Interview

Présidentielle 2022.Yannick Jadot : "Je mettrais en place un revenu citoyen pour lutter contre la pauvreté de la jeunesse"

S'il est élu président de la République, Yannick Jadot ouvrirait jusqu’à 100.000 places en première année dans l'enseignement supérieur.
S'il est élu président de la République, Yannick Jadot ouvrirait jusqu’à 100.000 places en première année dans l'enseignement supérieur. © Mathilde MAZARS/REA
Par Propos recueillis par Romain Burrel, publié le 18 mars 2022
7 min

À l’approche de l’élection présidentielle, l'Etudiant a interrogé les candidats sur leurs mesures en faveur de la jeunesse et en matière d'éducation s'ils sont élus le 24 avril 2022. Orientation, précarité, accès à l'emploi, égalité des chances…Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, nous livre ses propositions.

Candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, Yannick Jadot est crédité de 5% d’intention de vote dans les sondages. À quelques semaines du premier tour, l'Etudiant l'a interrogé sur ses mesures en faveur de la jeunesse.

Les propositions pour la jeunesse du candidat Yannick Jadot

En matière de lutte contre la précarité des jeunes, le candidat écologiste veut instaurer pour les personnes de plus de 18 ans un revenu citoyen de 918 euros. Il compte également fixer un objectif de "100% de nourriture bio et locale" dans les restaurants universitaires et souhaite relancer la construction de logements étudiants.

Souhaitant revenir sur la réforme du bac, Yannick Jadot envisage de mettre en place de nouvelles formes d’évaluation et entend renforcer les moyens dédiés à l’orientation au collège et au lycée. Critique de Parcoursup, il prévoit de remplacer la plateforme par "un système transparent qui tienne compte des priorités de choix des élèves". Concernant l'enseignement supérieur, l'eurodéputé propose d'ouvrir jusqu’à 100.000 nouvelles places à l'université ainsi que la création de nouveaux établissements.

Enfin, s’il est élu, le candidat Jadot promet d’abroger la réforme de l’assurance chômage et de "redonner des moyens à Pôle emploi". Pour lutter contre le chômage, il mise sur l’expérimentation du dispositif "territoires zéro chômeur de longue durée" et compte encadrer les contrats courts et précaires en imposant le CDI comme norme.

Quelles mesures précises comptez-vous mettre en place pour lutter contre la précarité étudiante ?

Je mettrais en place un revenu citoyen pour lutter contre la pauvreté de la jeunesse et favoriser son émancipation. Sans contrepartie, ce revenu porté à 918 euros sera automatiquement versé à partir de 18 ans à toutes les personnes détachées fiscalement de leurs parents et dont les ressources seront inférieures à ce seuil.

J’entends par ailleurs soutenir le développement d’une restauration universitaire abordable et de qualité, présente sur l’ensemble des campus. Les restaurants universitaires seront inclus dans l’objectif de 100% de nourriture bio et locale dans la restauration collective.

Pour rattraper le retard accumulé au cours des précédents quinquennats pour l’accès au logement étudiant, je lancerais un plan de relance massive de constructions et de rénovations thermiques de résidences universitaires.

Je développerais les centres de santé universitaires, l’accès à un soutien psychologique et aux pratiques sportives dans l’enseignement supérieur.

Je rétablirais les mêmes frais d’inscription entre étudiants européens et extra-communautaires ainsi que l’affiliation automatique des étudiants étrangers à la sécurité sociale.

Entre la réforme du bac, la mise en place de Parcoursup, la crise sanitaire... Les étudiants sont souvent perdus dans leurs choix d’études. Si vous êtes élu président, quelle(s) mesure(s) mettrez-vous en place pour les aider à s’orienter plus efficacement ?

Je reviendrais sur la réforme du bac en veillant à diminuer la pression sur les élèves induite par la place du contrôle continu, en étudiant l’usage de nouvelles modalités d'évaluation, ainsi qu’en permettant le choix des matières en fonction de ses préférences.
Je renforcerais également les moyens alloués à l’orientation au collège, au lycée et dans le premier cycle du supérieur en procédant à une valorisation statutaire et financière de la mission d’orientation des professeurs principaux, à une meilleure articulation des dispositifs d’orientation existants et à une augmentation des heures dédiées.

Je généraliserais l’intégration, dans le cursus lycéen, de temps d’intervention d’enseignants du supérieur et d’étudiants pour présenter leurs filières et leur fonctionnement, ainsi que des journées d’immersion de lycéens dans l’enseignement supérieur.

Je faciliterais les réorientations et passerelles en première année entre le secondaire et le supérieur.

Enfin, en licence, je généraliserais une première année "portail" par domaine de formation durant laquelle tous les étudiants seront amenés à préciser leur parcours de formation.

Près d’un jeune actif sur cinq âgé de 20 à 24 ans est sans emploi. Que comptez-vous mettre en place pour lutter contre le chômage des jeunes ?

Nous renforcerions les moyens des associations d’accompagnement à l'entrepreneuriat local et écologique pour permettre aux bénéficiaires d’accéder à un environnement favorable et au micro-crédit.

Nous soutiendrions les structures d’insertion par l’activité économique dans leur fonctionnement et dans les aides aux postes pour renforcer le développement local des quartiers populaires.

Pour garantir le droit au travail inscrit dans la Constitution, nous mettrons l'accent sur la lutte contre le chômage de longue durée en permettant à tous les territoires volontaires d’expérimenter le dispositif "territoires zéro chômeur de longue durée".

Nous redonnerons des moyens à Pôle emploi pour accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi et abrogerions la réforme de l’assurance chômage, injuste et culpabilisante, mise en place par le gouvernement.

Par ailleurs, nous lutterons contre la précarité du travail en favorisant le recours aux tiers employeurs en CDI, notamment via des groupements d’employeurs.

Nous défendrons également le statut des travailleurs de plateforme : en cas de litige, ils seraient présumés salariés et non indépendants.

De plus, nous renforcerons le CDI comme norme en encadrant les contrats courts.

Quelles mesures comptez-vous mettre en place pour favoriser la mixité sociale notamment dans l’enseignement supérieur ? Et notamment dans les filières les plus sélectives ?

Nous mettrons en œuvre une politique de mixité sociale et scolaire qui nous conduira à réformer les cartes scolaires et à adapter la sectorisation, l’affectation et la constitution des classes pour mettre fin aux situations de ségrégation sociale. Nous demanderons aussi à l’école privée de prendre sa part dans cet objectif.

Par ailleurs, nous remplacerons Parcoursup par un système transparent qui tienne compte des priorités de choix des élèves.

Pour qu’aucun bachelier ne soit laissé à la rentrée sans inscription dans une des filières qu’il souhaite, nous augmenterons le nombre de places dans le supérieur et en créerons notamment jusqu’à 100.000 en première année.

Pour garantir un accès libre et effectif à l’enseignement supérieur, nous créerons de nouvelles universités, équilibrerons la carte de l’enseignement supérieur en ouvrant des formations hors des grandes métropoles et procéderons à des recrutements d’enseignants-chercheurs.

Nous garantirons à tous les étudiants ayant obtenu leur licence et souhaitant poursuivre leurs études l’accès à un master.

Nous sanctuariserons dans la loi le principe constitutionnel de "quasi-gratuité" d’accès au service public d’enseignement supérieur.

Nous favoriserons enfin l’accès à l’enseignement supérieur aux personnes en situation de handicap.

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