"Le gros avantage, c’est d’être passionné" : Tanguy a passé huit mois en service civique écologique

Le nouveau service civique écologique propose des missions dans le domaine de l'environnement. Tanguy a rejoint la Ligue de protection des oiseaux pour une mission de terrain en Bourgogne Franche-Comté durant laquelle il part observer les milans royaux à la nuit tombée.
Tanguy, 21 ans et diplômé d’un BTS en communication, a toujours été intéressé par la nature. Il y a cinq ans, il a approfondi cette passion en réalisant de la photo animalière. "J’ai commencé par les mammifères, puis de fil en aiguille, je me suis intéressé aux oiseaux. En ce moment, je photographie le lynx sur mon temps libre", raconte le jeune homme originaire de Bourgogne-Franche-Comté.
En mai dernier, il a intégré un service civique écologique, au sein de la LPO . "J’avais fait des stages de communication dans le domaine de l’environnement. Maintenant, j'ai envie d’aller sur le terrain et d’expérimenter", explique-t-il.
À la recherche du milan royal
Ce jeudi 16 janvier, il réalise sa dernière mission de terrain avant la fin de son engagement dans quelques jours. Jumelles autour du cou, parka zippée jusqu’au nez, il est à l’affût d’une espèce bien particulière : le milan royal.
Sa mission consiste à compter le nombre de milans royaux dans le secteur qui lui a été attribué, à 45 minutes de route de Besançon (25). Une quarantaine de bénévoles se répartissent dans la région pour recenser cette espèce depuis plusieurs mois.
Tanguy est accompagné de son tuteur, Samuel Maas, chargé de mission ornithologie à la LPO. L’opération de comptage dure trois à cinq heures, idéalement en fin d'après-midi. La mission commence en voiture, afin de repérer les "dortoirs", les arbres où les milans royaux se juchent à la tombée de la nuit.

"C’est magique pour l’observateur"
Sur la route, Tanguy et Samuel observent le ciel jusqu’à repérer un milan royal. "En voilà un ! On le reconnait à son vol ample de grand planeur", pointe Samuel en s’arrêtant sur le bas-côté. "C’est un grand et très bel oiseau : une tête grise, un ventre roux, des carrés blancs au milieu des ailes, et une queue triangulaire et fourchue", décrit-il, jumelles à la main.
Une fois le dortoir identifié, Tanguy récupère une longue-vue, un pied pour l’installer, et ses jumelles. "Un dortoir, ça peut aller de 2 à 280 oiseaux. Le plus grand que nous avons observé avec Tanguy, c’était un dortoir de 50 milans royaux, à côté d’un autre de 30. C’est magique pour l’observateur", raconte Samuel. C’est à ce moment, lorsque les oiseaux sont immobiles, que le comptage est le plus précis.

Oeuvrer pour la protection des espèces
Cette année est la plus riche depuis 2008, avec environ 17.000 milans royaux repérés. "C’était une espèce fortement menacée dans les années 90. On voit le fruit de notre travail", se réjouit Samuel. La LPO assure le suivi démographique de cette espèce afin de développer des programmes de conservation, des programmes de recherche, et de sensibiliser la société à la biodiversité.
Dans le cadre de son service civique écologique, Tanguy a sensibilisé des classes de 1re sur la conservation des espèces, et accompagné des bénévoles lors de mission de prospection. "Je devais trouver des indices indiquant la présence de loutres et de castors : des crottes, des empreintes, ou encore de l’écorce des arbres grignotée par les castors", illustre Tanguy.
Un aspect humain très précieux
Au deuxième poste d’observation, les milans se font plus rares, et le vent de plus en plus fort. Malgré le froid, Tanguy attend patiemment, ses yeux verts rivés vers le ciel. "Le gros avantage, c’est d’être passionné : on n’a pas de mal à attendre et à se donner du mal pour trouver l’oiseau qu’on cherche. La curiosité aussi est un moteur dans ce type de mission", témoigne le jeune homme.
Les longues-vues de Tanguy et Samuel piquent la curiosité d’un couple de passants. "C’est le ballet des milans qui viennent tous les soirs", leur explique Samuel. Ce type d’échange est monnaie courante pour les bénévoles de la LPO. "On venait souvent nous voir pendant l’observation des hirondelles dans les villages, raconte Tanguy. Ce côté humain est aussi très précieux dans nos missions. On en profite pour faire de la pédagogie, et c’est intéressant d’apprendre ce que les gens pensent de la biodiversité."

Poursuivre dans l’associatif
Après huit mois de service civique écologique, Tanguy a acquis de solides connaissances en ornithologie, l’étude des oiseaux. En plus du terrain, il a réalisé deux formations dans ce domaine, financées par la LPO. Ce service civique lui a "permis d’y voir plus clair, et d’ajouter un bagage naturaliste à celui de la communication".
Conquis par le milieu associatif, il espère désormais y travailler. Une vocation qui pourrait se concrétiser : entre deux observations, il vient de postuler pour un CDI dans une autre association de protection de la nature.
Un nouveau service civique centré sur l’environnement
Créé en 2024, le service civique écologique a pour objectif de proposer 50.000 missions en faveur de la transition écologique d’ici 2027. Les missions sont diverses, de l'apprentissage de la réparation de vélos à la préservation des forêts, y compris à l'international.
Le service civique écologique est ouvert au même public que le service civique classique : les jeunes de 16 à 25 ans, et jusqu'à 30 ans s’ils sont en situation de handicap.
La rémunération est également de 620 euros nets par mois. Le volume horaire varie selon la mission : Tanguy réalise par exemple 28 heures par semaine, réparties sur quatre jours.