Baromètre de la Fage sur la précarité : 2 étudiants sur 3 sautent des repas toutes les semaines

De nombreux étudiants sont en situation de précarité mais ne touchent pas de bourse, selon le dernier baromètre de la Fage. Alimentation, accès au soins, obligation de travailler : cette pauvreté a un impact sur leur santé et sur leurs études.
L’organisation étudiante Fage publie, ce mercredi, son "Baromètre de la précarité étudiante". Cette enquête a été réalisée auprès de 825 bénéficiaires de ses épiceries sociales et solidaires, les AGORAé.
"Choisir entre étudier et se nourrir"
Selon cette étude, l’alimentation est "une variable d’ajustement budgétaire" pour de nombreux étudiants. En effet, 66% des répondants sautent des repas toutes les semaines, dont 86% par manque d’argent.
"Ces chiffres révèlent les arbitrages impossibles auxquels sont confrontés de trop nombreux jeunes, contraints parfois de choisir entre étudier et se nourrir. Nous lançons un cri d’alerte face à la hausse alarmante du nombre de jeunes dépendant de l’aide alimentaire", interpelle la Fage.
Un accès aux soins limité
L’accès aux soins serait une autre variable d’ajustement pour les étudiants en difficulté financière. Ainsi, 40% des sondés ont dû renoncer à des soins, dont près de la moitié pour des raisons financières.
Un choix contraint qui a un impact sur la santé physique, mais également mentale des étudiants. Les répondants évaluent leur état de santé à 6,8/10 en moyenne. Le niveau d’anxiété déclaré atteint quant à lui 6,7/10.
Impact sur la réussite académique
De nombreux étudiants sont contraints de travailler à côté de leurs études pour subvenir à leurs besoins. Selon la consultation Bouge ton Crous 2024, 42% des jeunes ont dû se salarier en France. Pour 87,5% des bénéficiaires des AGORAé qui ont un emploi étudiant, le recours au salariat n’est pas un choix, mais une nécessité absolue pour couvrir leurs besoins.
Ces jobs étudiants nuisent bien souvent à la réussite académique de ces étudiants. Certains doivent s’absenter des cours pour aller travailler, quand d’autres interrompent même leurs études.
"J'ai arrêté mes études pour les reprendre après avoir travaillé pour mettre de l'argent de côté", témoigne un étudiant en master à Poitiers auprès de la Fage. Une autre étudiante en master, à Paris, songe à arrêter ses études, ou bien les interrompre afin de travailler. "J'ai déjà pensé à ne pas faire le second semestre au détriment d'un job étudiant", ajoute un étudiant en licence à Dijon.
Selon l’enquête de la Fage, plus de 70% des bénéficiaires salariés déclarent que leur emploi nuit à leur parcours universitaire.
Des étudiants précaires qui ne touchent pas de bourse
Bien que les sondés soient des bénéficiaires d’épiceries sociales à bas prix, près de 63% des répondants ne touchent aucune aide, qu’il s’agisse d’une bourse du Crous, de la région, ou d’une aide ponctuelle.
Six sondés sur 10 n’ont par ailleurs pas de logement Crous, alors que le loyer représente le premier poste de dépenses des étudiants.
Selon la Fage, ces chiffres soulignent l’inefficacité du système d’aides sociales et son éviction des étudiants les plus fragiles. "Il devient urgent que le gouvernement engage une réforme en profondeur de notre système d’aides", pointe le syndicat dans son étude.
Le système de bourses devait être réformé en deux temps, en 2023 puis en 2025. Les changements successifs de ministres de l’Enseignement supérieur ont cependant retardé le deuxième volet de la réforme, qui ne sera pas prêt pour cette année. Les concertations devraient reprendre dans les prochains mois pour dessiner les contours de cette réforme.
Une surreprésentation des étudiants internationaux
Les étudiants internationaux représentent 60% des bénéficiaires des épiceries solidaires de la Fage. "Cela s’explique notamment par une différenciation d’accès aux aides sociales et par une application croissante des frais différenciés pour les étudiants hors Union européenne", explique le syndicat.
Les étudiants vivant seuls et les femmes sont les plus précaires
Linkee a également publié une étude sur la précarité en février 2025. Cette enquête a été menée auprès des étudiants bénéficiant des distributions de colis alimentaires et de kits d’hygiène organisées par cette association.
Selon les calculs de Linkee, 78% des étudiants disposent de moins de 100 euros par mois, une fois leurs charges payées.
Cette précarité touche davantage les étudiants qui vivent seuls et les femmes. Ainsi, 97% des étudiants recourant à l’aide alimentaire vivent seuls, et les femmes représentent 66% des bénéficiaires de l’aide alimentaire.
Le constat est le même que la Fage concernant la grande majorité des bénéficiaires qui ne touchent pas de bourse du Crous, ainsi que sur le nombre alarmant d'étudiants contraints de sauter des repas.
L'étude pointe par ailleurs qu'un quart de leurs bénéficiaires envisagent d'arrêter leurs études en raison des difficultés financières.