Avant son départ, l’expédition Polarpod à la rencontre des élèves
Depuis janvier, un camion sillonne la France pour présenter la future expédition scientifique Polarpod aux élèves de primaire, collège et lycée. Une façon d’émerveiller les jeunes, de les sensibiliser au changement climatique et de leur parler de cette formidable aventure. Reportage dans un lycée d’Albi.
"A votre avis, en 2023, on connaît mieux la Lune ou les océans ?", demande le médiateur scientifique à des élèves de première du lycée Rascol à Albi (Tarn). Dans la classe encore un peu endormie, la réponse surprend les élèves : 12 hommes sont allés sur le satellite de notre planète et seulement 4 ont visité la fosse des Mariannes, dans l’océan Pacifique.
C’est l’une des raisons qui a poussé l’explorateur Jean-Louis Etienne à concevoir une nouvelle expédition nommée "Polarpod". Celle-ci va sillonner l’océan Austral, tout autour de l’Antarctique, pendant trois ans, à l’aide d’un bateau à l’allure peu banale : il sera vertical ! "Il fera 100 mètres de haut, c’est plus que la statue de la Liberté à New York", illustre l’intervenant Clément Le Portier devant un diaporama.
Des étudiants albigeois impliqués dans le projet
Les jeunes Albigeois connaissent déjà le projet car leurs camarades de BTS participent directement à l’aventure. Jean-Louis Etienne leur a demandé de concevoir un Tipod, une version réduite du Polarpod qui embarquera des capteurs pour récupérer des données complémentaires. L’explorateur, lui-même originaire du Tarn, a fait un point d’étape avec eux la semaine dernière : "Je suis extrêmement satisfait par leur travail, ils sont passionnés", s’enthousiasme-t-il.
En attendant que le Polarpod et le Tipod soient construits, des médiateurs scientifiques font le tour de la France avec le Polarpodibus, sorte de camion ambulant. De l’école primaire au lycée, le conducteur et médiateur scientifique rencontre des élèves pour leur expliquer l’ambition du projet et les défis qu’il doit relever. "L’océan austral est situé dans les 50e hurlants où les vagues peuvent faire 40 mètres de haut. Il faut que notre bateau résiste à ces conditions", explique Clément Le Portier à la classe.
Expériences scientifiques et quiz sonores
A l’aide de photos, de vidéos et de simulations, l’intervenant parvient à capter l’attention de son auditoire. Une petite expérience scientifique dans un bassin où eau chaude et eau froide se rencontrent permet d’expliquer comment fonctionnent les courants marins. Le Polarpod se déplacera grâce au courant circumpolaire qui tourne autour de l’Antarctique.
La mission a quatre objectifs : étudier le réchauffement climatique, mesurer la pollution de l’océan, corriger les satellites et réaliser un inventaire de la faune et la flore marine. Le médiateur scientifique propose un petit quiz sonore et diffuse un son étrange de couinement qui rend la salle incrédule. Est-ce un bateau, une baleine bleue, une baleine à bosse ou un séisme ? Tout le monde hésite. "C’est une baleine à bosse", répond Clément Le Portier.
"On n’a pas conscience de tout ce qu’on ne sait pas", réagit Léon à la fin du cours. Le Polarpodibus vient justement éclairer les élèves. "C’est une université roulante sur l’océan", s’amuse Jean-Louis Etienne. Pour le médecin-explorateur, "en France, on n’est pas assez sensibilisé sur l’océan ; j’aime rappeler que c’est le garde-manger de la planète et le grand régulateur de notre climat."
Une aventure digne de Jules Verne
L’idée est donc de sensibiliser la jeunesse au changement climatique mais aussi de l’émerveiller à travers la prouesse technique que demande un tel projet et des découvertes à venir. "Les scientifiques espèrent trouver le calamar colossal, un animal de 15 à 20 mètres de longueur jamais observé", expose le médiateur scientifique. Le roman "Vingt Mille Lieues sous les mers" de Jules Verne ne semble plus si fantaisiste.
L’intervenant en profite aussi pour présenter les métiers liés au projet : marins, chercheurs, cuisinier, médiateur…
Départ en 2025
Pour les enseignants, l’intervention est utile quelle que soit leur discipline. Par exemple, "c’est très intéressant pour le programme d’histoire-géographie, glisse la professeure Claire Massol. Il parle de réchauffement climatique, de géographie de l’Antarctique, des routes maritimes…"
Une fois l’expédition lancée, des temps d’échanges seront prévus en visioconférence entre les chercheurs à bord du Polarpod et plusieurs classes. "La jeunesse a besoin de rêve", explique Jean-Louis Etienne. L’expédition promet de les faire voyager tout en les sensibilisant à la préservation de la planète.