Reportage

Diversité sociale : des étudiants des grandes écoles invitent des lycéens à une journée de conférences

Le 104, à Paris, lieu d'accueil de La Grande Tribune.
Le 104, à Paris, lieu d'accueil de La Grande Tribune. © Agnès Millet
Par Agnès Millet, publié le 08 juin 2022
6 min

REPORTAGE. Depuis deux ans, des étudiants d'université, d'écoles de commerce et d'ingénieurs, de Sciences po, se rassemblent pour proposer à des lycéens des conférences et des interventions de personnalités inspirantes. L'objectif : créer des ponts et ouvrir le champ des possibles.

Ce samedi 4 juin était organisée une journée de conférences sur le thème du progrès, au Centquatre, à Paris. Des invités prestigieux, un public nombreux… sauf qu'il ne s'agit pas d'un colloque comme un autre.

Les chefs d'orchestre sont étudiants, membres de huit associations de leur établissement (Sorbonne, Essec, CentraleSupélec, Polytechnique, Sciences po, Ensae, HEC et Paris-Dauphine), réunies pour l'occasion sous le nom de "La Grande Tribune".

Non loin des danseuses brésiliennes en répétition et des familles venues se ressourcer dans ce lieu hybride, on remarque, dans la cour ensoleillée, une quinzaine de lycéens au bracelet violet, échangeant avec le Père Matthieu, prêtre et tiktokeur et Nicolas Rebbot, avocat spécialiste du secteur audiovisuel.
2584022-recadree-original.jpg
2584022-recadree-original.jpg ©

Favoriser le dialogue entre lycéens et intervenants

Les questions fusent, sous l'œil attentif d'étudiants repérables à leur t-shirt "La Grande Tribune". On évoque, pêle-mêle, le procès Johnny Depp-Amber Heard et le poids des réseaux sociaux dans le verdict, au milieu de prises de parole plus intimes, en résonance avec le parcours du prêtre, reconverti après une carrière dans la gestion de patrimoine. Ici, c'est le principe : tout intervenant sur scène prend le temps d'échanger avec un petit groupe de jeunes, afin de faire circuler la parole.
Rayane, élève au lycée Suger de Saint-Denis (93) qui a livré un témoignage personnel sur l'amitié, poursuit plusieurs objectifs : "alimenter ma réflexion sur des sujets qui m'intéressent comme le droit et la politique car c'est un devoir : nous sommes la prochaine génération" mais aussi, passer un peu de temps avec des amis. Au passage, il a pris quelques contacts pour des stages sur les stands des entreprises partenaires.

Réaliser concrètement l'ouverture sociale

Théo, étudiant à l'Ensae, insiste sur le fait que les lycéens sont guidés en amont de cette journée. "On prépare les lycéens avant, pour qu'ils en retirent vraiment quelque chose, qu'ils puissent réfléchir à la notion de progrès. L'intérêt de La Grande Tribune, ce n'est pas de faire des conférences sur l'égalité des chances, mais de la réaliser concrètement : en faisant venir des lycéens, en leur montrant qu'ils sont capables de comprendre des conférences et de poser des questions".
Dans l'amphi, un peu avant midi, les lycéens, concentrés, écoutent notamment la philosophe et sociologue Dominique Méda, l'économiste Philippe Aghion ainsi que l'essayiste David Djaïz, sur une table ronde intitulée "Concilier progrès écologique et économie".

Susciter l'échange entre étudiants et lycéens pour parler des grandes écoles

Pour compléter les conférences, les huit associations ont également mobilisé 60 étudiants, bien visibles et briéfés pour aller au contact des lycéens, afin de leur parler de leurs études et des moyens d'accès. Et surtout, pour qu'ils puissent poser toutes les questions qu'ils souhaitent. Aya, en 1re au lycée Jean Macé, à Vitry-sur-Seine (94), a sauté sur l'occasion. "J'étais déjà venue l'an dernier et j'avais beaucoup aimé. C'est super bien organisé, intéressant et inspirant".
Cette année, elle a entrainé plusieurs camarades. Elle et son amie Ines sont intéressées par des études à Sciences po et ont discuté avec Raphaël, qui y étudie et dont elles ont pris le contact. L'étudiant confie s'être impliqué dans l'événement pour le défi organisationnel mais que la dimension d'ouverture sociale est devenue prioritaire, pour le côté "très stimulant et très cool".
Au total, près de 500 personnes se sont inscrites, dont un tiers de lycéens, originaires de lycées contactés en amont via des associations comme Article 1 ou les Déterminés. "Mais il y a aussi du bouche-à-oreille entre lycéens, et du public extérieur", se réjouit Félix, élève à l'Essec et président de La Grande Tribune.

Une coopération entre étudiants de grandes écoles différentes

"Ce projet fonctionne car nous venons d'écoles différentes. Sinon, il y aurait une partialité dans le choix des intervenants et de l'entre-soi", estime Antoine, étudiant à HEC. Et c'est l'une des principales motivations des étudiants participants : "rencontrer des élèves issus d'autres établissements", comme le dit Matthieu, étudiant à l'Essec et animateur de conférences.
Bertille, étudiante à HEC, le confirme. "J'ai participé à la première édition, qui avait pour but de lancer un projet commun à différents établissements. Mais faire le lien a été le point le plus difficile, car on ne se connaissait pas et l'on a des façons de raisonner différentes. Il a fallu défricher".
Comme tous les participants et les organisateurs, elle s'enthousiasme : "C'est génial de voir comment la nouvelle promotion s'est emparée de projet. L'idée d'organiser la journée ici plutôt qu'à la Sorbonne comme l'an dernier s'harmonise avec nos valeurs, cela ouvre sur le monde. Et ils ont réussi à passer un cap, grâce à un budget débloqué auprès de sponsors."
Une réussite qui ne doit rien au hasard puisque l'événement se prépare depuis cet automne et que près de 600 mails avaient été envoyés pour trouver des entreprises partenaires. Et les organisateurs ne veulent pas s'en tenir là. "Nous pouvons désormais structurer l'action. Par exemple, en invitant des lycéens à des conférences organisées dans nos établissements, tout au long de l'année", imagine déjà Félix.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !