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Décryptage

Les 15-25 ans de plus en plus touchés par les IST

La non utilisation de préservatifs est l'une des causes de la hausse des IST chez les jeunes.
La non utilisation de préservatifs est l'une des causes de la hausse des IST chez les jeunes. © Adobe Stock/Siravich Vetsompong
Par Clémentine Rigot, publié le 13 février 2025
5 min

Depuis plusieurs années, le taux d'infection sexuellement transmissible augmente chez les moins de 25 ans. Méconnaissance des maladies et des modes de transmission, faible utilisation du préservatif… Malgré la gratuité des dépistages et des préservatifs, le développement des infections inquiète dans le milieu médical.

Alors que ce 13 février 2025, veille de la Saint Valentin, est célébrée la journée mondiale du préservatif, les jeunes se sentent de moins en moins concernés par la prévention des IST et sont de fait de plus en plus contaminés.

"Il y a une augmentation évidente du nombre d'IST diagnostiquées", déplore le docteur Radia Djebbar, coordinatrice médicale à Sida Info Service. "L'année 2020 a été marquée par une forte baisse des dépistages", explique-t-elle. À cause de l'épidémie de Covid, et des confinements, plus rares étaient les personnes qui se rendaient en laboratoire pour des recherches d'IST. Depuis, les dépistages ont repris à la hausse, les résultats positifs aussi.

En effet, d'après Santé publique France, le nombre de personnes positives à la chlamydia a augmenté de 10% en deux ans, avec un taux d'incidence très important chez les jeunes femmes de 15-25 ans (271 pour 100.000 en 2023). C'est aussi dans cette catégorie de population que l'on dépiste le plus d'infections au gonocoque, souvent dépisté conjointement : 69 pour 100.000.

Un manque d'information important

Alors comment expliquer cette augmentation ? "D'abord, la sexualité a changé parmi les jeunes, il y a une liberté plus importante, qui concerne aussi bien les pratiques sexuelles que le nombre de partenaires", explique le docteur. Et qui dit plus de partenaires dit augmentation, mathématiquement, de l'exposition à d'éventuelles contaminations, sans que ce facteur numérique soit le cœur du problème. Radia Djebbar observe en effet "un manque d'information très important chez les jeunes".

Récemment, la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne annonçait le déploiement d'un nouveau programme d'éducation à la sexualité, qui abordera la prévention des infections au collège. Mais ce programme est jugé insuffisant par de nombreuses associations. "Les cours ne vont pas assez loin, et c'est le directeur de l'établissement qui choisit les intervenants, qui peuvent être très différents selon ses connaissances ou son orientation, analyse la médecin. Les associations n'ont plus suffisamment de budget pour pouvoir se déplacer en collège et lycée."

La majorité des infections sont asymptomatiques

Concernant le VIH, on constate également une nette augmentation. Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2023, 17% étaient âgées de moins de 25 ans, contre "15% en 2021", précise Radia Djebbar. Une augmentation qui peut être liée à l'évolution de l'image que les jeunes se font du VIH.

Auprès de la génération Z, le virus n'a en effet plus la même image que chez leurs parents. La médecine ayant évolué (dépistage, trithérapie, etc.) depuis les années 90, l'épidémie a changé dans les mentalités et comporte, dans l'esprit de nombreuses personnes, moins de gravité.

"Quand on reçoit des jeunes pour un dépistage, on leur demande pourquoi ils n'ont pas utilisé le préservatif. Ils répondent que c'est parce qu'ils n'en ont pas, ils ne savent pas comment y avoir accès," rapporte la médecin. Pour rappel, les moins de 26 ans peuvent désormais demander des préservatifs gratuitement en pharmacie.

"Les autres nous disent que c'est parce qu'ils connaissent la personne avec qui ils ont eu un rapport. Ils pensent que le VIH, c'est inscrit sur le front."

En réalité, de nombreuses IST sont asymptomatiques : impossible donc, dans de nombreux cas, de "sentir" qu'on est malade. Sept femmes atteintes de chlamydia sur dix ne présentent ainsi aucun symptôme.

Développement de traitement préventifs

Depuis quelques années, la Prep, un traitement préventif contre le VIH, a fait son apparition dans les pharmacies françaises. Son but : protéger d'une éventuelle transmission. Le médicament se prend avant une exposition potentielle au virus, pour réduire le risque de contamination. Mais attention, la Prep ne protège que du VIH : elle ne remplace donc pas l'usage du préservatif.

"On ne renouvelle pas l'ordonnance si la personne n'a pas fait de dépistage de toutes les IST, et si on ne les a pas traitées", explique le docteur Djebbar. Pour rappel, il est recommandé à toutes les personnes ayant plusieurs partenaires (à partir de deux par an et au-delà) de se faire dépister tous les trois mois.

Dépistage gratuit

Depuis l'année dernière, le dépistage de 4 IST (chlamydiae, syphilis, gonorrhée et hépatite) est gratuit et sans ordonnance. En clair : vous pouvez, quand vous le souhaitez et sans ordonnance d'un médecin, vous faire dépister pour ces quatre infections, mais aussi du VIH (déjà gratuit depuis plusieurs années) dans tous les laboratoires de biologie médicale.

Si vous avez plus de 26 ans, le fonctionnement est assez proche : pas d'ordonnance nécessaire, mais le remboursement est pris en charge à 60% par l'assurance maladie, et à 40% par votre mutuelle.

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