Grand espoir du snowboard français, Aono, la lycéenne qui surfe vers les JO de 2030

Aono Pordié-Okinawa est une snowboardeuse française très prometteuse. Encore au lycée, elle vient d’obtenir deux médailles (or et argent) lors du Festival olympique d’hiver de la jeunesse en Géorgie. Elle rêve des JO de 2030.
Aono est du genre précoce. Les yeux pétillants, d’un caractère plutôt posé, elle a un peu de mal à se souvenir de ses débuts en snowboard, en Ariège, sur le plateau de Guzet. "Je devais avoir 3 ans et demi", raconte la lycéenne âgée de 15 ans, qui vient tout juste de remporter deux médailles au Festival olympique d'hiver de la jeunesse à Bakouriani, en Géorgie. Elle marchait alors sur les traces de son frère Naoya (de deux ans plus âgé) et de son père Laurent, un véritable passionné. Ethnologue au CNRS et spécialiste de l’Asie, celui-ci avait déjà transmis le virus à son épouse japonaise Takeo avant de créer un club de snowboard baptisé la Familha en 2013.
Il faut dire que Laurent Pordié n’est pas qu’un simple amateur de snowboard. Il a obtenu ses diplômes de moniteur et d’entraîneur avant de créer un sport-études dédié au snowboard au sein du collège de Seix (Ariège) où ses deux enfants ont été scolarisés !
Une formation au snowboard au sein d'un projet familial
Aono a donc poursuivi sa formation au sein de ce projet plutôt familial. "Je me souviens qu’à 7 ans, j’avais fait un pari avec mon papa et j’ai reçu en récompense un immense hibou en peluche quand j’ai posé mon premier 360 frontside (une rotation complète après impulsion sur un tremplin)."
Les deux enfants Pordié ont donc franchi les étapes pour atteindre progressivement le niveau national et intégrer le pôle France de Snowboard à Font Romeu (66) où toute la famille a déménagé. "J’étais scolarisée en quatrième au CNED (Centre national d’études à distance) puis j’ai fait une troisième au pôle France avec les autres élèves, explique cette dernière avant de reprendre. Cette année, je suis à nouveau au CNED parce que c’est plus facile sur le plan sportif. Mais je préfère être en groupe et je vais sans doute retourner au lycée en 1re."
![Aono se souvient qu'à 7 ans elle a reçu "un immense hibou en peluche quand [elle a] posé [son] premier 360.”](https://storage.letudiant.fr/mediatheque/letudiant/5/0/2781150-la-lyceenne-agee-de-15-ans-vient-de-remporter-deux-medailles-au-festival-olympique-d-hiver-de-la-jeunesse-a-bakouriani-en-georgie-610x370.jpg)
Plutôt à l’aise pour jongler entre sport de haut niveau et travail scolaire, Aono est aussi totalement bilingue en japonais, une langue qu’elle pratique au quotidien avec sa maman, ou plus occasionnellement avec son amie, la snowboardeuse Kokomo Murase, victorieuse des X-Games à l’âge de 13 ans en 2018.
Objectif ? Les Jeux olympiques d'hiver de 2030 en France
Le sommet de la saison s’est donc déroulé à Bakouriani, en Géorgie, où Aono a pris part au Festival olympique de la jeunesse européenne (FOJE), une sorte de mini Jeux olympiques européens pour les moins de 18 ans. "J’étais hyper contente d’être sélectionnée parce que depuis toute petite, je veux faire les Jeux olympiques, raconte Aono. C’est une étape. Au début, j’étais stressée parce que j’avais peur de ne pas pouvoir donner le meilleur de moi-même."
Sur la neige, tout s’est pourtant parfaitement enchaîné avec une première médaille d’or en slopestyle (un enchaînement de figures sur des obstacles en neige ou en métal)." Franchement, quand j’ai vu les filles sur la neige, je ne pensais pas pouvoir faire un bon résultat. Mais elles n’ont pas trop réussi à 'plaquer'(réussir). Grâce à mon coach, j’ai compris que si j’arrivais à bien plaquer mon run, je pouvais avoir un bon résultat. J’étais vraiment fière de moi."
De belles perspectives pour Aono
En Big Air (soit un saut depuis un énorme tremplin), Aono n’était pas sûre d’atteindre le podium mais un 720 front (deux tours complets) puis un 720 back lui ont offert une jolie médaille d’argent derrière la Britannique Emily Rothney.
Ces bons résultats lui ouvrent de belles perspectives avec peut-être une sélection pour les Jeux olympiques dès 2026. "Si j’y vais, ce sera surtout pour apprendre, admet-elle avec lucidité. En revanche, en 2030, j’aimerais bien avoir le niveau pour viser une médaille."

D’ici là, la route sera longue, mais les bases familiales semblent solides pour une jeune fille qui ne manque pas d’ambition sur la neige, mais aussi en dehors. "Depuis toute petite, j’ai envie d’être médecin, indique-t-elle. Depuis quelque temps, je me dis que je pourrais devenir médecin du sport et m’occuper de l’équipe de France de snowboard." Voilà un plan de carrière qui semble bien dessiné et qui la destine peut-être à s’envoler vers les sommets de sa discipline.