"L’été dernier, il n’y avait aucun souci" : à Paris, des étudiants n'ont pas pu conserver leur chambre cet été
À moins d’un mois des Jeux olympiques de Paris, des étudiants de la résidence Lila, appartenant à la cité universitaire internationale, ont vu leurs demandes de prolongation de contrat de location refusée. Longtemps dans le flou, certains ne pourront pas passer l’été à Paris et ont dû renoncer à un job étudiant.
Dans le XIXe arrondissement de Paris, des étudiants ne pourront pas conserver leur logement cet été. Au sein de la résidence des Lila, gérée par la CIUP , plusieurs locataires ont vu leurs demandes de prolongation de bail refusées, alors que cela relevait de la formalité l'année dernière. Dans le même temps, la résidence accueillera une partie du personnel des JO cet été.
Des refus de prolongement de location, malgré des conditions remplies
À la CIUP, qui gère 6.800 logements dont une partie de ceux de la résidence Lila, le système d’hébergement repose sur des contrats de location allant du 1er septembre au 30 juin. Les locataires étudiants peuvent demander un prolongement en juillet et août, à condition de remplir l’un des critères suivants : l’éloignement du pays d’origine, un impératif professionnel lié au cursus universitaire ou des raisons médicales.
Or cette année, avec l'organisation des Jeux olympiques de Paris, plusieurs étudiants ne peuvent plus compter dessus. C'est le cas de Maë, en master d'urbanisme à la Sorbonne qui avait prévu de conserver son logement. "Il n’y a pas de place chez mes parents. J’avais un peu pris pour acquis le fait que je n’allais pas revenir à la maison", explique l’étudiante.
Même chose pour Manon, étudiante en master d’histoire de l’art, qui remplissait pourtant le critère de l'éloignement. "J'ai expliqué à la directrice que j'avais un dossier social, que ma famille était loin, que je n’avais pas les moyens de déménager dans le sud et que je ne pouvais pas quitter mon CDI." La direction lui a répondu qu’elle ne pouvait rien faire pour elle.
Dialogue difficile avec l'administration
Refus également pour Nolann, à l'inverse de sa demande de 2023. "L’été dernier, il n’y avait aucun souci, j’avais prévenu en retard à la mi-juin, sans justificatif, et j’ai reçu une réponse positive dans les 15 minutes sans problème", se souvient l'étudiant en droit à l’université d’Assas
Plus chanceux que ses confrères, Geoffrey, étudiant en master de communication technique à l’université Paris Cité, dénonce le manque d’accompagnement de la part de l’administration. Bien que sa demande ait été accordée, il admet que le dialogue n’était pas fluide : "C’était chaotique, très flou, l’administration ne nous donnait pas d’info. Pendant trois mois, on s’est battu pour avoir des réponses."
Sollicitée à plusieurs reprises par l'Etudiant, la CIUP a finalement indiqué qu’il n’y avait pas de rupture avec les années précédentes, et a expliqué que la longueur des délais de réponse étaient due à un dégât des eaux sur une autre résidence qui aurait perturbé le "planning global d'attribution."
Un délogement qui ne dit pas son nom ?
Selon certains étudiants, ces délais retardés les ont empêchés de pouvoir organiser des recours. Prévenu très tard de sa situation, Nolann a "la sensation qu’ils l’ont fait pour que l’on ne puisse pas s’organiser" et aurait été "le premier à [s]e mobiliser s’il y avait eu un mouvement contre eux".
Manon explique aussi que le retard des réponses l’a prise de cours. "J'étais en pleine rédaction de mon mémoire, c'était très compliqué de trouver du temps pour chercher un appartement et les loyers à Paris sont extrêmement élevés."
Enfin, ces délais ont eu des conséquences sur l'été de ces étudiants, qu’ils ont dû réorganiser au dernier moment. Nolann, qui avait trouvé un travail à Paris pour la saison estivale, a commencé à chercher un autre emploi chez ses parents à la fin du mois de mai, avec des chances réduites. Maë aussi a perdu son contrat. Elle devait travailler dans un hôtel pendant les JO : "Ce n'est plus travailler pour les Jeux, mais se faire virer par eux."
La faute aux JO ?
À trois semaines des JO, et alors que la réquisition de logements du Crous a inquiété de nombreux étudiants cette année, doit-on voir un lien entre ces refus et les Olympiades ?
Dans un communiqué paru le 30 octobre 2023, la CIUP affirmait "qu’aucune sortie contrainte d’étudiants n’est prévue à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Elle proposera une capacité d’accueil sans rupture avec celle des années précédentes et sans changement de son règlement des admissions."
Néanmoins, la CIUP a prévenu les étudiants début avril par un e-mail, que l'Etudiant a pu consulter, que des agents EDF, GRDF, Sodexo ainsi que de policiers et de gendarmes seraient présents dans la résidence pendant la période des JO.
Finalement, alors que tous les étudiants refusés ont déjà déménagé, la CIUP a informé l’Etudiant le 1er juillet que la résidence des Lila dispose encore de chambres vacantes pour l'été.