Interview

Présidentielle 2022. Fabien Roussel : "Un pays qui maltraite sa jeunesse est un pays qui n’a pas d’avenir"

Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste.
Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste. © Eric TSCHAEN/REA
Par Propos recueillis par Dahvia Ouadia, publié le 04 avril 2022
9 min

Alors que l’élection présidentielle approche à grand pas, l'Etudiant a interrogé les candidats sur leur projet en faveur de la jeunesse et en matière d'éducation s'ils sont élus le 24 avril 2022. Fabien Roussel, candidat du Parti communiste, nous présente ses mesures sur l'orientation, la précarité, l'accès à l'emploi, l'égalité des chances…

Crédité de 3,5% d’intention de vote dans les sondages, Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste français, participe à sa première présidentielle. L’Etudiant l’a interrogé sur ses propositions à destination des les jeunes.

Les propositions pour la jeunesse du candidat Fabien Roussel

Pour lutter contre la précarité étudiante, le candidat communiste s’engage à verser 850 euros par mois à tous les étudiants. Un revenu qui serait financé par l’impôt et la création d’une nouvelle cotisation sociale. D’autres mesures comme la construction de logements et résidences universitaires ou la gratuité du permis sont également envisagées.

En matière d’orientation, Fabien Roussel dénonce une "sélection à l’entrée de l'université" et souhaite supprimer Parcoursup et les numerus clausus. Il compte investir "massivement" dans l’enseignement supérieur et créer un "service public de l’orientation" au sein duquel il prévoit le recrutement de psychologues de l’Éducation nationale.

Le candidat fait également des propositions pour le primaire et le secondaire. S’il est élu, il augmenterait le temps passé à l’école primaire, au collège, et au lycée et mettrait fin aux devoirs à la maison. Ces mesures s’accompagneraient d’une réduction du nombre d’élèves par classe et du recrutement de 90.000 enseignants sur cinq ans.

Enfin, promettant d’"éradiquer" le chômage des jeunes, le communiste entend mettre en place un système de pré-recrutement à la fin du lycée et conditionner les aides publiques à 10% d’embauches de jeunes en CDI.

Quelles mesures comptez-vous mettre en place pour lutter contre la précarité étudiante ?

La précarité étudiante est un fléau dans notre pays. Comme tout le monde, j’ai été profondément choqué de voir ces interminables files d’étudiants devant les organismes de distribution alimentaire.

On ne peut plus continuer comme cela. Un pays qui maltraite sa jeunesse est un pays qui n’a pas d’avenir. Je souhaite que la France ait la jeunesse la mieux formée. Une chose est sûre : on ne peut pas bien se remplir la tête quand on a le ventre vide.

Énormément d’étudiants sont obligés de se salarier à côté de leurs études. Le salariat étudiant est la première cause d’échec à l'université. Je veux y mettre un terme. Je propose la création d’un revenu de 850 euros par mois pour tous les étudiants, financé à moitié par une nouvelle cotisation sociale et à moitié par l'impôt.

À ces 850 euros, s’ajouterait une part en plus en fonction des besoins des étudiants, notamment la nécessité d’avoir un logement dans une grande métropole. Parallèlement, je souhaite lancer un plan de construction de restaurants et de résidences universitaires pour que les étudiants puissent se loger et se restaurer à bas coût. Enfin, je propose également une série de mesures, non spécifiques aux étudiants, mais qui leur permettront de faire d’importantes économies, comme la gratuité du permis de conduire.

Entre la réforme du bac, la mise en place de Parcoursup, la crise sanitaire... Les étudiants se sentent souvent perdus dans leur orientation. Si vous êtes élu président, quelles actions lancerez-vous pour les aider dans leurs choix d'études

Parcoursup est catastrophique pour les jeunes. Le bilan parle de lui-même : des dizaines de milliers de bacheliers se retrouvent sans affectation et un candidat sur deux se retrouve dans une filière par défaut. En pleine crise économique, avec un taux de chômage énorme pour les jeunes, on vient mettre une barrière à l’entrée de l'université. Ce n'est pas possible. C’est une source de stress énorme pour nos jeunes.

La première mesure que je prendrais serait la fin de la sélection à l’entrée de l'université. Chaque bachelier aura une place dans la filière de son choix. Je ne souhaite pas revenir au système d’avant pour autant, car on ne peut pas continuer à accepter les étudiants dans de telles conditions.

Je souhaite également investir massivement dans l’enseignement supérieur pour que chaque étudiant puisse étudier dans les meilleures conditions possibles.

Pour finir, afin d’accompagner les jeunes dans leur orientation, je souhaite créer un véritable service public de l'orientation. Je propose notamment de recruter des "psyEN" (psychologues de l’Éducation nationale, NDLR) afin qu’il y en ait au moins un dans chaque établissement. Chaque lycéen doit pouvoir prendre un rendez-vous avec un professionnel de l’orientation.

Près d'un jeune actif sur cinq âgé de 20 à 24 ans est sans emploi. Quelles seront vos mesures pour lutter contre le chômage des jeunes ?

Quel gâchis ! La jeunesse regorge de force d’innovation, d’ingéniosité, de créativité et pourtant, les jeunes se retrouvent trop souvent sans emploi ou dans des emplois précaires (missions d’intérim, auto-entrepreneuriat, contrats courts...). L’entrée dans la vie active est perçue comme une forme de bizutage social.

Je suis le seul à ne pas proposer de contrat spécifique aux jeunes. Je souhaite que la jeunesse soit pleinement intégrée au droit commun. Qu’on arrête avec les contrats spécifiques jeunes qui ne visent qu’à une chose : créer un sas de précarité avant l'obtention du premier emploi. Mon ambition est d’éradiquer le chômage des jeunes.

Je vois dans la jeunesse non pas un problème à régler mais une solution pour répondre aux défis sociaux, environnementaux, économiques, sanitaires que nous avons devant nous. Je souhaite qu'elle soit le fer de lance de la reconstruction du pays.

Nous avons des besoins immenses dans les services publics, notamment dans les hôpitaux, dans les écoles, dans la police, dans les Ehpad... et pourtant, des jeunes sont au chômage. Formons-les, recrutons-les.

Je propose la mise en place de pré-recrutements. Les jeunes seraient recrutés dès la sortie du lycée, rémunérés comme fonctionnaires-stagiaires le temps des études et, en contrepartie, ils devraient s’engager à travailler dix ans minimum pour l’État.

Parallèlement, je souhaite réindustrialiser le pays et conditionner les aides publiques à 10% d’embauches de jeunes en CDI.

Quelles actions prévoyez-vous pour favoriser la mixité sociale dans l'enseignement supérieur ? Et notamment dans les filières les plus sélectives ?

Supprimer Parcoursup et le numerus clausus ou numerus apertus, comme il s’appelle maintenant. Je veux créer des places dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Mais pour réduire réellement les inégalités dans l'enseignement supérieur, il faut déjà les réduire dans le primaire et le secondaire. Pour cela, je souhaite augmenter le temps passé à l’école et mettre fin aux devoirs à la maison, sources d’inégalités. Avec moi, les devoirs se feront sur un principe : ce qui doit être appris pour l’école sera appris à l’école.

L’école primaire passera à 27 heures par semaine et à 32 heures pour le collège et le lycée. L’augmentation du temps à l’école permettra aux jeunes d’avoir la maîtrise de leur emploi du temps et viendra leur libérer du temps libre pour s'adonner à leurs loisirs.

Dans ce même objectif, je souhaite diminuer les effectifs des classes. En cinq ans, je me donne pour ambition qu’il n’y ait pas plus de 24 élèves par classe, et cela jusqu'à l’obtention du baccalauréat. Bien évidemment, ces mesures ne doivent pas se réaliser contre les enseignants. Aussi, je souhaite recruter 90.000 enseignants en plus dans les cinq prochaines années.

Pourquoi interroger les candidates et les candidats à la présidentielle 2022 ?

Début 2022, l’Etudiant a adressé un questionnaire aux candidates et candidats en lice à l’élection présidentielle. Dans un souci d’égalité de traitement, la rédaction a décidé de publier uniquement les réponses des 12 candidats ayant réuni les 500 parrainages.

Évidemment, les convictions des électeurs et les électrices les plus jeunes, dépassent les seules questions liées à la jeunesse, comme le démontrait récemment notre sondage L'Etudiant/Harris Interactive. Mais fidèle à sa ligne éditoriale, ce sont sur les thèmes de l'orientation, de l’égalité des chances, de la précarité et des réformes de l’éducation que l’Etudiant a décidé d’interroger les prétendantes et prétendants à l’Élysée.

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