Témoignage

Comment je suis devenu télépilote de drones

Thomas (au centre) passionné d'aéromodélisme depuis ses 8 ans, a été recruté en 2017 comme télépilote de drones et instructeur chez Azur Drones.
Thomas (au centre) passionné d'aéromodélisme depuis ses 8 ans, a été recruté en 2017 comme télépilote de drones et instructeur chez Azur Drones. © Etienne Gless
Par Étienne Gless, publié le 23 juin 2017
5 min

Recruté en CDI chez Azur Drones, un spécialiste de la prise de vues aériennes, Thomas, 28 ans, exerce comme télépilote de drones et instructeur. Un rêve concrétisé après des débuts professionnels dans des métiers plus classiques. Récit à l'occasion du Salon du Bourget 2017.

"Ma passion pour l'aéromodélisme est enfin devenue mon métier !" s'enthousiasme Thomas. Au mois de mars 2017, le jeune télépilote de drones a été recruté en CDI à temps plein chez Azur Drones, une start-up en pleine croissance qui expose au 52e Salon aéronautique du Bourget et propose des prestations pour les drones civils. Les domaines d'activité du drone, il est vrai, ne cessent de s'étendre : BTP, surveillance, ingénierie, audiovisuel...

Analyser les travaux de réfection d'une église

"Dans le BTP nous utilisons les drones pour des travaux de photogrammétrie." Cette technique consiste à prendre en photo un bâtiment à intervalles réguliers. Ensuite un logiciel reconstitue le bâtiment en trois dimensions et, après analyses, il est possible de calculer en fonction des fissures d'un bâtiment l'importance et le montant des travaux à effectuer.

"J'ai par exemple réalisé un photogramme d'église pour le compte d'un cabinet de géomètres experts : l'inspection par drone du toit de l'église a permis d'analyser les fissures du clocher et d'estimer l'étendue et le coût des travaux." L'usage du drone permet ainsi de réaliser des économies en temps et en main d'œuvre par rapport aux méthodes traditionnelles : "Là où plusieurs jours et de nombreuses personnes étaient nécessaires, le travail est effectué en une demie journée par une personne", explique Thomas.

Réaliser des prises de vues difficiles

"Dans l'audiovisuel j'ai travaillé récemment sur la retransmission en direct d'une course automobile, le championnat de France de Formule E qui réunit des bolides électriques." Thomas pilotait un drone avec caméras embarquées pour réaliser des images de la course vues du ciel. Dans l'audiovisuel, le jeune homme a également travaillé sur des tournages de séries TV. "Par exemple pour la série Alice Nevers, diffusée sur TF1, il s'agissait de réaliser des prises de vues sur la Seine avec un drone qui n'auraient pas été réalisables avec des caméras traditionnelles ou qui auraient nécessité un hélicoptère dont les tarifs sont très coûteux."

Lire aussi : Construire, rénover : les métiers qui recrutent

Les drones sont également utilisés pour mettre en valeur un bâtiment. Thomas a ainsi travaillé pour le constructeur automobile PSA qui souhaite louer son bâtiment de Poissy : "Les vidéos réalisées par drone permettent de mettre en valeur le bâtiment dans son environnement urbain". Et de justifier les tarifs de location du bâtiment !

Brevet théorique aéronautique obligatoire

Vivre de sa passion n'est pas toujours simple. Dans un premier temps, Thomas a prudemment suivi des études en électrotechnique (BEP). Son bac STI électronique en poche, il obtient un BTS fluides énergies environnement (BTS FEE) option génie climatique au Lycée Raspail (Paris, XIVe). Il achève son cursus d'études par une licence professionnelle maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables (MEER) à l'IUT de Marne-la-Vallée. Pendant trois ans, Thomas occupe d'abord un poste de projeteur/contrôleur : réalisation des plans techniques, contrôle sur site d'installations et vérification de conformités sont alors son quotidien professionnel."

Lire aussi : Quels métiers d'avenir autour des drones ?

"En 2014 l'aventure du drone a vraiment commencé ! J'ai quitté mon poste pour me former au pilotage de drone chez un constructeur." L'obtention d'un brevet aéronautique théorique est obligatoire pour exercer comme télépilote de drone à titre professionnel. Thomas passe donc son brevet théorique de pilote d'ULM puis l'examen pratique de pilotage. Un télépilote de drone est payé entre 30.000 et 60.000 € brut annuel selon son expérience.

Débuter en gardant un emploi plus classique à côté

"Après l'attestation de formation, la réglementation exige une déclaration de niveau de compétences (DNC) délivrée en général par l'exploitant de drones qui vous embauche", explique Thomas. Toutes ces formalités accomplies, Thomas peut enfin exercer. Mais pour son insertion professionnelle dans le métier de ses rêves, il joue la carte de la prudence : même si le marché des drones connaît une croissance exponentielle, la concurrence sur les emplois est forte et la réglementation évolue rapidement.

Le jeune télépilote exerce d'abord ponctuellement pour Flying Eye, le constructeur de drones qui l'avait formé. "Mais j'occupais à côté un poste de technicien incendie en CDI pour une autre entreprise. Et puis une opportunité s'est présentée : Flying Eye a été rachetée par Azur Drones, un poste en CDI à temps complet de télépilote s'est libéré. J'ai sauté sur l'occasion." Un nouvel envol professionnel en somme !

Un accès au métier très encadré

  • Pour exercer à titre professionnel, les télépilotes de drone doivent détenir un certificat d'aptitude théorique d'aéronef habité. Tous les certificats reconnus par la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) pour l'obtention d'une licence de pilote sont acceptés. Y compris le brevet de base de pilote d'ULM. Pour connaître le calendrier des prochains examens théoriques de pilote organisés par la DGAC, cliquez ici.
  • Outre la détention de ce certificat, vous devez posséder des compétences pratiques. Elles peuvent être déterminées par l'exploitant de drones lui-même ou sous-traitées à un organisme de formation extérieur. Plusieurs vols de démonstration seront nécessaires pour évaluer votre niveau.
  • Enfin l'exploitant de drones (vous même si vous êtes entrepreneur ou votre employeur) doit délivrer aux télépilotes une déclaration de niveau de compétence (DNC).

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