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Les conditions de vie des étudiants diffèrent en fonction de leur origine sociale, selon l’OVE

Selon l'OVE, près de 9% des étudiants ont eu recours à une aide alimentaire.
Selon l'OVE, près de 9% des étudiants ont eu recours à une aide alimentaire. © Thomas VANDENBERGUE/REA
Par Léa Fournier, publié le 24 septembre 2024
5 min

Dans sa dernière enquête sur les conditions de vie des étudiants en 2023, l'Observatoire national de la vie étudiante pointe des difficultés toujours bien ancrées malgré la fin de la crise sanitaire.

Précarité, emplois, orientations contrariées… Dans sa dernière enquête sur les conditions de vie des étudiants en 2023, l'OVE révèle des difficultés toujours bien ancrées malgré la fin de la crise sanitaire. 

Premier constat : la précarité étudiante est toujours aussi préoccupante depuis 2016. Un quart des étudiants mentionnent des fins de mois difficiles, tandis que 32% ont connu au moins un découvert bancaire au cours de l'année universitaire.

Plus inquiétant encore : 19% des étudiants déclarent avoir eu des difficultés telles qu’il leur a été impossible de subvenir à leurs besoins de base. Ils n’ont donc pas pu s’alimenter, payer leur loyer ou encore leurs factures de gaz et d’électricité.

Si le sujet a pris davantage de place dans l’espace médiatique depuis la crise du Covid-19, l’enquête de l’OVE révèle que la précarité étudiante "constitue un fait structurel". Autrement dit : "Ces situations ne sont pas nouvelles et la crise sanitaire les a révélées plus qu’elle ne les a exacerbées".

28% des étudiants déclarent avoir besoin d’une aide alimentaire

Conséquence de ces difficultés financières : près de 9% des étudiants ont eu recours à une aide alimentaire, qu’il s’agisse de bons d’achat du Crous, des Restos du Cœur, d’une banque alimentaire, d’une épicerie solidaire, etc. Un quart des étudiants étrangers y ont eu recours.

Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, puisque 17% des étudiants n’ont pas fait la demande alors qu’ils disent avoir besoin d’une aide alimentaire et 2% en ont fait la demande et n’en ont pas bénéficié.

Ainsi, au total, 28% des étudiants déclarent avoir besoin d’une aide alimentaire.

Des étudiants étrangers en difficulté

L’enquête met également en lumière le profil de la population étudiante qui éprouve le plus de difficultés financières. Elle souligne que ce sont les jeunes de nationalité étrangère qui sont touchés dans 40% des cas. 

L’âge est également un facteur aggravant : "Plus les étudiants avancent en âge, plus ils quittent le domicile parental, plus la précarité les touche"."Surtout, on constate que les étudiants qui bénéficient d’aides publiques ou qui exercent une activité rémunérée restent, malgré tout, souvent un peu plus précaires économiquement que les autres", précise l'OVE.

Les difficultés financières des étudiants touchent par ailleurs davantage les jeunes issus de familles modestes. Un constat logique puisque l'aide de la famille représente 41% des ressources mensuelles moyennes des étudiants, suivie des revenus d’activité (27%) et des aides publiques (25%). Ainsi, "la famille joue un rôle crucial dans les parcours d’études, ce qui alourdit, par conséquent, le poids de l'origine sociale au sein de ces derniers".

Un job étudiant souvent indispensable

Dans ce contexte, le recours à un job étudiant est nécessaire pour de nombreux jeunes. Selon l'OVE, 44% des étudiants exercent une activité rémunérée en plus de leur cursus. Pour près de 60% d’entre eux, avoir un job est indispensable pour vivre – un tiers déclare ne pas pouvoir mener d’études sans celui-ci. 

Parmi ces jeunes qui travaillent, 33% considèrent que leur activité est une "source de stress et de tension nerveuse" et 19% estiment qu’elle a un impact négatif sur leurs résultats.

Là aussi, les étudiants d’origine sociale populaire sont moins bien lotis que les autres : 41% d’entre eux se retrouvent contraints d’exercer une activité rémunérée, contre 25% des étudiants d’origine sociale supérieure. 

Des loyers trop élevés

Les difficultés de logement des étudiants sont aussi pointées du doigt, avec une offre insuffisante et des conditions de logement dégradées. Les jeunes pointent, dans près de 30% des cas, des loyers trop élevés.

L’OVE fait par ailleurs ressortir une augmentation globale du mal-être étudiant, et notamment de l’épuisement : en 2023, 60% des étudiants "déclarent s’être senti en permanence ou souvent épuisé". Les deux tiers des jeunes s’estiment néanmoins globalement en bonne santé.

Les étudiants les moins favorisés et ceux de nationalité étrangère sont à nouveau ceux qui rencontrent le plus de difficultés pour se loger et qui sont particulièrement fragilisés sur le plan de la santé mentale.

Des orientations contrariées

L’enquête de l’OVE montre en outre que seulement 65% des enfants d’ouvriers souhaitent prolonger leur cursus au-delà du bac+4, contre 90% des étudiants issus de classes aisées.

Enfin, en 2023, 64% des étudiants affirmaient être satisfaits de leurs études. Toutefois, le taux "d’orientations contrariées" – c’est-à-dire les jeunes de première année qui déclarent ne pas s’être inscrits dans leur choix de formation favori – atteint 28%. 

Ce phénomène est particulièrement vrai dans les STS où les étudiants d'origine populaire sont surreprésentés : le taux d’orientations contrariées atteint 35% contre seulement 15% en classe préparatoire, où les élèves sont majoritairement issus des classes supérieures. 

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