Portrait

Grégoire Cazcarra veut réconcilier sa génération avec la politique et l’engagement citoyen

Grégoire Cazcarra devant des étudiants lors d'une conférence
Grégoire Cazcarra devant des étudiants lors d'une conférence © Fournie par le témoin
Par Clément Rocher, publié le 13 avril 2022
7 min

GÉNÉRATION ENGAGÉE. Président du mouvement citoyen Les Engagés, co-fondateur de l’organisation A Voté et co-créateur de l’application Elyze, le jeune étudiant de 22 ans mène un combat contre l’abstention dans son deuxième ouvrage appelé "Aux Urnes !"

Le nom de Grégoire Cazcarra ne vous est peut-être pas totalement inconnu. En janvier 2022, le jeune étudiant âgé de 22 ans, diplômé de Science po Paris, a lancé avec François Mari l’application mobile Elyze. Objectif : mettre en avant les propositions des candidats de cette élection présidentielle.

Ce nouvel outil pour rendre la politique plus accessible aux jeunes a aujourd'hui dépassé les deux millions de téléchargements. "On ne pouvait pas l’anticiper. On voit que le combat contre l’abstention n’est pas perdu d’avance. L’application n’a pas eu vocation à donner une consigne de vote mais les jeunes ont découvert des propositions voire des candidats qu’ils ne connaissaient pas", explique-t-il.

La naissance d'un engagement citoyen

Grégoire a montré son intérêt pour la politique dès le plus jeune âge. Mais c'est à 17 ans, alors qu’il n’avait pas encore le droit de vote, que Grégoire a fondé sa propre association appelée Les Engagés. "On était en pleine élections présidentielle et législatives. J'étais déjà passionné par la campagne et je voyais autour de moi mes camarades qui ne s’intéressaient pas forcément à la politique. L’idée était d’imaginer un mouvement pour et par les jeunes qui puisse réconcilier notre génération avec la politique et l’engagement citoyen."

Lancée en juin 2017, l'association fonctionnait à l’origine comme un club de débat avec des réunions organisées dans des cafés pour échanger sur des sujets de société et politiques. Mais peu à peu le mouvement a pris de l’ampleur et s’est développé dans plusieurs ville de France : à Paris, Lille, Rennes, Toulouse, Montpellier. Depuis cinq ans, l'association multiplie les événements et organise des conférences, des débats et des rencontres aussi bien avec des intellectuels et des artistes qu'avec des dirigeants associatifs ou des entrepreneurs.

"Le bilan des Engagés est enthousiasmant. Surtout que la vie du mouvement s’est encore accélérée ces derniers mois dans ce contexte de campagne présidentielle, avance le jeune homme. L’enjeu pour nous désormais, c’est d’arriver à pérenniser le mouvement sur le long terme mais aussi et surtout de briser les plafonds de verre. Nous devons réussir à parler à tous les jeunes et non uniquement aux jeunes diplômés et issus des milieux urbains, ceux qui sont déjà intéressés par la politique."

Le défi de l’abstention

Fort de ces succès, le jeune homme a lancé d'autres projets. Comme A Voté, la première ONG française dédiée à la lutte contre l’abstention. "Ce projet a été lancé au lendemain des élections régionales et départementales, marquées par des records d’abstention chez les jeunes. Nous avons aussi pour vocation de lutter contre un phénomène dont on parle peu, celui de la mal-inscription sur les listes électorales."

Grégoire cherche ainsi à réconcilier les jeunes avec le vote. "Si on veut y arriver, il faut multiplier les initiatives, ne pas toujours utiliser les mêmes outils. Et surtout agir dès le plus jeune âge, car toutes les études sociologiques montrent qu’un jeune qui ne vote pas lors de sa première élection a très peu de chance de voter lors des élections suivantes", affirme-t-il.

Mais pour le jeune étudiant, le défi est global. "L'objectif n’est pas seulement de réussir à faire voter les jeunes mais plus largement de réduire l’abstention sur le long terme, y compris pour les élections législatives. Elle augmente quasiment systématiquement élection après élection. Il faut faire le maximum et réussir à convaincre les jeunes que cela a encore un sens d’aller voter."

Car pour Grégoire, contrairement à certaines idées reçues, les jeunes ne se désintéressent pas de la politique. "Nous sommes une génération profondément engagée. Les jeunes s’engagent dans des associations ou sur les réseaux sociaux, créent des projets citoyens et solidaires. Mais c’est vrai que le vote n’est plus forcément perçu par notre génération comme l’outil d’expression civique le plus pertinent et le plus efficace. Tout l'enjeu, c’est d'expliquer que le vote est indispensable si on veut aller au bout de ses engagements et si on veut qu’ils se traduisent par des politiques publiques concrètes."

Un appel au vote avec "Aux Urnes !"

Quelques mois après la parution de son premier livre, "Génération engagée", Grégoire s’interroge sur les causes profondes de l’abstention dans un nouvel ouvrage intitulé "Aux urnes !" "J’essaie de retracer l’évolution historique des mécaniques de participation électorale en France. Je propose aussi plusieurs idées pour créer une 'société de l’engagement.' Je préconise par exemple la création de bureaux de vote dans les campus universitaires car de nombreux jeunes quittent leur domicile au moment de commencer leurs études dans le supérieur. Je pense aussi que nous devons faciliter les démarches d’inscription sur les listes électorales et de procuration", avance-t-il.

"N’oublions pas aussi que certains citoyens décident délibérément de ne pas aller voter. C’est un acte politique, une abstention volontaire. Enfin, il faut aussi réussir à mieux valoriser l’engagement des jeunes, avec par exemple une option 'engagement' au baccalauréat, puis, une fois à l’université, des crédits ECTS pour récompenser les étudiants qui s’engagent. Je propose d’ailleurs d’organiser chaque année une 'semaine de l’engagement citoyen' dans tous les lycées de France."

Actuellement étudiant en master d’humanités à l’ENS-PSL mais aussi dans le programme Grande école de l’ESCP, Grégoire semble infatigable. "Tous ces projets me passionnent. Je n’ai pas tellement l’impression de travailler, c’est vraiment motivant. Mais ce qui est complexe c'est de réussir à s'organiser entre les projets associatifs, l’écriture et les études. Je ne dis pas que c’est facile tous les jours mais j’arrive dans l’ensemble à trouver un rythme de vie équilibré. Pour rien au monde je ne ralentirai le rythme des projets !"

"Génération engagée"
A l'occasion de l'élection présidentielle, l’Etudiant a donné la parole à des jeunes – lycéens, étudiants, etc. – engagés dans des projets citoyens, associatifs ou encore politique. Tout au long de la campagne, nous avons brossé le portrait de cette génération engagée. Une occasion de connaitre aussi leur vision de cette élection, des candidats et les enjeux qui leur sont chers.

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