Interview

Colin Champion (La Voix Lycéenne) : "On doit revenir au modèle où le bac suffit pour entrer à l'université"

Pour Colin Champion (au centre), "il faut intégrer le changement climatique dans les programmes".
Pour Colin Champion (au centre), "il faut intégrer le changement climatique dans les programmes". © photo fournie le témoin
Par Thibaut Cojean, publié le 14 septembre 2022
5 min

INTERVIEW. Réélu président du syndicat la Voix Lycéenne, Colin Champion, désormais étudiant en classe préparatoire littéraire, revient sur les enjeux de la rentrée 2022. Il évoque aussi les attentes des lycéens vis-à-vis du bac, de Parcoursup, de leurs conditions d'études et de la lutte contre le réchauffement climatique.

La Voix Lycéenne a tenu sa conférence de rentrée début septembre. Quels sont les dossiers sur lesquels travaille le syndicat en cette rentrée 2022 ?

Concernant le court terme, nous avons parlé de la mobilisation pour le climat du 23 septembre, et de la mobilisation intersyndicale du 29 septembre.

Pour la suite, avec plusieurs dizaines d'associations, nous allons participer à des discussions lancées par la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale, coalition de partis politiques de gauche, NDLR) pour savoir dans quel cadre mener des mobilisations.

Par exemple, le fait que les professeurs n'aient pas de bonnes conditions de travail joue sur nos conditions d'études. C'est primordial qu'ils soient rémunérés à la hauteur de leur travail.

Y a-t-il a eu un professeur devant chaque classe à la rentrée ?

Non, clairement pas. Les retours qu'on a eu montraient une situation très compliquée. Des lycéens n'ont pas eu de cours dans certaines matières. Toutes les matières sont touchées, mais c'est plus handicapant dans celles des spécialités.

Concernant les épreuves de spécialités du bac prévues en mars, les enseignants demandent leur report à mai ou juin. Le ministère ne s'est pas encore prononcé mais semble réticent à un changement. Quelle date conviendrait aux lycéens ?

Depuis le début de cette réforme du bac, il n'y pas eu une année où elle a été appliquée entièrement dans des conditions normales, ce qui montre qu'elle est mauvaise à la base. Cela ne sert pas à grand-chose de demander des épreuves en mars ou en juin, car nous souhaitons un retour à un bac national avec des épreuves anonymisées en fin d'année.

On n'est pas dans le compromis d'épreuves en mars, en mai ou en avril. Nous voulons supprimer cette réforme et Parcoursup. On accepte une part de contrôle continu à condition de mettre les moyens sur la table, avec des épreuves encadrées à la fin de chaque trimestre.

Que reprochez-vous à Parcoursup ?

Nous ne reprochons rien au site Internet, qui est bien fait et donne plein d'informations utiles. Nous sommes contre le principe de sélection à l'université. La sélection en prépa ou en école, nous comprenons, mais il faut revenir au modèle où le bac suffit pour entrer à l'université.

Pour cela, il va falloir créer des places dans l'enseignement supérieur et mettre des moyens. C'est un travail que doit mener la ministre de l'Enseignement supérieur.

Une réforme du lycée professionnel a aussi été annoncée pour cet automne. Quelles sont vos premières réactions ?

L'objectif d'Emmanuel Macron et du gouvernement, c'est de faire avec les lycées professionnels ce qu'il a fait avec les universités : permettre aux entreprises d'intégrer les conseils d'administration. Cela nous inquiète et nous allons lancer une campagne d'information à ce sujet.

La Voix Lycéenne a aussi appelé à manifester le 23 septembre pour la défense du climat. Comment cette thématique s'articule avec le lycée ?

Dans les programmes, la place accordée au changement climatique n'est pas lourde. Il faut vraiment y intégrer cette question. En plus de l'aspect scientifique, on doit apprendre la conscience politique du réchauffement, ce que cela dit de notre société.

Du côté des éco-délégués, ils ne doivent pas être des relais sur lesquels le ministère peut s'appuyer pour dire que des projets sont menés. Nous pensons qu'ils doivent jouer un autre rôle, avoir un vrai pouvoir dans les lycées.

Concernant la rénovation des bâtiments, les mobilités ou l'alimentation, on pourrait tester des choses dans les lycées. Ce sont aussi des compétences qui reviennent aux régions, mais pour cela un investissement massif doit être mis sur la table.

En plus de demander des changements concrets dans les lycées, nous allons manifester pour dénoncer plus globalement le système dans lequel on vit : la société de consommation ou encore le fait que les multinationales sont responsables de la majorité des émissions de gaz à effets de serre.

Après cinq ans de Jean-Michel Blanquer, qu'attendent les lycéens du nouveau ministre, Pap Ndiaye ?

On se réjouit du changement de méthode avec les syndicats enseignants, et du changement de discours. Mais sur le projet éducatif du gouvernement, on a entendu que les réformes vont se poursuivre et cela nous inquiète de façon générale.

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