Pour un stage, un emploi ou une alternance, le permis de conduire est un vrai plus sur le CV des étudiants

Si le permis de conduire est souvent perçu comme un rite de passage à l’âge adulte, il s’impose aussi comme un véritable atout pour décrocher du travail – au point d’être parfois indispensable dans certaines formations. Afin de ne se priver d’aucune opportunité professionnelle, être mobile peut faire toute la différence. Témoignages.
Être libre de se déplacer où l’on veut, partir en vacances entre amis… À 17 ans, l’idée de passer le permis de conduire le plus rapidement possible est séduisante. Mais c’est sur le CV qu’il revêt la plus grande importance. Pour trouver un emploi, un stage ou encore une alternance, obtenir ce précieux sésame peut se révéler crucial.
Ethan, 21 ans, se spécialise en cybersécurité pour sa 4e année à Junia, une école d'ingénieurs lilloise. "Je sais que j’ai besoin du permis… Les profs et les recruteurs nous le disent." Malheureusement, il ne l’a pas passé durant ses premières années d’études et il manque désormais de temps. Il a réussi à se débrouiller sans être véhiculé jusqu’à présent, mais il a bien conscience que "ça risque de coincer" à l’avenir.
Comme Ethan, 85% des jeunes jugent qu’avoir le permis est important pour trouver un emploi, selon une enquête réalisée en 2022 par Harris Interactive. Chez ceux qui l’ont déjà, le permis de conduire est même considéré comme "extrêmement important". Et plus on s’écarte des grandes villes et des réseaux de transports en commun, plus le permis leur paraît essentiel.
Dans certaines filières, le permis de conduire est un impératif
Future ingénieure agronome, Doris a passé son permis dès qu’elle atteint sa majorité (avant 2024, il fallait avoir 18 ans pour le passer). "J’habite à la campagne, près d’Angers", explique la jeune femme de 22 ans. Pour elle, conduire est tout de suite une nécessité. Déjà, "pour avoir un peu de liberté". Mais surtout, "pour les stages".
"Selon ta spécialité, tu peux avoir besoin de te déplacer plus ou moins loin, précise la jeune femme. Production végétale, animale, entreprises agroalimentaires… Tu es forcément niché dans des endroits reculés. Quand tu dois étudier des sols, c’est dans le fin fond de la France. Et en production, les usines sont loin aussi."
Dès son premier stage, en L1, Doris a besoin d’être mobile. "En première année, tu touches beaucoup à l’agriculture, donc mon stage de deux mois, c'était dans une ferme, à 20 minutes de chez moi." Tous les jours, elle doit faire l’aller-retour en voiture.
En 2024-2025, elle fait sa 4e année d’études à l’Institut Supérieur d'Agriculture (ISA) de Lille. "Je n’ai pas pris ma voiture car ça coûte cher… Mais je vais peut-être retourner la chercher", réfléchit-elle. Elle commence bientôt un stage dans une entreprise en périphérie de la ville. "Je mets 50 minutes à y aller en transports en commun. J’ai peur que ce soit vraiment fatiguant. Si c’est trop difficile, je prendrai ma voiture."
Avec le permis, davantage d’opportunités à portée de main
Avoir la possibilité de se déplacer permet ainsi à Doris de "ne jamais se restreindre". Le choix de ses stages n’est pas conditionné par la distance à parcourir : "Je choisis vraiment ce qui me plaît le plus, sans me demander si c’est trop loin".
Au contraire, ne pas pouvoir conduire est un obstacle pour certains jeunes. Neyl, 19 ans, est étudiant en 1re année de licence Médias, culture et communication à l’Université Catholique de Lille. Il voudrait devenir journaliste. Il n’a pas encore le permis mais a bien l’intention de l’obtenir rapidement – il a commencé les cours de conduite depuis plusieurs mois. "En journalisme, on doit bouger pour faire des enquêtes. Là, vu que je n’ai pas de voiture, je suis limité", raconte-t-il. Il donne un exemple : "Une fois, je couvrais un événement et je n’ai pas pu assister à la fin car je devais rentrer en train."
Pire, il s’est déjà vu refuser un emploi étudiant : "C’était un job de démarchage en Corse, pour l’été. Je n’ai pas été pris car je ne pouvais pas me déplacer." L’absence de permis a d’ailleurs été un frein à l’emploi pour près de 55% des jeunes, selon Harris Interactive. Pour Neyl, pas question de perdre de nouvelles opportunités juste pour un bout de papier : "C’est important pour moi de l’avoir vite. À profil égal, quelqu’un qui a le permis sera forcément favorisé !"
Des aides au financement du permis
Neyl a la chance d’avoir des parents qui l’aident à financer son permis de conduire. Car s’il est particulièrement important pour ne pas se fermer de porte, l’examen a un coût important : 1.804 euros en moyenne, d’après une étude UFC-Que Choisir de 2016 – un chiffre toujours d’actualité. Selon l’enquête Harris Interactive, les jeunes de 18 à 26 ans qui n’ont pas le permis citent son coût comme première raison (pour 34% d’entre eux), suivi par le manque de temps (27%).
Pour se payer le permis, différentes aides existent. Vous pouvez par exemple bénéficier du "permis à 1 euro par jour" : un prêt à taux zéro destiné aux jeunes de 15 à 25 ans. Il est également possible, selon certaines conditions, de faire financer son permis par France Travail ou le CPF (Compte personnel de formation), mais aussi par le CFA (pour les apprentis) ou par l’Agefiph (pour les personnes en situation de handicap). En fonction de votre lieu d’habitation, vous pouvez aussi bénéficier d’aides régionales.