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Rentrée 2023 : la CVEC passe à 100 euros

La CVEC est à règler au moment de l'inscription dans une formation.
La CVEC est à règler au moment de l'inscription dans une formation. © Michael LUMBROSO/REA
Par Clémentine Rigot, publié le 26 avril 2023
6 min

Les étudiants verront dès septembre 2023 la contribution de vie étudiante et de campus, jusqu’ici d’un montant de 95 euros, augmenter de cinq euros pour atteindre le seuil symbolique des 100 euros. Cette hausse, décriée par les organisations syndicales alors que la précarité étudiante s'est installée chez de nombreux jeunes, repose la question de l'usage de ces fonds.

La campagne de collecte de la CVEC, (contribution de vie étudiante et de campus), règlement obligatoire pour une majorité d’étudiants, ouvre le mardi 2 mai prochain. Elle vous donne accès à une attestation, nécessaire à l’inscription administrative à l’université, et a surtout vocation à contribuer à financer la vie étudiante. La campagne s'ouvre alors que la CVEC augmente et passe la barre des 100 euros. Une augmentation inacceptable pour certains syndicats étudiants qui dénoncent la précarisation de la jeunesse depuis des mois. D'autres y voient l'occasion de repenser son usage.

Pourquoi la CVEC augmente ?

Son montant est calculé sur l’indice des prix à la consommation sur un an de l’Insee

. L’institut a publié le 31 mars son estimation pour ce mois, faisant état d’une augmentation de 5,6 %. C’est cette évolution qui fait gonfler le montant, le faisant passer de 95 à 100.32 euros, "mais ce dernier est arrêté et arrondi à 100 euros, soit une hausse de 5.2 %", précise le ministère de l’Enseignement supérieur.

Cette hausse intervient dans un climat social agité, au cœur duquel le mouvement contre la réforme des retraites et une cristallisation des tensions autour de la précarité étudiante. En pleine période d’inflation, de plus en plus d’étudiants ont du mal à joindre les deux bouts, n’ayant d’autres choix que de se tourner vers l’aide d’urgence, et notamment les banques alimentaires. L’augmentation de la CVEC risquant donc, pour beaucoup, d’ajouter un poids financier dans un contexte économique déjà très tendu.

Une augmentation de la CVEC dénoncée par les syndicats

Les syndicats étudiants ont tiré la sonnette d'alarme à l'annonce de cette hausse de cinq euros. Mi-avril, l’Unef appelait à stopper "la précarisation des étudiants" sur Twitter. L’organisation étudiante réclame ainsi la suppression de la CVEC, dénonçant une taxe créée pour "palier le sous-financement de l’enseignement supérieur et de la recherche".

Du côté de la Fage, on reste plus nuancé. "Nous serions plutôt favorables à une désindexation par rapport à l’inflation étant donné le contexte social et économique actuel", précise Félix Sosso, porte-parole du syndicat, qui demande de ne pas aller jusqu’à "la barre symbolique des 100 euros". Le syndicat reste favorable à un maintien du montant à 95 euros, opération impossible pour l’heure, "les dispositions légales ne prévoyant pas et ne permettant pas d’en geler le montant", précise le ministère.

Vers plus de transparence sur la gestion et l'utilisation de la CVEC

"Supprimer la CVEC ne serait pas la solution ; il faudrait plutôt se demander ce qu’on en fait, ajoute Felix Sosso. C’est un vrai outil de financement pour la vie étudiante, mais il faut plus de transparence et de communication sur l’utilisation des fonds". L'élu étudiant dénonce en outre le fait qu'il y ait "une réelle opacité sur la gestion de la CVEC dans certains établissements".

L’Unef, elle aussi, s’inquiète du manque de clarté qui entoure la gestion de cette taxe, pointant du doigt une "répartition à échelle nationale totalement opaque, imposée par le gouvernement qui ne sert qu'à masquer le manque de budget criant dans l'ESR et dans nos CROUS". Et l’organisation sort la calculatrice : d’après elle, la CVEC à 100 euros représenterait "13% du budget mensuel moyen d’un étudiant". Une somme non négligeable pour de nombreux étudiants précaires, alors que près d’un étudiant sur deux doit travailler en plus de ses études pour subvenir à ses besoins.

Rappelons que la CVEC est "destinée à favoriser l’accueil et l’accompagnement social, sanitaire, culturel et sportif des étudiants et à conforter les actions de prévention et d’éducation à la santé réalisées à leur intention" (article L. 841-5 du Code de l’éducation). En d’autres termes, cette somme permet de développer et soutenir différents services universitaires dans des domaines variés, allant des infrastructures sportives aux projets étudiants, en passant par les expositions culturelles ou encore les services de santé étudiante (SSE).

Une hausse palliée par d'autres aides ?

Face à cette levée de boucliers, le ministère a rappelé les annonces en matière d’aides aux étudiants, listant le gel des frais d’inscription universitaires à la rentrée 2023, pour la sixième année consécutive, ainsi que, en addition à la revalorisation des bourses, le gel de la tarification sociale et très sociale (boursiers et non-boursiers précaires) de la restauration CROUS à 3,30 et 1 euros ; et enfin le gel des loyers en résidence universitaire.

Qui doit régler la CVEC ?

La CVEC concerne tous les étudiants inscrits en formation initiale dans un établissement d'enseignement supérieur en France, à l’exception des étudiants en BTS, DMA, dans les formations comptables en lycées, en formation continue (ce qui inclut l'alternance en contrat de professionnalisation), les étudiants en échange international en France (via des programmes type Erasmus+) et les personnes inscrites en vue de l'obtention d'une HDR.

Qui ne paye pas la CVEC ?

Sont exonérés les étudiants réfugiés, les bénéficiaires de la protection subsidiaire ou protection temporaire et les demandeurs d’asile. Outre les cas de figures cités ci-dessus, les élèves boursiers sont exonérés cette contribution. En clair, que vous soyez boursier échelon 0 bis jusqu’à 7, vous ne payez pas la CVEC. Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a par ailleurs annoncé, fin mars, une revalorisation du système de bourse, avec l’entrée de 35.000 nouveaux boursiers dès la rentrée 2023 à l'échelon 0 bis.

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