Des logements étudiants seront-ils vraiment réquisitionnés pour les JO 2024 ?
A moins de 500 jours des Jeux olympiques de Paris, le Crous a fait savoir à certains étudiants que leur logement pourrait être réquisitionné pendant tout l’été, promettant une solution de relogement à ceux qui le souhaitent.
Tout est parti d’un extrait de mail publié sur les réseaux sociaux ce matin. Le screen d’un message envoyé par le Crous de Versailles, informant les étudiants habitant en résidence universitaire que leur logement pourrait bien être requis pour une période de deux mois.
A la demande du Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris, des résidences vont ainsi être libérées pour les mois de juillet et aout 2024. Le but ? Loger des partenaires et des bénévoles des Jeux. Le Crous précise "à titre exceptionnel, le droit d’occupation qui va vous être consenti dans le cadre de votre renouvellement se terminera au 30/06/2024".
Selon les syndicats, 3.000 logements Crous concernés
Après l’emballement sur Twitter, le Cnous s’est empressé d’apporter des précisions : "moins de 7% des logements sont concernés", rappelant que "près de 30% des logements sont inoccupés à cette période". L’Union Etudiante chiffre ainsi à 3.000 le nombre de logements dans le viseur de cette décision. "Encore une fois ce sont les étudiants qui seront la variable d’ajustement", regrette Eléonore Schmitt, porte-parole de l’organisation, saluant cependant la solution de relogement annoncée.
De son côté, le Crous se veut rassurant : celles et ceux souhaitant rester en Ile-de-France durant la période concernée seront relogés. Et pour ceux dont le logement était renouvelé à la rentrée 2024 ? "Ils sont assurés de le retrouver sans payer de loyer sur la période estivale", précise le Crous. Mais pas plus de précisions concernant les conditions de relogement, la distance, la marche à suivre.
L'Unef a elle aussi réagi à ces annonces, se demandant, dans un communiqué, si l'on allait réellement "mettre les étudiants à la porte". Pour le syndicat, la réponse reste nuancée malgré les promesses du Crous, pointant du doigt leurs services "sous-financés et en manque de personnels".
L'Unef réclame que les logements utilisés "concernent uniquement les chambres où les étudiants sont volontairement partis avant l’été et qu’aucune expulsion n’ait lieu", mais aussi que l'Etat prennent entièrement en charge la location des chambres, pour ne pas "creuser davantage le déficit des services publics".
Des conditions de relogement encore floues
Contacté ce jour, le Cnous précise : "si une résidence est sélectionnée par les organisateurs des JO et que vous êtes dans ce logement, on va vous demander de terminer votre bail fin juin, et si pour une raison vous avez besoin de rester jusqu’à fin aout, on vous trouvera une solution". Quid en cas de refus de libérer le logement ? Et si l’occupant le dégrade ? Pour l’heure, le Crous n'apporte pas de précision.
"C’est une situation que nous condamnons et aujourd’hui nous n’avons malheureusement aucune garantie quant à la zone géographique dans laquelle se feront les relogements", précise Eléonore Schmitt, alors que la région Ile-De-France s’étend sur plus de 12.000 km2. Les étudiants déplacés le seront-ils dans leur académie d’origine ? Pour l’instant, rien n’est certain. "C’est une décision totalement déconnectée de la réalité, de ce qu’est la vie étudiante et la précarité étudiante", analyse la porte-parole.
L'Unef pointe également le stress qu'occasionnera un déménagement des étudiants : "forcer les étudiants à déménager en pleine période de rattrapages ou de salariat est une source de stress supplémentaire".
Subsiste aussi la question de l’état des logements proposés en solution. "On se doute bien que parmi les 3.000 logements concernés, le Crous ne choisira pas parmi les pires résidences universitaires", avance Eléonore Schmitt, faisant référence aux bâtiments insalubres ou infestés de nuisibles qui forment encore une part du parc. Ces résidences seront-elles réservées aux étudiants déplacés ? Aucune annonce de ce côté.
Un point également soulevé par l'Unef qui a profité de ces annonces pour alerter sur la crise des logements étudiants et l'état dégradé de nombre d'entre eux, réclamant " la rénovation et la construction de logements Crous".
45.000 bénévoles espérés par le comité
Cette annonce arrive dans un contexte social toujours agité, alors que fleurissent des slogans tels que "pas de retrait, pas de JO" aux abords des manifestations, faisant référence au retrait de la réforme des retraites actée par le gouvernement il y a quelques semaines.
, alerte Eléonore Schmitt, pointant du doigt les milliers de bénévoles, main d’œuvre gratuite, que le comité d’organisation tente de recruter pour l’évènement, fustigeant le manque de "considération pour la jeunesse dans ce pays".