. Pour cela aussi, elles ont besoin de temps.
Un plan peut évoluer
Dans des exercices à la fois longs et nouveaux comme le mémoire et le rapport, il est en outre normal que le plan ne soit pas fixé définitivement d’un seul coup.
« J’ai eu la surprise de découvrir que mon sujet était finalement plus ciblé que je ne l’avais imaginé », raconte par exemple Aurélie. « Le plan n’est pas une structure toute faite. Il est toujours un peu lâche, ne serait-ce que pour tenir compte des remarques de l’enseignant », ajoute Marie. « Le maître de stage et les techniciens ont réorienté ma réflexion », renchérit Nadège.
Étudiante en archéologie, Stéphanie conclut : « Pour élaborer un plan, on part d’idées en vrac accumulées pendant la phase de recherche. Certaines conduisent à des impasses, de nouvelles surgissent, l’abandon de certaines autres occasionne des remords… Bref, le plan n’est pas constitué d’un bloc : c’est une structure souple, dont les sous-parties peuvent évoluer, même durant la rédaction finale. » Comme le dit Louis, « un plan trop rapide peut en outre mener à des impasses que l’on n’a pas pris le temps de voir ».
« Il faut être brillant pour trouver un bon plan »
Deuxième idée fausse : « Il faut être brillant pour trouver un bon plan » (variante : « Je n’ai jamais su faire un plan »). Un mémoire et un rapport de stage restent des exercices scolaires. « Ils ne demandent pas à l’étudiant d’être génial », affirme ainsi Sébastien. Aurélie le rappelle également : « Ce n’est qu’un mémoire, c’est-à-dire une grosse synthèse. »
Un bon plan est simple et logique
Quel que soit le niveau d’études, un plan ne doit surtout pas être tortueux ou volontairement compliqué. Encore une fois, cela n’a rien à voir avec la richesse ou la complexité des idées contenues dans le devoir : le plan n’est là que pour organiser ces idées. À la limite, on pourrait même dire qu’un devoir très dense demande un plan encore plus simple et plus clair, pour être sûr que le lecteur arrive à bon port. Un plan ne doit donc pas être « brillant », mais seulement logique.
On recommande souvent d’aller du plus général au plus particulier, ou au plus personnel. C’est ce qu’a fait Anne-Kristen pour son rapport de stage en biologie : « J’ai commencé par un exposé de notions extrêmement générales, pour arriver progressivement à l’aspect beaucoup plus technique du protocole de recherche. Cette organisation très simple a été payante. »
« Je n’arrive jamais à tout mettre »
Troisième idée fausse : « Je n’arrive jamais à tout mettre. » Le but du plan est justement de vous empêcher de « tout mettre ». Normalement, la logique du raisonnement central vous oblige à opérer une sélection. « Le piège du mémoire, c’est de vouloir en faire trop », explique ainsi Aurélie.
« Apprendre à se limiter »
Un mémoire de master n’est pas une thèse de doctorat, pas plus qu’un rapport de stage n’est un audit complet de l’entreprise d’accueil. « On est forcé d’apprendre à limiter, explique Sébastien. Et l’on découvre petit à petit que ce que l’on passe sous silence est aussi important que ce que l’on dit. » On peut tenter d’intégrer une idée, mais vouloir forcer le plan pour y arriver serait une erreur : il faut ou s’assurer que l’idée en question ne s’éloigne pas de la ligne directrice, ou bien réétudier le plan pour inclure l’idée.
Hiérarchiser les idées
En fait, plus encore peut-être que pour tout autre exercice, le mémoire et le rapport obligent à trier l’information.
Étudiant en biologie cellulaire, Mathieu recommande ainsi de « hiérarchiser » les idées. « Pour mon rapport, raconte-t-il, j’avais trois choix possibles : soit tout mettre, et mon devoir se transformait en encyclopédie ; soit ne garder que l’idée principale, ce qui ne me séduisait guère ; soit chercher à rendre mon travail le plus accessible possible, en ne parlant que de l’idée principale dans un premier temps, mais en ajoutant une notice technique plus ardue, pour ceux qui auraient eu envie d’aller plus loin. »
Être cohérent
« On ne peut ni tout dire, ni tout comprendre », conclut Sébastien. Il faut le savoir, afin d’exprimer au mieux les idées qui restent. « La réussite du devoir, ajoute Sébastien, ne tient pas à la quantité de travail, d’idées, ou de documents accumulés, mais à l’intelligence de la méthode. »
Ainsi, même avec un niveau faible au départ, ou malgré l’absence de certains matériaux, on peut finalement rédiger un excellent mémoire ou rapport de stage. Le maître mot est simplement la cohérence. Un propos simple mais logiquement organisé vaut mille fois mieux qu’un devoir dense et mal construit, dans lequel le lecteur (et donc le jury) sera sûr de se perdre.