Décryptage

Suppression de l’aide au mérite : les étudiants plus mobilisés que jamais

Conférence de presse "Touche pas à ma bourse, je la mérite" du 29 août 2014, à la mairie du Ve arrondissement de Paris. ©N.L.
Trois membres de l'association "Touche pas à ma bourse, je la mérite" présentent, le 29 août 2014 à Paris, les actions de la rentrée. © Natacha Lefauconnier
Par Natacha Lefauconnier, publié le 01 septembre 2014
1 min

Vendredi 29 août 2014, à la mairie du Ve arrondissement de Paris, les représentants du collectif "Touche pas à ma bourse, je la mérite" ont rencontré élus, syndicats étudiants et bacheliers pour discuter des nouvelles actions de la rentrée. Loin de s’essouffler, la mobilisation se poursuit pour rétablir l’aide de 1.800 € aux étudiants boursiers méritants, supprimée par une circulaire le 24 juillet dernier.

Plus de 7.700 signatures ont été récoltées pour la pétition du collectif "Touche pas à ma bourse, je la mérite", créé fin juillet par des étudiants boursiers concernés par la suppression de l’aide au mérite. Un mois plus tard, "afin de devenir un interlocuteur du gouvernement", ce mouvement apolitique se constitue en association. La nomination, le 26 août, de Najat Vallaud-Belkacem à la tête du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a renforcé leur espoir de voir cette suppression remise en cause.

Option qu'a pourtant réfutée la ministre, ce matin sur les ondes de France Inter, arguant que cette suppression allait "de pair avec les nouvelles bourses mises à disposition ou augmentées pour près de 100.000 étudiants cette année"… Mais sans tenir compte du mérite, reprochent les bacheliers ayant décroché la meilleure mention au bac.

Le soutien de dizaines d'élus

Une cinquantaine de députés et une dizaine de sénateurs se sont manifestés durant l’été pour soutenir "Touche pas à ma bourse, je la mérite", très actif sur sa page Facebook. À commencer par Nathalie Goulet (UDI), sénatrice de l’Orne, où le mouvement a pris naissance avec la création de la page Facebook par deux lycéennes de Flers.

"Je vous encourage chaudement à engager individuellement une procédure pour attaquer cette circulaire qui vous porte préjudice. Ce serait un moyen de pression", a conseillé la sénatrice aux représentants de l’association, lors de leur rencontre du 29 août.

Joëlle Garriaud-Maylam (UMP), sénateur des Français de l’étranger, apporte également son soutien à l'association : "Il existe une bourse d’excellence pour les très bons étudiants étrangers qui veulent étudier dans un lycée français à l’étranger. Il est inadmissible que la France refuse cette bourse au mérite à ses étudiants en France. Il y a un consensus pour votre combat, on vous soutiendra. Cette suppression de la bourse au mérite n’est pas seulement un handicap financier. Ces jeunes adultes ont aussi une volonté d’autonomie et ne souhaitent pas dépendre financièrement de leurs parents", explique Joëlle Garriaud-Maylam.

Les actions à venir

Première action annoncée par "Touche pas à ma bourse, je la mérite" : l’envoi d’un courrier, ce lundi 1er septembre, à Najat Vallaud-Belkacem, reprenant le manifeste de l’association soutenu par 7.700 signataires, et sollicitant d’urgence un entretien avec la nouvelle ministre. L’objectif : lui soumettre des propositions concrètes pour "réformer les critères de la méritocratie, et nomment élargir les critères de l’aide au mérite", explique Antoine Vermorel, l'un des fondateurs de l'association, étudiant à Sciences po.

Les 577 députés recevront eux aussi un mail d’alerte dès aujourd’hui, suivi d’un courrier d’ici à la mi-septembre avec demande de réponse écrite. L’association a d’ailleurs récolté via le site de crowdfunding NextBankers la somme symbolique de 577 € pour financer ces envois postaux.

Si le mouvement n’obtient pas gain de cause après ces multiples sollicitations, une manifestation sur la voie publique sera organisée "fin septembre ou début octobre", confirme Antoine Vermorel. L’étudiant rappelle que les brochures 2013-2014 du CROUS mentionnaient encore l’aide au mérite et que nombreux sont les lycéens boursiers et licenciés méritants à avoir découvert la suppression de cette bourse durant l’été, alors qu’ils comptaient sur ce financement pour boucler leurs fins de mois.

Boursières, méritantes… mais sans bourse au mérite !

Comme beaucoup de lycéens, Aurore et Anaelle ont découvert seulement après l’obtention de leur bac avec mention très bien que l’aide au mérite sur laquelle elles comptaient ne ferait pas partie de leur budget d’étudiante.

Aurore, 18 ans et 19,76 de moyenne au bac 2014, doit entrer en hypokhâgne spécialité musique en septembre, au lycée Fénelon, à Paris. "Ce sont des études chronophages, je ne me vois pas avoir un job à côté !" Bénéficiaire d’une bourse de 440 € selon les critères sociaux du CROUS, la jeune fille a voté dès sa majorité et se dit "déçue" que ses droits soient supprimés par le gouvernement actuel. "À Paris, il faut compter en moyenne 600 € de loyer pour un logement étudiant et 200 € pour se nourrir chaque mois... Je ne vois pas comment on peut s’en sortir ! En l'absence d'une allocation de rentrée scolaire après le lycée, une bourse au mérite m'aurait permis de pallier les frais inhérents à ma scolarité, comme l'achat des nombreux manuels, ainsi que l'entretien de mon violon", calcule cette jeune Bisontine.

Anaëlle, originaire de Bourgogne, a une bourse du CROUS de 160 € et ne touchera pas l’allocation logement de la CAF, "car cela supprimerait les allocations familiales de mes parents, ils ne peuvent pas se le permettre. Les étudiants vont faire des économies sur leur budget culture et sorties", prédit tristement la jeune fille, qui entre elle aussi en prépa littéraire à Paris, au lycée Henri-IV.

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