COP29 : ils sont allés à Bakou pour "donner plus de place aux jeunes dans les décisions"
Samira et Clovis étaient jeunes ambassadeurs à la COP29, qui s'est tenue à Bakou jusqu'au 24 novembre, après des négociations prolongées. Ils racontent leur expérience au cœur de cet événement contre le réchauffement climatique.
"J'ai longtemps hésité, notamment pour des questions de sécurité, mais j'ai finalement décidé d'aller à la COP. C'est important d'être sur place pour parler des questions sur lesquelles je travaille", témoigne Samira, ambassadrice française du Pacte européen pour le Climat à la COP29.
La 29e conférence annuelle des Nations unies sur le changement climatique s'est tenue du 11 au 24 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Si de nombreux jeunes ont boycotté l'événement, en raison du non-respect des droits de l'Homme dans le pays et de sa production d'énergie fossile, certains comme Samira ont assisté aux négociations.
Renforcer le rôle des jeunes
La jeune femme de 26 ans était à Bakou avec l'ONG World's Youth For Climate Justice. L'objectif était de sensibiliser les participants au fait que la Cour internationale de justice doit rendre un avis consultatif sur les obligations des États à l'égard du changement climatique.
"On veut étroitement lier cet avis à la COP, car il va influencer les prochaines conférences sur le climat", explique Samira. Les membres de son ONG ont organisé des événements en marge de la COP afin de parler des obligations des États par rapport aux générations futures.
Les ambassadeurs français du Pacte européen pour le climat ont par ailleurs rédigé une lettre ouverte à destination du président de la COP29, Mukhtar Babayev. "Nous lui demandons d'être plus ambitieux, notamment sur le rôle des jeunes dans le climat. Il faut qu'on nous donne plus de place dans le processus décisionnel, car le réchauffement climatique nous impacte dès maintenant", souligne Samira.
Sensibiliser le grand public
Clovis, créateur de contenu et étudiant en quatrième année de communication des marques et des entreprises à l’Esupcom, était également sur place. Le jeune homme avait une accréditation officielle du Bénin, dont il est originaire, pour représenter son pays lors de la COP29.
En tant que jeune délégué du Bénin, Clovis a réalisé des photos et des vidéos pour mettre en lumière les actions et les engagements de sa délégation, documenter les moments-clés de la COP29 et sensibiliser un public plus large au défi climatique.
"C'était une expérience incroyable, car c'est l'endroit où sont prises les décisions qui ont un impact sur notre avenir", témoigne Clovis à son retour. "J'ai aussi pu expérimenter ma nouvelle orientation professionnelle, et faire du réseautage grâce aux événements dédiés aux jeunes", ajoute le jeune homme, qui souhaite devenir communicant dans le domaine du développement durable.
"En tant que jeune, c'est l'un des rares moments où on peut rencontrer des personnalités avec qui on travaille, abonde Samira. J'ai échangé avec beaucoup de membres d'autres organisations, comme la Youth Climate Collaborative."
Négociations décevantes
Samira et Clovis sont cependant plus sceptiques quant aux résultats des négociations. À la clôture de la COP29, les pays développés se sont engagés à financer davantage les pays pauvres menacés par le changement climatique. D'ici 2035, leurs prêts et dons pour aider les pays en développement dans leurs actions d’atténuation et d’adaptation au changement climatique devront atteindre au moins 300 milliards de dollars (près de 285 milliards d’euros) par an.
Pourtant, près de 1.300 milliards d’euros seraient nécessaires, au plus tard d'ici 2030, selon les pays du Sud.
Le groupe de pays contributeurs n'a par ailleurs pas été élargi. Il comprend 24 pays, dont la France et les États-Unis, mais pas la Chine.
Un texte qui manque d'ambition
Pour Samira, "la décision retenue ne répond pas aux besoins réels". "Le texte n'est pas aussi ambitieux que prévu, on soutenait la demande de 1.300 milliards des pays en développement. Nous voulions aussi que les droits de l'Homme et les questions de genre soient mis en avant, or le texte a été très affaibli à ce sujet", regrette-t-elle.
Clovis a également un avis "mitigé". Présent aux COP27 et 28 avec une casquette de photojournaliste, il estime que cette nouvelle édition a été moins porteuse. "On peut faire mieux. Le montant négocié reste loin du compte pour répondre aux enjeux des pays en voie de développement", pointe le jeune homme.
Il salue cela dit la création du fonds "pertes et préjudices" pour indemniser les pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique.