Reportage

Des collégiens et lycéens échangent avec Thomas Pesquet en direct de l'espace

Thomas Pesquet a répondu pendant 20 minutes aux questions des lycéens
Thomas Pesquet a répondu pendant 20 minutes aux questions des lycéens © Catherine de Coppet
Par Catherine de Coppet, publié le 06 décembre 2016
1 min

Mardi 6 décembre 2016, des collégiens et des lycéens avaient rendez-vous à l'Académie des sciences à Paris. Ils étaient conviés à échanger en direct avec le spationaute français Thomas Pesquet, depuis la Station spatiale internationale. Un moment d'excitation et de découverte intenses !

Il est à peine 13 h 00, mardi 6 décembre 2016, et déjà toute une foule jeune et enjouée a investi la cour de l'Institut de France, le bâtiment qui héberge l'Académie des sciences dans le VIe arrondissement de Paris. Dans l'air, l'excitation est palpable. Ils ont entre 14 et 18 ans et viennent pour la plupart de collèges et lycées d'Île-de-France. Accompagnés par leurs enseignants, ils ont été choisis pour poser quelques questions – en direct – au spationaute français Thomas Pesquet, parti le 17 novembre 2016 pour la Station spatiale internationale (ISS en anglais).

Dans le froid, un groupe de lycéennes venues du lycée Saint-Érembert de Saint-Germain-en-Laye (78) tente de se réchauffer. "On parle beaucoup de la mission Proxima de Thomas Pesquet depuis le début de l'année", explique Louise, 15 ans. En classe de seconde "aéronautique", une nouveauté dans ce lycée général, Louise et ses copines ne font pas partie des élèves qui poseront des questions, mais n'en sont pas moins très curieuses. "Je me demande comment il fait pour poster des photos sur Instagram", poursuit la lycéenne. "Il avait dit avant son départ qu'il allait voter à la présidentielle de 2017, je ne sais pas comment il va faire", ajoute Inès. "On se demande aussi à quel rythme il est en contact avec ses proches, lance Hermine. Et puis ça doit faire bizarre de revenir sur Terre après six mois passés là-haut !"

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Fusées à eau et autres expériences

En classe, leurs professeurs de mathématiques et de physique ont adapté leur programme à cette option aéronautique. "Nous avons fabriqué des fusées à eau et à moteur, nous sommes allés au musée de l'Espace et un ingénieur de Safran Launcher est venu parler aux élèves, souligne Stéphanie de Quercize, enseignante de maths. La mission de Thomas Pesquet est vraiment idéale pour nous !"

Une heure plus tard, la centaine de lycéens a pris place sous la majestueuse coupole dorée de l'Institut de France. Installés sur les banquettes en velours vert, Chabane et Nirojan, en 1re S sciences de l'ingénieur au lycée Langevin-Wallon de Champigny-sur-Marne (92) s'impatientent. "Cela fait un mois qu'on sait qu'on va poser des questions à Thomas, explique Chabane. J'ai regardé en direct sur YouTube le décollage et l'arrimage du vaisseau. J'ai vraiment aimé quand il sort de la capsule et qu'il rencontre les astronautes de la Station. On voit son émotion dans son regard."

En classe, Chabane, Nirojan et leurs camarades ont une expérience à réaliser : "On doit faire pousser les mêmes plantes que celles que Thomas fait pousser dans l'espace". En attendant, c'est Wassim, l'un de leurs copains, qui a été tiré au sort pour poser la question, élaborée collectivement en classe, à Thomas Pesquet. "On va lui demander si sur l'ISS on soigne les blessures de la même façon que sur Terre", explique Chabane.

"Au-dessus de l'Amérique latine"

Ça y est, la cérémonie commence. Après le discours de Bernard Meunier, le président de l'Académie, en habit brodé d'or comme tous les académiciens, c'est au tour de Claudie Haigneré, ancienne spationaute, de s'exprimer. "L'ISS a été agrandie depuis mon dernier séjour en 2001 !", explique-t-elle. Dans son oreillette, l'équipe technique lui indique le temps qu'il reste avant d'établir la connexion avec l'espace. "Nous sommes à 20 secondes", lance Claudie Haigneré.

Sur le grand écran installé sous la coupole, l'image de Thomas Pesquet apparaît enfin. Il est 14 h 30 précises. En polo noir, arborant le logo de l'ESA, l'Agence spatiale européenne, le jeune spationaute, souriant, est installé dans le laboratoire de l'ISS. Pendant 20 minutes, il répond aux neuf questions préparées par les lycéens, qui s'expriment chacun leur tour au micro. "Où se situe la Station pendant qu'on parle ?" demande Adèle. "Là, nous sommes au-dessus de l'Amérique latine, mais dans dix minutes nous serons au-dessus de l'Europe", répond Thomas. Rires dans la salle.

En direct du labo de l'ISS

"Comment fait-on pour faire pousser des végétaux en apesanteur ?", demande Lydia. "Recyclez-vous les eaux usées dans l'ISS ?" demande Gonzalo. Très précis, le Français répond, en remerciant chaque lycée nominativement. "85 % des eaux usées sont recyclées ici." Le temps file vite, c'est déjà presque la fin du moment imparti pour ce duplex en direct de l'espace.

Le spationaute termine par une revue des différentes expériences réalisées dans le laboratoire de l'ISS. "Ici, vous avez l'équipement MARES, qui permet d'étudier les muscles. Là, près de la caméra, la lumière rose indique le module de cultivation des plantes. À mes pieds, il y a un dosimètre qui mesure les radiations reçues par les astronautes à bord. Et ici, vous voyez les centrifugeuses pour nos prises de sang, explique Thomas Pesquet. Chaque centimètre cube est utilisé !"

"Il sait parler aux jeunes"

À la sortie, Sonia et Isabelle, en 3e au collège Les-Champs-Philippe à la Garenne-Colombes (92), sont enthousiastes. "C'est formidable, on est sur Terre et lui dans l'espace, et ça fonctionne ! C'est impressionnant !", souligne Isabelle. "Personnellement six mois, moi, je n'y serais pas allée, mais c'est passionnant", ajoute Sonia.

Antoine a pour sa part fait partie des heureux élus qui ont été porte-parole de leur classe pour poser une question. "Cela fait bizarre de le voir en vrai, souligne le lycéen de seconde au lycée Edgar-Quinet à Paris. Il est souriant, heureux, tellement direct avec les jeunes !" Antoine, qui rêve d'être ingénieur en aéronautique, aurait aimé personnellement lui demander comment on se prépare psychologiquement à un tel séjour.

"C'est une grande chance et un honneur d'avoir pu lui parler en direct, estime Wassim, porte-parole du lycée de Champigny, qui a sorti sa cravate pour l'occasion. J'étais un peu stressé de lui parler et d'être filmé, mais c'est une belle expérience. À refaire !" Pas sûre que ce soit possible de sitôt... Heureusement, une collation attendait les participants pour se remettre de toutes ces émotions.

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