Soirées étudiantes : les associations font de plus en plus de prévention
Si la consommation d’alcool et parfois de drogues reste une habitude des jeunes étudiants lors des événements festifs, les associations qui organisent ces soirées déploient de plus en plus de dispositifs de prévention.
Week-ends d’intégration, soirées, barathons, Halloween party… Depuis la rentrée, les associations étudiantes ne manquent pas de proposer des moments festifs.
"La présence d’alcool lors de ces événements clés reste dans les mœurs", énonce Juliette, présidente de la Fédération des étudiants troyens Campus 3 (FET). Mais pour éviter les excès et les risques liés à l’alcool ou à d’autres substances, les organisateurs de ces événements tendent à multiplier les mesures de prévention.
De nombreux dispositifs de prévention
Certaines associations se dotent d’ailleurs d’une "commission", ou d’un "pôle" dédié à la prévention, soit de manière permanente, soit en lien avec un événement particulier. C’est le cas de la FET pour sa Nuit Campus 3, soirée électro qui a lieu tous les ans en fin d’année. L’objectif des membres de ces petits groupes : déployer des dispositifs pour éviter les excès, informer sur les risques, mais aussi les éviter. Cela passe par des affiches de prévention, la distribution d’éthylotests, ou la mise en place de navettes pour rentrer chez soi…
"Pour notre soirée d’intégration, nous avons régulé la vente d’alcool, grâce à un système de bracelets : pas plus de 5 verres d’alcool par personne, et pas d’alcool pour les mineurs", décrit Anna, co-présidente de l'Association tourangelle des étudiants en droit, qui assure qu’"il n’y a jamais de gros débordements" durant ces soirées.
"Nous cherchons toujours à améliorer nos dispositifs, et à proposer de nouvelles idées", affirme Alice. La dernière en date : une "safe zone" durant les soirées, avec des casques anti-bruit, "pour les personnes qui auraient besoin de s’isoler".
Anna remarque cependant que la "prévention simple n’est pas ce qui fonctionne le mieux : il n’y avait pas foule au stand tenu par des étudiants 'relais-santé', lors de notre soirée d’intégration". Difficile en effet de mesurer l’impact des affiches, ou des messages postés sur les réseaux sociaux.
Les formations au sein des établissements
La distribution gratuite d’eau, et des softs à des tarifs inférieurs à ceux des consommations alcoolisées, sont également des propositions qui semblent se généraliser. Elles figurent parmi les conseils du Guide 2024 des "événements festifs et d’intégration étudiants", édité par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Depuis quelques années, les associations étudiantes bénéficient également d’un accompagnement plus développé sur ces questions, notamment de la part de l’université elle-même. "Nous avons eu recours au service de santé universitaire", confie Anna. "Nous sommes toujours en lien avec l’administration, avec qui nous avons eu des réunions régulières pour préparer nos deux semaines d’intégration", confirme Alice, membre du bureau des étudiants de l’université de technologie de Troyes.
La plupart des établissements proposent aujourd’hui des formations spécifiques. À l’université de Nanterre par exemple, les étudiants peuvent s’inscrire depuis 2022 aux modules "Organiser un événement festif responsable", ou encore "Agir contre les violences sexistes et sexuelles". "Au début, ces formations étaient moins remplies qu’aujourd’hui, où elles sont complètes, et il y avait plus d’absentéisme", constate Christelle Tran, responsable administrative adjointe chargée de la vie associative étudiante. La FAGE délivre également des formations de ce type, qui rencontrent un fort succès.
Encore des limites
Mais déployer ces mesures et les faire évoluer nécessite "des gens motivés, et on reste sur du bénévolat étudiant", rappelle Juliette. Elles dépendent aussi de partenariats avec des organismes comme la Sécurité routière, et de subventions accordées par les universités. Et ces dispositifs se limitent souvent aux événements d’ampleur, comme les intégrations, les galas ou des soirées thématiques.
"Pour les soirées en boîte de nuit, ce n’est pas nous qui gérons la vente d’alcool et la prévention, et il n’y a pas non plus de mesures mises en place pour les petits afterworks", reconnaît Anna. "Lors des événements qui ne sont pas déclarés auprès de l’université, il n’y a sûrement pas de prévention, suppose Christelle Tran. Mais lorsque les associations prennent la peine de déclarer leurs soirées, et suivent des formations non obligatoires, j’ai le sentiment qu’elles essaient de mettre en place des choses, même si, bien sûr, nous ne sommes pas derrière elles pour le vérifier."