Reportage

Sciences de l'ingénieur : ces petits génies inventent les outils de demain

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Jamy Gourmaud, ancien animateur de "C’est pas sorcier" est passé de stand en stand observer et tester les projets. © Thibaut Cojean
Par Thibaut Cojean, publié le 31 mai 2019
7 min

Ils sont lycéens en première ou terminale S ou STI2D et ont travaillé, toute l'année, sur un projet scientifique précis et innovant. Mardi 28 mai, ce projet les a menés tout droit à la finale nationale des Olympiades des sciences de l'ingénieur. Reportage.

Le temps d’une journée, ils ont installé leurs quartiers dans les locaux flambants neufs d’EDF Campus, à Palaiseau (91). C’est là, au cœur du site de l'université de Paris-Saclay, que 70 équipes de lycéens ont participé mardi 28 mai à la finale des Olympiades des sciences de l’ingénieur organisées par l'UPSTI (Union des Professeurs de Sciences et Techniques Industrielles).
Ces petits génies sont venus de toute la France, parfois de beaucoup plus loin, pour présenter un projet mené tout au long de l’année. La plupart sont très visuels, pour ne pas dire fascinants. Difficile, en se promenant dans les salles d’exposition, de ne pas tendre le cou pour voir de plus près ce robot ou cet écran. Ici, un terrarium paramétrable. Là, un chariot connecté. Là-bas, un robot guide d’aveugles.
"Il y a un an, je n’avais aucune idée de comment faire un robot", s’exclame Eddy. Lui, Thomas et Kerryghan, tous trois élèves de terminale S au lycée Yves Thépot de Quimper (29), sont venus présenter un robot roulant qui n’est pas sans rappeler les explorateurs à boulons de la planète Mars. À ceci près que le leur n’explore pas des déserts rouges, mais des plages envahies d’algues vertes. L’idée du projet : créer un outil capable de rallier des zones difficiles d’accès pour y déverser une solution écologique destinée à empêcher l’émission de gaz nocifs.
Mais avant de mettre au point ce robot et de le tester dans une cale de Crozon, dans le Finistère, les trois lycéens ont dû cravacher. Beaucoup. "On avait deux heures de prévues par semaine pour le projet, mais on en a fait beaucoup plus", souffle Thomas. Des premières recherches de septembre jusqu'à la finale, chacun a suivi sa spécialité : la chimie, l’ingénierie ou la programmatique.

Futurs ingénieurs, ou pas

Devant les stands, les membres du jury écoutent les démonstrations, scrutent les détails, posent des questions techniques. À cause de la pluie, la démonstration de vol du drone du lycée français de Mexico, équipé d’un capteur de chaleur humaine, devra attendre. "Nous récompensons les projets innovants et fonctionnels qui suivent une démarche scientifique", explique Patrick Séverac, proviseur du lycée Jean Perrin de Saint-Ouen-l’Aumône (95).
Parmi les autres critères qui comptent : la pluridisciplinarité et le fait que les projets "répondent à un vrai besoin économique ou environnemental". La présentation a aussi sa part d’importance et une partie de la conversation avec les membres du jury se fait en anglais, "car ils en auront besoin dans leur future carrière d’ingénieur", justifie Patrick Séverac.
Être ingénieur ne semble pourtant pas être la destinée de tous. En tout cas pas celle des lycéens de Quimper, qui rêvent de Staps, de cybersécurité ou d’architecture navale. Pas plus que celle de l’équipe du lycée Robert Doisneau de Corbeille-Essonne. Dans ce quintet 100 % féminin, toutes ne se destinent pas au métier d’ingénieur : l’une veut s'orienter vers l’informatique, une autre vers la musique.
Leur projet présage pourtant d’une destinée toute tracée. En créant "Rachel", un robot de secours autonome, les lycéennes de terminale S-SI ont tenté de répondre à un besoin spécifique et technique : comment optimiser les urgences dans les déserts médicaux ? En plus de l’élaboration et de la construction d’un robot mobile équipé de caméras et de capteurs, elles ont aussi créé une application pour alerter les secours. Pour elles aussi, cela a nécessité un travail pendant les cours et en dehors et "même en voyage au ski !"
En arrivant sur place, Clémentine, Armelle, Marie, Pauline et Mégane ont été frappées par la sous-représentation des jeunes femmes à l’événement. "On ne pensait pas être une des seules équipes entièrement féminines", reconnaît Armelle. Il faut dire qu’elles viennent d’un lycée scientifique comptant 30 % de filles, rappellent leurs professeurs.
Qu’elles viennent du sud, de l’est, de l’île de la Réunion ou de Chine, toutes les équipes sont en effet accompagnées de professeurs. Laurent Naegelen, prof de STI2D au lycée Jean Mermoz de Saint-Louis, dans le Haut-Rhin, a assisté Grégory, Alexandre, Théo et Robin dans la création d’un ballon de foot générateur d’énergie. À l’aide d’un système électronique complexe, y brancher une LED en USB après une demi-heure de foot apporte une heure de lumière.

Un an de travail récompensé

Pensé pour que les enfants des pays en développement puissent faire leurs devoirs, le projet ne s’arrête pas à cette idée ingénieuse. "Je leur dis toujours : c’est 1 % de créativité et 99 % de sueur !" confie le professeur. De fait, on retrouve ici aussi le même schéma de conception : travail collaboratif, répartition des tâches et beaucoup, beaucoup d’heures d’engagement.
C’est sans doute la raison pour laquelle aucune équipe ne semble être venue pour gagner des prix. Le sentiment de satisfaction prédomine. Tous sont heureux de présenter leur projet, même si pour la plupart, cela signifie aussi le quitter. "On espère que Rachel ne finira pas dans un placard", lancent les filles du lycée Robert Doisneau à leurs professeurs.
Heureusement, tous ces lycéens pouvaient compter sur Jamy Gourmaud, ancien animateur de C’est pas sorcier et parrain de l’événement, pour passer de stand en stand observer et tester les projets, donnant vie, pour au moins une journée, à ce casque de rugby détecteur de commotions, à ces poubelles connectées ou à ce dressing intelligent.

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