Avec 1 chambre Crous pour 17 étudiants, la pénurie de logements continue de s'aggraver

Selon le dernier rapport du Conseil national de l'habitat, l'offre de logements Crous ne répond qu'à 7% des besoins en logements étudiants. Et avec des logements sociaux également difficiles d'accès, la grande majorité des étudiants doivent se loger dans le privé.
Plus de 70% des jeunes de moins de 25 ans vivent dans le parc privé, selon un rapport du CNH publié en janvier 2025. Les logements publics ne répondent pas à la demande de logement étudiants. Particulièrement l’offre en résidence Crous, qui ne répond qu’à 7% des besoins.
Selon le rapport, la situation s'est aggravée ces 20 dernières années. Entre 2000 et 2022, le nombre d'étudiants a progressé de 36%, passant de 2,16 millions à 2,94 millions. Dans le même temps, le nombre de logements Crous n'a augmenté que de 15%, allant de 150.000 à 174.000. Cela représente une chambre Crous pour 17 étudiants en 2022, contre une pour 14 en 2000.
Une pénurie durable de logements dédiés aux étudiants
Cette pénurie de logements étudiants n’est pas nouvelle, souligne le Conseil national de l'habitat. Déjà en 2007, un rapport pointait le besoin de 39.000 places supplémentaires. Pourtant, seules 19.700 places ont été créée entre 2007 et 2021.
Ces constats sont à différencier en fonction des territoires : certains accueillent de nombreux étudiants mais ne comportent pas de logements Crous, comme à Bastia ou à Dunkerque. À Pau, Caen, Perpignan, Evreux ou Blois, plus de 12% des étudiants vivent dans des résidences Crous contre seulement 3% des étudiants parisiens ou 2,3% des étudiants stéphanois.
Alors que le loyer représente le premier poste de dépense des étudiants, le CNH appelle au développement "d'une offre abordable pour les étudiants".
Ouvrir 4.000 places par an dans les résidences Crous
Le Cnous a affirmé, lors d’une conférence de presse en novembre dernier, sa volonté d'accélérer la construction de nouveaux logements ainsi que la réhabilitation des logements existants.
"Chaque année, nous sommes capables d’ouvrir 2.000 à 3.000 nouvelles places, dans le cadre de logements construits par le Cnous ou par des bailleurs. Notre objectif est de passer à 4.000 places de plus par an", avait alors précisé Clément Cadoret, directeur général délégué du Cnous.
Une cartographie sera finalisée au printemps 2025, afin d’identifier les zones où il faudra construire.
Les logements sociaux, une alternative peu connue et très concurrentielle
Par ailleurs, les logements sociaux, qui représentent une alternative bon marché pour les étudiants qui n'ont pas décroché de place en résidence Crous, accueillent encore peu de jeunes.
Les jeunes de moins de 25 ans ne vivant pas chez leurs parents sont moins de 17% à être locataires du parc social. "Cette situation semble contre-intuitive : les jeunes, partie de la population la plus précaire dans l’emploi avec les revenus les plus faibles, devraient parvenir à se loger davantage dans le parc social", souligne le rapport. Cette difficulté d'accès au logement social s'explique à la fois par la concurrence avec d'autres publics, et par le fait que le parc social propose moins de petites surfaces que le parc privé.
"Quand tu postules à une annonce et que tu vois 500 candidats, tu penses que tu n’as aucune chance", témoigne ainsi un jeune sous couvert d'anonymat auprès du CNH. "Pour le logement social, j’ai eu une trentaine de refus. Et à chaque fois, on te réoriente vers des logements plus chers. Au-delà de 1.000 euros de loyer", ajoute un autre.
La méconnaissance de cette offre, la lourdeur de parcours administratif et la longueur des délais expliquent également le faible recours des jeunes aux logements sociaux.
Plus de la moitié des étudiants en résidence Crous manquent d'espace
Le manque de logements dédiés aux étudiants n'est pas la seule problématique soulevée. "Le parc Crous est vieillissant et semble de moins en moins répondre aux besoins des étudiants", pointe le rapport.
Selon l’OVE , 56% des étudiants logeant en Crous disent manquer d’espace contre 28% pour l’ensemble des autres étudiants, 19% disent avoir des problèmes d’insalubrité contre 14% pour les autres, 19% disent manquer d’accessibilité (rampes d’accès, ascenseur, etc.) contre 9% pour les autres.
L’OVE ajoute qu'après le terme "bon marché", ce sont les mots "vieillissant", "froid" et "triste" qui sont le plus fréquemment cités, avant le terme "sécurisant", lorsque l’on parle des logements Crous.