S'engager dans l'humanitaire : comment débuter une carrière dans les ONG ?

Envie de venir en aide aux plus démunis ? La misère et l’injustice vous révoltent et vous souhaitez vous engager dans l’humanitaire ? Les valeurs philanthropiques ne sont pourtant pas suffisantes pour se lancer dans le secteur en début de carrière. Décryptage.
Missions d’urgence après un séisme ou un bombardement, aide aux personnes déplacées, soins aux populations démunies… Les ONG interviennent dans de nombreuses zones sinistrées. Mais si les missions sur le terrain vous attirent, sachez que ce sont généralement les profils les plus expérimentés qui sont dépêchés sur place. Pourtant, en amont, aux sièges des associations, les missions ne manquent pas et constituent souvent une porte d’entrée pour intégrer le secteur.
Et pour cause, les associations et ONG recherchent des profils avec des compétences spécifiques : du médical au juridique, en passant par le financier ou la logistique. Nos conseils pour faire vos premiers pas dans l’humanitaire.
Des postes aux sièges des associations
"Au siège de MSF , nous pouvons recruter des jeunes diplômés dans la communication, au département médical, dans le domaine juridique… On a par exemple de plus en plus de postes liés à l’advocacy, au plaidoyer. Côté formation, on a beaucoup de diplômés de Sciences po", résume Corinne Torre, cheffe de mission chez MSF.
Dans les ONG, les profils bac+5 issus d’une grande école ou d’un master universitaire ont effectivement la cote, même si certains postes d’assistant sont accessibles à des niveaux en deçà.
Au-delà des fonctions support dans le marketing, la finance ou les ressources humaines, chaque association recherche également des profils avec des expertises spécifiques à son périmètre d’activité : compétences médicales pour MSF ou la Croix-Rouge, en droits humains chez Amnesty international, en nutrition et eau, hygiène et assainissement pour Action contre la faim…
Le rôle d'un chargé de plaidoyer
C’est sur le droit à l’alimentation en France que Zharin Garcia travaille au siège d’Action contre la faim. Après des études de droit en Colombie, puis un master en sciences politiques à l’université de Poitiers, elle est aujourd’hui chargée de plaidoyer pour la mission France de l’ONG.
"Notre objectif est que le droit à l’alimentation soit inscrit dans la loi française. Mon rôle, c’est le déploiement de cette stratégie d’influence au niveau politique. Pour cela, nous avons rédigé un rapport que je présente à des responsables d’associations, des députés, etc. et j’anime des groupes de réflexion sur le sujet", explique Zharin, qui a obtenu son poste au terme de son stage de fin d’études.
Miser sur les stages et l'alternance
Les stages sont en effet un bon moyen de faire ses premiers pas dans l’humanitaire et de montrer sa motivation. Pensez aussi à consulter les contrats en alternance proposés par les ONG. Un exemple : la Croix-Rouge française compte actuellement 270 alternants dans ses différents établissements.
Au sein de sa filière Croix-Rouge compétence, elle propose des cursus en apprentissage de niveau CAP à master dans le domaine sanitaire et social. "Ils ont pu s’exercer en situation réelle auprès de nos équipes. Ils sont bien avancés dans la maîtrise de nos processus et la connaissance de nos outils. Récemment, une alternante a par exemple obtenu un poste de gestionnaire RH en CDI", souligne Delphine Botta, responsable du pôle recrutement et attractivité de la Croix-Rouge française.
Commencer sur des missions plus régulières, moins dangereuses
Avant de partir sur le terrain, vous devrez donc acquérir de l’expérience en France : vous engager en tant que bénévole pour une ONG, soutenir la structuration d’une association locale, du volontariat, etc.
"Dans certaines missions, il peut y avoir des opportunités pour des jeunes diplômés, par exemple à des postes de coordinateur de projet, d’administrateur de terrain (qui ont une double casquette finance et RH) ou de logisticien. Il ne faut donc pas hésiter à postuler sur le site de MSF", précise Corinne Torre.
Mais pour une première mission en tant que jeune diplômé, vous n’interviendrez probablement pas dans une situation d’urgence. Vous participerez en général d’abord à des missions de programme régulier, moins complexes et moins dangereuses.
La dimension internationale
Dans tous les cas, "si un étudiant veut partir en mission à l’étranger, il doit donner une coloration internationale à son parcours d’études (via des stages, Erasmus…) mais il ne faut pas que la dimension internationale arrive seulement en fin de cursus car la concurrence est rude parmi les diplômés bac+5", précise Marie-Béatrix Carrale, coordinatrice du département ressources humaines internationales à la Croix-Rouge française.
Autre prérequis : parler couramment l’anglais (maîtriser l’espagnol ou d’autres langues étant évidemment un plus).
Faire carrière dans l'humanitaire
Une fois la première mission accomplie, il vous sera beaucoup plus facile d’en décrocher une deuxième puis une troisième. Côté salaire, en mission, vous percevrez environ 1 800 euros brut mensuels, auxquels peuvent être ajoutés des avantages en nature, comme le fait d’être nourri et logé, une allocation per diem pour vivre sur place, ou des primes éventuelles.
Si vous êtes recruté au siège, à un poste cadre, vous pouvez espérer un salaire annuel d’entrée de carrière compris entre 36.000 et 40.000 euros annuels. Après quelques années d’expérience, il est possible d’évoluer d’une ONG à une autre, ou de progresser en interne. Il existe généralement des passerelles pour intégrer le siège après une mission à l’international. Car comme pour les entreprises privées, les ONG ont pour priorité de fidéliser leurs collaborateurs et de les faire progresser.
Cibler les petites ONG
Il ne faut pas non plus hésiter à "contacter les organisations plus petites, comme Solidarité international, Solthis, Geres, etc. Elles permettent de se faire une première expérience et de gagner en maturité professionnelle pour ensuite accéder à des postes plus élevés en termes de responsabilité, au sein d’organisations plus importantes", rappelle Bertrand Quinet, directeur du centre de formation de Bioforce Europe qui propose divers cursus spécialisés dans l’humanitaire.