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Décryptage

Mal logement : les associations au secours des étudiants

Face à la pénurie de logement, le milieu associatif tente d’imaginer des alternatives au logement traditionnel avec leurs moyens.
Face à la pénurie de logement, le milieu associatif tente d’imaginer des alternatives au logement traditionnel avec leurs moyens. © Stephane AUDRAS/REA
Par Mathilde Grandadam-Nicot, publié le 15 mai 2025
5 min

Alors que la crise de l’habitat frappe les étudiants français, le milieu associatif tente d’imaginer des alternatives au logement traditionnel avec leurs moyens. Tour d’horizon.

En 2024, la crise du logement étudiant s’aggrave. Alors que l'offre de logements Crous reste insuffisante, "70% des jeunes dépendent du parc privé, où l'offre diminue", pointe Thierry Asselin, directeur des politiques urbaines et sociales de l'Union sociale de l'habitat. Un secteur qui peut coûter cher : selon le baromètre du logement dans les villes étudiantes publié ce jeudi 15 mai par l'Etudiant, les loyers atteignent en moyenne 458 euros pour un studio en France, et jusqu’à 905 euros à Paris.

Face à cette précarité, des associations comme l’ACLEF , MA1SON ou la Fage multiplient les alternatives solidaires, proposant colocations à loyers modérés, cohabitations intergénérationnelles ou hébergements d’urgence pour soutenir les étudiants en difficulté.

Les colocations solidaires, une solution de plus en plus répandue

Spécialisée dans le logement étudiant cooopératif, l’ACLEF mise principalement sur la colocation, qui représente 95% de ses logements, dans un modèle favorisant la vie collective. À la Résidence Prudhon d’Ivry-sur-Seine, par exemple, les candidats doivent exprimer leur motivation à vivre en communauté et participent à l’aménagement des espaces partagés.

Racha, étudiante résidente de 27 ans, témoigne : "On a fait trois réunions dans l’année pour choisir comment on allait construire le rez-de-jardin puis on a voté. Nous sommes allés dans des ressourceries pour l’aménager. C’était très intéressant. J’ai rencontré des personnes motivées, ça m’a aidée à trouver des amis."

Mais comment ça marche ? Ces organisations caritatives louent de grands appartements auprès de bailleurs sociaux, puis les transforment en colocations meublées et les sous-louent à des étudiants, ce qui permet de "proposer des loyers 32% inférieurs au marché" indique Emilia Imadache, responsable du développement de l’ACLEF.

Elle constate que "les bailleurs sociaux sont de plus en plus dans l’envie de faire des coloc". En 2024, 480 étudiants ont ainsi bénéficié d’un logement via l’ACLEF sur le territoire français.

430 euros pour un logement de 17m² à Paris

Le programme MA1SON, porté par l’association Article 1, permet à des étudiants boursiers ou alternants "d’accéder à des logements en résidence à loyers attractifs, comme un 17 m² à 430 euros à Paris" présente Olivier Geslin, coordinateur national du programme. En échange, les résidents s’engagent dans des projets solidaires et bénéficient d’ateliers pour leur insertion professionnelle, tout en vivant dans une communauté soudée.

Déployé dans plusieurs grandes villes, MA1SON accueille chaque année environ 200 étudiants.

Les cohabitations intergénérationnelles

D’autres initiatives se développent pour répondre à la pénurie de logements étudiants, comme la cohabitation intergénérationnelle portée par différentes structures, notamment l’association Ensemble 2 générations. Ce dispositif permet aux jeunes de résider en maison de retraite à faible coût, en échange d’une participation à la vie collective, une formule bénéfique à la fois pour les seniors et les étudiants.

C'est le cas de Samara, 18 ans, élève de terminale professionnelle animation-enfance et personnes âgées (AEPA). Elle habite à Bièvres (91) chez Sylvia, 94 ans. Après la mutation de sa mère en cours d’année, cette solution lui a permis de rester dans son lycée pour préparer le bac. "C’est une solution qui a arrangé tout le monde. Moi, j’avais besoin d’un logement et Silvia d’une présence, c’est toujours rassurant", explique-t-elle.

Ce modèle se développe dans tout le territoire national comme à Nice et à Lille avec ColombAge, ou dans la région Rhône-Alpes avec Tim&Colette. Ces associations facilitent la mise en relation entre étudiants et seniors souhaitant partager leur logement, avec un accompagnement et des formules flexibles selon les besoins de chacun.

Le Crous de Lyon a également lancé des résidences intergénérationnelles où étudiants et personnes âgées vivent dans le même immeuble, favorisant les échanges et le soutien mutuel tout en préservant l’indépendance de chacun.

Associations et villes créent des logements d'urgence

Malgré ces initiatives, de nombreux étudiants n'ont pas de toit à la rentrée. Elisa Mangeolle, vice-présidente de la Fage, explique que l’association a ainsi mis en place des logements d’urgence pour tous les étudiants qui ne trouvent pas de lieu d’habitation. Mais, "ces dispositifs de logement provisoire (DLP) sont saturés notamment en période de rentrée", alerte Elisa, qui confie que "les bénévoles de l’association se retrouvent eux-mêmes à loger les étudiants pour les dépanner".  

Certaines villes proposent aussi des solutions d’hébergement temporaire pour les étudiants, jeunes diplômés ou jeunes travailleurs. Dans l'académie de Poitiers, un partenariat entre la ville et l'agglomération de La Rochelle (classée D - la plus mauvaise note - dans notre baromètre), le Crous et les établissements du supérieur propose un accès rapide à des appartements à prix abordables dans une résidence dédiée, leur permettant de disposer d’un logement provisoire dès la rentrée et de gagner du temps pour trouver une solution durable.

À Paris, les Foyers de Jeunes Travailleurs (FJT) et résidences sociales proposent également des logements meublés, de la chambre individuelle au studio, pour une durée de quelques semaines à deux ans. Des dispositifs bienvenus qui n'empêchent toutefois pas la capitale de figurer, sans surprise, parmi les villes de notre baromètre où trouver un logement est le plus difficile.

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