En bref

Gel des loyers et trêve hivernale : les mesures contre la précarité étudiante

Les associations étudiantes restent mobilisées pour dénoncer la précarité.
Les associations étudiantes restent mobilisées pour dénoncer la précarité. © REA - Nicolas TAVERNIER
Par Pauline Bluteau, publié le 05 décembre 2019
6 min

Après l’immolation d’un étudiant lyonnais début novembre, qui a initié un mouvement de dénonciation de la précarité étudiante, le CNOUS et le ministère de l’Enseignement supérieur ont annoncé deux mesures exceptionnelles concernant les logements des résidences CROUS. Des mesures "positives" et "nécessaires" mais "insuffisantes", estiment les associations étudiantes.

"La FAGE ne peut se contenter de ces réponses et restera mobilisée", peut-on lire dans le communiqué de presse publié le 20 novembre dernier. La colère monte chez les associations depuis l’immolation d’un étudiant devant le CROUS (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de Lyon (69) le 8 novembre dernier. Par ce geste, l'étudiant voulait dénoncer sa situation de précarité.

Après avoir rencontré les présidentes de la FAGE (fédération des associations générales étudiantes) et l’UNEF(union nationale des étudiants de France), la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, et la présidente du CNOUS (centre national des œuvres universitaires et scolaires), Dominique Marchand, ont annoncé le gel des loyers en 2020 et l’application de la trêve hivernale pour les étudiants logeant en résidence CROUS. Des mesures qui n’ont pas totalement convaincu les associations étudiantes.

Gel des loyers : pas d’augmentation pour 2020

Chaque année, au 1er janvier, le montant du loyer est réévalué en fonction de l’inflation. Ce ne sera pas le cas en 2020 :

les loyers resteront les mêmes qu’en 2019. "De manière tout à fait exceptionnelle, (…) le conseil d’administration du CNOUS (…) a décidé de geler le montant des loyers 2020 pour la totalité du parc des résidences CROUS", détaille le communiqué de presse du CNOUS publié le 28 novembre dernier.

Pour l’UNEF, il s’agit d’un "premier pas face à la précarité étudiante". Pour autant, cette précaution est jugée insuffisante car elle "ne garantit pas l’amélioration [des] conditions de vie mais seulement une non-augmentation [des] dépenses de logement". "C’est une mesure historique, c’est vrai, mais qui ne concerne pas tous les étudiants, seulement ceux qui vivent en résidence CROUS et ce ne sont pas les plus nombreux", s’inquiète Orlane François, présidente de la FAGE.

En effet, selon l’Observatoire national de la vie étudiante, en 2016, seuls 12% des étudiants vivaient en résidence universitaires alors que près de 44% des étudiants avaient choisi la location seul ou la colocation.

Trêve hivernale : rien d’officiellement acté

Pour autant, même si le gel des loyers a été acté par le CNOUS et le ministère, concernant la trêve hivernale, les associations étudiantes préfèrent rester prudentes. D’après la loi, cette trêve court du 1er novembre 2019 au 31 mars 2020. Elle protège les locataires, qui ne pourront pas être expulsés en cas de loyers impayés. Or, ces dispositions "ne sont pas applicables aux occupants de locaux spécialement destinés aux logements étudiants". Frédérique Vidal a confirmé que la trêve hivernale s’appliquerait aussi aux résidences CROUS dès cette année mais dans la loi, rien n’a été précisé. Ce qui a de quoi préoccuper les associations étudiantes.

"C’est une mesure strictement déclarative, elle doit être inscrite dans les textes de loi car lorsque la ministre partira, personne ne sera obligé de respecter cet accord, ce sera au bon vouloir des CROUS", explique Orlane François.

Revaloriser les bourses : la solution ?

La FAGE et l’UNEF demandent donc au gouvernement d’aller encore plus loin au sujet de la précarité étudiante. "Il faut faire avancer le système social, c’est malheureux mais on ne peut pas attendre qu’il y ait des actes dramatiques pour faire changer les choses", estime la présidente de la fédération étudiante.

En ligne de mire : la revalorisation des bourses sur critères sociaux.

Frédérique Vidal juge pourtant avoir déjà fait des efforts en ayant réévalué ces aides financières à hauteur de 1% à la rentrée 2019-2020. "Nous sommes d’accord pour dire que la façon dont ces bourses sont attribuées ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui", a affirmé la ministre au micro d’Europe 1 le 22 novembre. "Ce qu’il faudrait, c’est une réévaluation tous les ans, selon l’inflation.C’est comme ça qu’est calculée la CVEC (contribution à la vie étudiante et de campus) par exemple, mais je crois que le gouvernement n’est pas prêt financièrement", confie Orlane François.

Dans ce contexte tendu, l’UNEF a appelé à la mobilisation des étudiants le 5 décembre, à la fois pour dénoncer la réforme des retraites mais aussi la précarité étudiante, contrairement à la FAGE qui n’a pas voulu "mélanger les messages".

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