Réforme des bourses : les organisations étudiantes mitigées
Syndicats, organisations et associations ont pris acte des nouvelles mesures annoncées par Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, mercredi 29 mars. S'ils concèdent l'avancée des annonces, les représentants des étudiants attendent l'acte II de la réforme des bourses, qui doit aller plus loin.
Augmentation de 37 euros pour tous les boursiers, ouverture du système de bourse à 35.000 nouveaux étudiants, 20% des boursiers qui passent à l’échelon supérieur... Les annonces étaient attendues de longue date par les acteurs du secteur et notamment des syndicats étudiants qui alertaient, depuis des mois, sur l’explosion de la précarité étudiante.
Elles ont été faites par la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, le mercredi 29 mars dans un contexte de forte mobilisation étudiante et lycéenne des derniers jours, alors que les manifestations contre la réforme des retraites, et par extension contre la crise démocratique, se maintiennent.
Une première main tendue aux étudiants précaires
Ces annonces auront-elles réussi à apaiser la jeunesse ? Cela semble être un premier pas. "C’est quand même une belle somme qui est mise sur la table. Cinq cents millions d'euros, c’est la plus forte hausse qu’on ait connue sur le système de bourses", a reconnu Félix Sosso, porte-parole de la Fage, saluant "une belle victoire pour les mobilisations".
Un effort salué par France Universités qui estime que cette première étape de la réforme des bourses "répond à une attente forte pour lutter contre la précarité étudiante, amplifiée par la crise sanitaire et par l’inflation". La conférence salue également le gel des repas à 1 euro pour les étudiants boursiers et précaires et à 3,30 euros pour les autres étudiants, ainsi que le gel du loyer des logements CROUS, soulignant que "les conditions de vie des étudiantes et étudiants sont essentielles à leur réussite" et que "chacune et chacun doit pouvoir accéder à son projet d’étude, d’insertion professionnelle et d’épanouissement personnel".
De son côté, l'Unef nuance... Le syndicat étudiant concède que "si l’entrée de 35.000 nouveaux boursiers dans le système d’aides sociales est à reconnaître et constitue une avancée, cela relève d’une mesure d’urgence qui, non seulement aurait dû être prise depuis bien des mois, mais n’est certainement pas suffisante face à la violence de la misère sociale qui touche les étudiants". Et l'Unef de rappeler ses réclamations, depuis la crise du Covid, à savoir "100.000 nouveaux boursiers au moins".
"Nous valons plus que 37 euros"
La Fage accueille aussi positivement l’augmentation de 37 euros quel que soit l'échelon de bourse, qu’il qualifie "d’allocation assez efficace des ressources", sans qu’elle soit uniquement concentrée sur les plus hauts échelons. "Pour une première étape, c’est satisfaisant. Maintenant, on espère que ce n’était pas un effet d’annonce dans le contexte politique actuel".
Le porte-parole admet compter sur la "bonne foi du ministère" : "Il faut que ça se poursuive et que chaque année les bourses soient réévaluées sur le montant de l’inflation", estime Félix Sosso. Dans les faits, sans revalorisation en période d’inflation, cela revient à diminuer le montant des bourses.
En revanche, pour l'Unef, l’augmentation de toutes les bourses, quant à elle, est vue comme "un tour de passe-passe arithmétique". Estimant que "nous valons plus que 37 euros", le syndicat appelle les étudiants à maintenir leur mobilisation, pour espérer décrocher une "allocation d’autonomie à hauteur de 1.102 euros et pour le retrait de la réforme des retraites".
Le syndicat estime ainsi que c’est bien la mobilisation étudiante qui "force le gouvernement à sortir le chéquier pour 500 millions d’euros !". La ministre a de son côté assuré, lors d’une conférence de presse le 29 mars, qu’il s’agissait d’un hasard de calendrier, rappelant que le calendrier avait été "fixé depuis octobre", avec une "première étape annoncée aux alentours de février-mars".