Contrairement à une idée reçue, les jeunes s’intéressent à l’information. Adeptes de la gratuité et du Web, ils semblent toutefois moins attachés à un support en particulier qu’aux infos qu’ils y puisent. Et plus ils s’informent, plus ils sont confiants dans les médias. Voilà quelques-uns des résultats de notre sondage* en ligne, réalisé en partenariat avec les Assises internationales du journalisme et que nous vous détaillons avec l’aide d’experts sur les médias et les jeunes.
Ce que nous dit le sondage |
Alors que les lycéens sont plutôt adeptes de la télévision (44 % la choisissent en priorité pour s'informer, 30 % optant pour Internet et 15 % pour la presse écrite), les étudiants préfèrent nettement le Web : 45 % y ont recours pour s'informer, contre 25 % pour la télé, qui arrive devant la presse écrite (20 %). Avec les lycéens, la télé confirme ainsi sa place de média familial, en bonne place dans le salon/salle à manger, qui se regarde avec les parents. De leur côté, les étudiants, évidemment plus autonomes, préfèrent surfer sur le Net plutôt que de se coller devant le JT de 20 heures.
Des pratiques différenciées selon l’âge et le sexe
Sans surprise, la presse écrite est donc plutôt délaissée. Ce sont les quotidiens gratuits qui s’en sortent le mieux : ils sont les plus lus, et plus souvent par les étudiants que par les lycéens. Quant aux quotidiens payants, aux hebdos et aux magazines (spécialisés, féminins, people…), seul un tiers des jeunes interrogés affirme en lire “au moins” un par semaine. Les étudiants lisent à peine plus la presse écrite que les lycéens.
On notera que, par rapport aux filles, les garçons déclarent passer plus de temps et dépenser plus pour s’informer. Mais sur ce point, rien ne dit que les garçons n’auraient pas tendance à se surévaluer alors que les filles seraient plus objectives…
Enfin, les résultats du sondage ne permettent pas de différencier les pratiques des lycéens selon leurs filières, faute d’un nombre significatif de réponses des élèves de lycées professionnels et technologiques, auxquels letudiant.fr s'adresse pourtant : parmi les 46 % de répondants au sondage qui sont dans le secondaire, 92 % sont en séries générales, 6 % en séries technologiques... 1 % en bac professionnel et 1 % au collège.
Ce qu’en disent nos experts |
De l’importance de l’école et de l’environnement familial
“À première vue, note Évelyne Bévort, directrice déléguée du CLEMI (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information), plus les jeunes sont en filière générale, plus ils sont sollicités dans le cadre de leurs études, plus ils s’informent de façon plus approfondie sur une échelle de sujets plus larges.” Mais à première vue seulement. “Car au-delà des cursus, précise-t-elle, les pratiques différenciées vis-à-vis de l’info tiennent beaucoup au travail fait au niveau de l’école, mais aussi et surtout à l’environnement familial. Et quand il n’y a pas de journaux à la maison, c’est compliqué de s’intéresser à la presse…”
Une habitude des médias à acquérir au plus tôt
Enfin, pour Marie-Christine Lipani, chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bordeaux 3, l’enjeu générationnel est décisif : “Toutes les enquêtes montrent que les habitudes de lectures prises dès le plus jeune âge sont acquises sur le long terme.” En clair, il ne suffit plus de dire que les jeunes qui ne s’informent pas changeront d’attitude plus tard : ceux qui délaissent les médias maintenant ont peu de chances de s’y intéresser plus tard.
Novembre 2010