Rentrée 2024 : selon l'Unef et l'Union étudiante, le coût de la vie augmente encore pour les étudiants
Les syndicats étudiants Unef et Union étudiante chiffrent une nouvelle hausse du coût de la vie pour les étudiants à la rentrée 2024. Le loyer représente plus de la moitié de la dépense mensuelle des étudiants.
Près de 500 euros annuels. C'est le coût supplémentaire que devront assumer les étudiants cette année par rapport à 2023, selon l'Unef. Chaque rentrée, le syndicat étudiant calcule le coût de la vie, toutes dépenses confondues (logement, charges, alimentation, transports…).
Cette 20e enquête traduit une augmentation du coût de la vie étudiante de 2,25% en 2024. Une augmentation plus faible que l’année passée, marquée par une hausse inédite de 6,5%.
Le syndicat Union étudiante a quant à lui calculé la hausse du coût de la vie étudiante depuis 2017, date de la première élection d'Emmanuel Macron. En sept ans, un tiers des postes de dépense des étudiants augmente de plus de 25% : +30% pour les frais d’alimentation, +53% pour les frais d’inscription, +54% pour le matériel pédagogique et l’équipement et +60,1% pour les produits de santé, d’hygiène et d’entretien.
"Alors qu’un tiers des étudiants reconnaît avoir des fins de mois 'difficiles ou très difficiles', la politique macroniste fait augmenter de 20,80% depuis 2017 leurs dépenses essentielles, soit 166 euros de plus par mois !" pointe le syndicat.
Le logement, première dépense
Pour les étudiants, le loyer constitue toujours le premier poste de dépenses. L'Unef le chiffre à 560 euros mensuels en moyenne dans le parc locatif privé, soit 1% d'augmentation par rapport à l'année dernière. Un montant qui varie grandement selon les villes. Le loyer moyen s'élève ainsi à 804 euros en Île-de-France.
"Depuis de nombreuses années, l’Unef alerte sur l’augmentation alarmante du coût du logement. Cette année, sa part dans le budget est calculée à 53% soit plus de la moitié du budget qu’un étudiant a pour vivre. Les difficultés des étudiants pour se loger sont réelles et la hausse de la tension sur le marché locatif privé dans les villes universitaires ne fait qu'accroître ces dernières", souligne l'Unef.
L'Union étudiante estime, de son côté, à 630 euros mensuels le loyer moyen d'un étudiant, soit une hausse de 2,8% par rapport à l'année dernière. Par ailleurs, "87.000 étudiants ont entamé leur année universitaire 2023 sans logement, faute de moyens", rappelle le syndicat dans son étude.
"C’est dans ce contexte que seulement 5,96% des étudiants sont logés dans les résidences universitaires du Crous", ajoute l'Unef. Les deux syndicats s'entendent sur la même revendication : un plan massif de construction de logements Crous.
L'alimentation et l'électricité en hausse
Les étudiants devront par ailleurs faire face à une nouvelle inflation des coûts de l'électricité (+4,8% en un an) et des produits alimentaires (+0,82% sur un an). Selon l'Unef et l'Union étudiante, près d’un étudiant sur deux saute des repas pour des raisons financières.
Les transports en commun représentent également une part non négligeable dans le budget d’un étudiant. Cette année, l’abonnement annuel pour les non boursiers s’établit à 267 euros en moyenne, stable sur un an. Les étudiants boursiers débourseront en moyenne 244 euros, soit une baisse de 4% sur un an, note l'Unef.
@letudiant_ +de 50% du budget étudiant part dans le loyer en 2024 ! 😩💸 #Rentrée2024 #CoûtDeLaVie ♬ son original - l’Etudiant
Un coût de la vie inégal selon les populations
Ces moyennes cachent cependant des disparités : les étudiants étrangers, les étudiants des territoires d'Outre-mer et les femmes doivent en effet assumer un coût de la vie plus élevé.
Depuis la mise en place du plan "Bienvenue en France" en 2018, les frais d’inscription pour les étudiants étrangers hors Union européenne ont été multipliés par 16, rappelle l'Unef. Le syndicat souligne par ailleurs que plus de la moitié des bénéficiaires des aides d’urgence ponctuelles sont des étudiants étrangers.
Le coût de la vie étudiante est par ailleurs 12% plus élevé pour un boursier dans les DROM qu'un boursier en métropole.
Enfin, l'Unef pointe une différence significative du coût de la vie entre les femmes et les hommes. Un écart dû aux injonctions (maquillage, épilation, etc.), à la "taxe rose" (le prix plus élevé d'un même article destiné aux femmes par rapport à celui pour les hommes), et au tarif élevé des consultations gynécologiques. À cela s'ajoutent les frais liés à la menstruation, qui s'élèvent cette année à 295 euros, soit une augmentation de 14 euros par rapport à l'année dernière, calcule l'Unef.
Des demandes communes des syndicats
Pour le syndicat, la précarité étudiante "s’installe progressivement comme une nouvelle norme sociétale, rendant acceptable le fait de sauter quotidiennement des repas, de devoir abandonner ses études au profit d’un travail ou de voir ses chances de réussite dégringoler en fonction des revenus de ses parents : institutionnalisant la reproduction sociale dès l’entrée dans le supérieur".
L'Union étudiante et l'Unef demandent ainsi des mesures concrètes pour enrayer cette situation. Les deux syndicats ont plusieurs revendications en commun : la mise en place d'une allocation d’autonomie, l'abrogation des frais d'inscription différenciés pour les étrangers, le repas Crous à 1 euro pour tous, ou encore la gratuité des transports publics.