Entre "révélation" et "ras-le-bol" : des jeunes en service civique témoignent
Depuis sa création, plus de 700.000 jeunes ont réalisé un service civique. Si certains ont pu trouver leur voie grâce à cette expérience, d’autres évoquent un sentiment d’exploitation, remettant notamment en cause le salaire et les missions à effectuer.
"Une révélation" pour les uns, un "ras-le-bol" pour d'autres, le service civique reste une expérience professionnelle plus facile d’accès pour les étudiants et demandeurs d’emplois. L'Etudiant a donné la parole à des jeunes en service civique. Témoignages contrastés.
Le service civique, "une opportunité incroyable" ?
Jorys est en service civique dans un centre social de quartier prioritaire à Vannes (56). "Un plan B", après sa licence de droit qu'il a obtenue. "Je n'ai pas réussi à trouvé de master, donc je me suis tourné vers le service civique. J'ai choisi une mission très différente de mes études, j'en avais marre de ma formation et du fonctionnement de la fac", raconte le jeune homme.
Un bol d'air pour l'étudiant qui a pu pendant sa mission s'occuper de l’animation auprès d'un public d’enfants de 4 à 10 ans. "J'ai aussi participé à l'organisation d’événements que ce soit des fêtes de quartier ou même de Noël", évoque Jorys.
Ce service civique a d'ailleurs été une "révélation" : "C’était une opportunité incroyable pour moi, j’ai complètement changé de voie. Je me suis réorienté vers une formation d'animation en apprentissage pour obtenir un BPJEPS LTP [brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport mention loisirs tous publics]. Je fais mon apprentissage dans le même centre social à Vannes !" s’exprime-t-il.
Même ressenti pour Olivia, qui réalise son service civique au sein de l’association Unis Cité. "J'ai beaucoup appris lors de ma mission pour lutter contre l’isolement social des personnes âgées, résume la jeune femme. Je crois avoir trouvé ce que je veux faire l’année prochaine, grâce à mon service civique !"
Le service civique, une alternative pour se professionnaliser
Carla, qui a effectué son service civique à la Fondation Claude-Pompidou où elle rendait visite à des personnes âgées, juge le service civique comme une première expérience professionnelle de longue durée. Diplômée d'une licence de psychologie, la jeune étudiante souhaite intégrer un master de gérontologie.
Ce service civique a donc été une "alternative positive" par rapport à des stages notamment. "Pendant ma mission, j'ai pu avoir un point de vue plus concret par rapport à ce que j'ai pu apprendre en licence. Même si j'appréhendais avant de démarrer ma mission car je n'ai aucune expérience, le fait d'être sur le terrain avec des personnes âgées est un vrai plus pour mon dossier de master", estime Carla.
Le service civique, "de la main-d'œuvre pas cher" ?
Si le service civique a été une révélation pour Jorys et Olivia, pour Julie*, le constat reste amère. La jeune femme, qui a choisi de réaliser sa mission dans un lieu de spectacle public, a le sentiment d'être exploitée par moment.
"Je commence à ressentir un vrai ras-le-bol. On me confie des missions redondantes, que personne d'autre ne veut faire et qui n'étaient pas prévues dans mon contrat, et j'ai aussi des déplacements assez loin. Je trouve ça un peu abusé pour ce que je suis payée... Je ne me sens pas épanouie", tranche Julie qui avait choisi cette mission par passion pour le monde du spectacle.
Ce sentiment d’être de la "main-d’œuvre pour pas cher", elle a également pu l'observer chez d'autres personnes en service civique qui "se sont même retrouvés à travailler le samedi." De son côté, si Olivia a vécu une expérience positive, elle dénonce l'aspect "pro-gouvernement" du service civique. "Les missions semblent orchestrées par le gouvernement avec des formations civiques et citoyennes très orientées politiquement."