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Sondage inédit : ce que les Français pensent des jeunes

publié le 29 mars 2011
1 min

Comment les jeunes sont-ils perçus dans la société française ? C'est ce que la dernière enquête de l’Observatoire de la jeunesse solidaire – piloté par l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) – a voulu analyser. Un sondage inédit commenté par plusieurs personnalités politiques, associatives et universitaires.
Candidats à la présidentielle 2012 : à vos programmes ! 95 % des Français estiment que la jeunesse doit être une des priorités de cette échéance électorale à travers les questions d’éducation, d’accès à l’emploi, de logement, etc. Tel est le premier résultat marquant de cet Observatoire de la jeunesse solidaire, axé en 2011 sur la thématique de la jeunesse et des inégalités.
“Ce chiffre, énorme, est nouveau : on y décèle un réel sentiment d’urgence”, souligne Olivier Ferrand, président du think tank Terra Nova. “La question de la jeunesse doit être inscrite à l'agenda politique, c'est certain, estime Jean-Claude Richez, coordonnateur de la Mission Observation & Évaluation de l'INJEP (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire). Et à travers elle, la question du rapport entre les générations. La classe politique prend peu à peu conscience de l'importance de cette question, et je vois mal comment le débat présidentiel pourrait y échapper.”

Les jeunes, un atout pour la société, mais…

Si la prise de conscience est forte, le regard porté sur les jeunes est plutôt contrasté. Les trois quarts des Français ont certes une image positive de la jeunesse. Et 90 % d’entre eux estiment que les jeunes sont “un atout pour la société”. Ils sont ainsi perçus comme étant “créatifs et inventifs” (pour 81 % des personnes interrogés), “s’adaptant facilement” (77 %), “lucides et réalistes” (60 %) et “responsables dans leurs comportements” (54 %).
Reste qu'un quart des Français ont une vision négative des jeunes. Ils les jugent “irrespectueux des règles et envers les autres” (39 %), avec des comportements “délinquants” (24 %), “influencés de manière négative par leur milieu social” (18 %), voire “défaitistes et attentistes” (14%). Soulignant “la fracture importante entre ‘bons’ et ‘mauvais’ jeunes”, Jean-Claude Richez note qu’“une ambiguïté semble distinguer les jeunes – dont l'image serait négative – et la jeunesse qui, elle, reste une notion affectée positivement.”

Une image négative des jeunes des quartiers populaires

Par ailleurs, à propos du regard porté sur les “jeunes issus de quartiers populaires”, le résultat de ce sondage est flagrant : près des deux tiers des personnes interrogées (61 %) en ont une image négative. “Les quartiers populaires, comme la jeunesse, souffrent d'une perception complexe : en même temps qu'on les plaint, on les condamne, remarque la sociologue Cécile Van de Velde. Et cette perception s'assombrit rapidement dès qu'il s'agit d'une jeunesse qu'ils ne fréquentent pas, et qu'ils ne perçoivent donc qu'à travers le filtre médiatique.”
Même constat de la part de Dominique Reynié, directeur général de Fondapol : “Il y a 25 ans, l'expression ‘quartier populaire’ était associée à l'idée de ‘milieu populaire’, et suscitait la compassion, la solidarité. Aujourd'hui, par cette expression, on entend ‘univers relégué’ : le premier sentiment qui en découle est la peur, en lieu et place de l'empathie.”

Des inégalités sociales plus fortes que les clivages intergénérationnels

Enfin, sur l’insertion des jeunes dans la société, les résultats de cet observatoire pointent les inégalités sociales comme facteur clivant de la jeunesse. Ainsi, pour 85 % des personnes interrogées, les inégalités entre les jeunes se sont creusées, notamment sur leur “capacité à réussir d’un point de vue scolaire”, à “s’insérer professionnellement”, à “prendre part à la vie citoyenne” ou encore à “être autonome financièrement”. “Le courage et le mérite sont salués, comme la responsabilité individuelle. C'est donc un modèle libéral qui s'exprime ainsi, induisant l'idée que les jeunes seraient seuls responsables de leurs échecs”, estime Cécile Van de Velde.
En conclusion de cette enquête, tous les experts interrogés s’accordent sur la nécessité de promouvoir les liens entre générations. “Il est contre-productif de parler des seuls jeunes, note, par exemple, Béatrice Angrand, la secrétaire générale de l'OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse). Il faudrait plutôt construire un projet pour la société toute entière, développer et faciliter le dialogue intergénérationnel.” Histoire de rappeler que si la jeunesse n’est pas un monde à part, elle doit occuper une place centrale dans l’agenda politique qui s’ouvre.
Emmanuel Vaillant
Mars 2011


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