Précarité étudiante : "On n’a jamais connu une telle situation"
Organisations étudiantes et associations caritatives tirent la sonnette d’alarme : les étudiants sont de plus en plus nombreux à connaître des difficultés financières significatives.
"Au niveau du réseau de la FAGE (fédération des associations générales étudiantes), on n’a jamais connu une telle situation, alerte Paul Mayaux, président de l’organisation étudiante. On note trois points très critiques : la santé, le logement et l’alimentation". Ainsi, sur ce dernier point, le réseau des Agoraé (épiceries solidaires), 24 dans toute la France, a connu en quelques mois des chiffres équivalents à ceux recensés depuis la création du dispositif, il y a dix ans. "Rien que sur la période mars-août, près de 30.000 paniers ont été distribués", précise Paul Mayaux. Avec plus de 12.000 bénéficiaires désormais enregistrés.
Peu de jobs étudiants disponibles
se révèle tout aussi critique pour certains étudiants, qui capitalisent en général sur leurs jobs d’été. Or, cet été, les emplois dans le tourisme ou le commerce ont été peu nombreux, et beaucoup débutent l’année avec peu de ressources. À cela s’ajoutent deux phénomènes : le premier, "une perte de ressources", avec moins de jobs étudiants à l’année. "La semaine dernière, un étudiant m’a dit qu’habituellement, il donne des cours particuliers à cinq enfants, ce qui lui permet de gagner 1.000 euros par mois. Cette année, il n’en a qu’un seul. Une fois le loyer payé, il démarre le mois à -100 euros…", déplore Philippe Portmann, secrétaire général de la fédération 93 du Secours populaire.
Des dispositifs en place
Depuis la rentrée, les étudiants boursiers peuvent bénéficier d’un repas à 1 euro dans les restaurants universitaires du CROUS. Des mutuelles mènent des actions en distribuant, par exemple, des masques gratuits. Mais les associations réclament davantage. Du côté de la FAGE, on demande une refonte du système des bourses pour permettre une linéarisation et une revalorisation. Notamment pour mieux englober les classes moyennes. En attendant, Paul Mayaux conseille aux étudiants en grande précarité de ne pas hésiter à solliciter les ASAP (aides spécifiques allocations ponctuelles) auprès des CROUS ou à faire appel aux Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes (FSDIE) des universités. "Certaines procédures ont été simplifiées pour permettre un déblocage rapide des aides", précise le président de l’organisation.