Quelles aides financières pour les étudiants non boursiers ?
Beaucoup d’étudiants ne sont pas éligibles aux bourses sur critères sociaux, mais ne reçoivent pas ou peu d’aide de leurs parents. Pas de panique : plusieurs dispositifs existent pour les aider pendant leurs études.
Sur ce trottoir du XVe arrondissement de Paris, la scène se répète toutes les semaines : une bonne centaine d’étudiants font patiemment la queue pour bénéficier d’une distribution alimentaire gratuite.
"Sans cette aide, je ne pense pas que je mangerais de légumes", avoue Mattéo, étudiant en deuxième année de licence de mathématiques. "Avec mon budget, je mange des pâtes cinq ou six jours par semaine", détaille le jeune homme, qui travaille comme serveur à côté de ses études.
Des étudiants non boursiers en situation de précarité
Mattéo ne perçoit pas la bourse sur critères sociaux, accordée en fonction des revenus des parents. "Sur le papier, mes parents gagnent trop pour que je sois éligible, mais dans les faits, ils sont seulement capables de m’envoyer 100 à 150 euros par mois".
Dans la queue, nombre d’étudiants confient être dans la même situation. "Mes parents ont plusieurs enfants et peuvent m’envoyer 50 euros un mois sur deux", explique Lilo, en L3 de chimie.
"Si vous êtes étudiant et que vous avez des difficultés financières, le premier réflexe devrait être de postuler aux bourses en créant un dossier social étudiant, enjoint Laure Jamme, responsable du service social du CROUS de Paris. Même si vous n’êtes pas retenus, vous allez être redirigés vers les autres aides qui vous sont accessibles.
Une allocation spécifique annuelle pour certains étudiants
Les étudiants qui ne reçoivent pas de bourses et financent eux-mêmes leurs études, comme Mattéo, peuvent être éligibles à une allocation spécifique annuelle.
Pour y avoir accès, il faut avoir gagné dans la dernière année au moins trois fois le SMIC net à l'année, c’est-à-dire 4.139 euros. Il faut aussi être considéré comme autonome par rapport à ses parents, c’est-à-dire avoir son propre logement et surtout remplir sa propre déclaration fiscale.
Des allocations annuelles peuvent également être accordées aux étudiants en rupture familiale, peu importe le revenu des parents. "Le conflit peut avoir toutes sortes de causes : orientation sexuelle, partenaire qui ne convient pas à la famille, choix d’études, disputes, etc., explique Laurence Jamme. Souvent, des étudiants nous appellent juste après avoir été mis dehors."
Les étudiants âgés de plus de 28 ans qui reprennent leurs études, ou certains étudiants étrangers qui vivent seuls en France (Suisse + EEE), ont aussi le droit à des allocations.
Dans tous les cas, une évaluation auprès des assistants sociaux du CROUS est nécessaire pour obtenir l’aide. Dans ce cas, "Il faut expliquer pourquoi les parents ne donnent pas d’aide, surtout s’ils ont de gros revenus", explique Laure Jamme.
L’aide, allant de 1.454 à 6.335 euros sur un an, est ensuite généralement octroyée dans un délai de un à deux mois.
Des aides ponctuelles en cas d'imprévu
Si l’on fait face à une difficulté financière soudaine, il est aussi possible de demander une "aide spécifique ponctuelle" versée d’un seul coup, qui peut aller jusqu’à 3.071 euros. Elle peut être demandée plusieurs fois dans une même année, jusqu’à un total de 6.142 euros. "Contrairement aux allocations annuelles, cette aide est accessible à tous les étudiants de moins de 35 ans, y compris tous les étudiants étrangers", explique Laure Jamme.
"Pour obtenir une aide ponctuelle, l’étudiant doit expliquer aux assistants sociaux l’imprévu ou le problème qui a conduit à la situation, explique l’assistante sociale. Ça peut être une perte d’emploi, une maladie, des problèmes de logement…"
"On a beaucoup de ressources pour aider les étudiants, mais ils ne sont pas toujours au courant qu’elles existent, se désole Laure Jamme. Ça vaut toujours la peine de prendre contact avec le CROUS de votre région, même si vous pensez que vous n’allez rien avoir."