Portrait

Hakim Soudjay : il écrit dans ses livres la force de ses rêves

Hakim Soudjay utilise sa plume contre les injustices.
Hakim Soudjay utilise sa plume contre les injustices. © Hakim Soudjay
Par Sonia Déchamps, publié le 21 septembre 2016
1 min

LES JEUNES ONT DE L'AVENIR - Fils d’immigrés comoriens, Hakim, 25 ans, a grandi dans le secteur défavorisé de l’Albeck, à Grande-Synthe (59). Très tôt, un objectif s’est imposé à lui : casser la mauvaise image des quartiers grâce à l'écriture.

La grande arme d’Hakim : sa plume. À 22 ans à peine, il publiait son premier livre, inspiré de son quotidien : "Histoires de quartier-From GS, with love" (autopublié sur Bookelis). Scènes de vie ordinaire, bien loin des clichés. "Dès qu’on parle de quartiers, on parle de drogue, de vol, de voitures qui brûlent, etc. J’ai vu tout ça pendant mon enfance et mon adolescence, mais je voulais montrer que mon quartier ne se résumait pas à ces mauvaises choses, qu’il y avait du partage, des gens extraordinaires."

Pari réussi. "J’ai reçu des messages de personnes de tous milieux. Certaines me disaient : "Aujourd’hui, j’arrive mieux à comprendre ce qui se passe dans un quartier, j’ai plus de recul par rapport à tout ce que je peux entendre". D’autres, issus de ces quartiers : "Merci de représenter un peu ce qu’on vit au quotidien et de mettre des mots sur cette réalité que les gens ne connaissent pas"."

Engagé volontaire

Son engagement, Hakim en fait aussi la preuve sur le terrain. Après son bac S, peu convaincu par les études de droit engagées à Dunkerque (il arrête en deuxième année), il croise le chemin de l’association Unis-Cités. Coup de foudre. "J’ai retrouvé dans cette asso toutes les valeurs qui m’ont toujours tenu à cœur : l’engagement pour les autres, la diversité, le vivre ensemble, la solidarité." Accepté comme volontaire en service civique en 2014 à Dunkerque, Hakim a pu mener deux missions : l’une auprès des réfugiés à Calais et Dunkerque, l’autre auprès des personnes âgées, "pour rompre leur isolement".

Les deux leçons d'Hakim

De cette riche expérience, Hakim a retiré deux grandes leçons. La première : relativiser ce qui arrive dans la vie. "Quand on côtoie un peu les réfugiés syriens, soudanais, érythréens, on est obligé de prendre du recul et de se dire qu’on a la belle vie ici, qu’on n’a pas à se plaindre. Il y a des gens qui viennent de loin, qui ont des parcours beaucoup plus lourds et qui pourtant gardent le sourire."

Deuxième leçon : "Quand on mélange des gens aux profils différents, il peut se passer un truc vraiment intéressant. J’ai vu des jeunes de quartiers défavorisés travailler avec des volontaires venant de quartiers beaucoup plus riches, ou même de la campagne. Ils sont devenus proches et créaient des choses vraiment fortes, montaient des projets artistiques (graph, musique, cinéma...) ou sociaux." Une image d’espoir, Hakim en est sûr, pour le reste de la société. "Ce n’est pas qu’une utopie, on peut faire des choses tous ensemble !"

Retour à l'école

Et c’est bien pour poursuivre son action au plus près des gens qu’Hakim vient d’intégrer une formation afin de devenir éducateur spécialisé en trois ans. "L’avenir du pays repose un peu sur ce qui va advenir dans ces quartiers. Toutes les tensions qui y germent peuvent avoir des répercutions terribles sur le pays. Donc j’ai envie d’agir pour ces quartiers, et pour la société en général", insiste Hakim.

Hakim n’en abandonne pas pour autant l’écriture, une passion devenue levier d’action. Le jeune homme est en train de finir un nouveau livre, "un roman "inspiré de faits réels" qui tournera autour des violences et bavures policières. Ce sera surtout un moyen de parler de questions de fond par rapport à toutes les injustices qui peuvent avoir lieu dans ces quartiers, créer du ressentiment, et de l’injustice en retour." Talent à suivre !

 

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