Reportage

Diplomatie, débats, rhétorique... Des lycéens simulent un Conseil de l'Union européenne

Lors de la simulation, chaque lycéen s'est mis dans la peau d'un ministre des Affaires étrangères d'un État membre de l'UE et devait défendre les intérêts actuels de ce pays.
Lors de la simulation, chaque lycéen s'est mis dans la peau d'un ministre des Affaires étrangères d'un État membre de l'UE et devait défendre les intérêts actuels de ce pays. © Nina Waechter
Par Nina Waechter, publié le 13 avril 2023
6 min

Une trentaine de lycéens venus de toute la France ont débattu sur la politique extérieure et de sécurité commune de l'UE, le 4 avril, au ministère de la Transition écologique. Un exercice pour les sensibiliser au fonctionnement des institutions européennes.

"L'Histoire nous regarde d'un œil grave, exigeant et implacable. Nous devons être à sa hauteur." C'est ainsi que Corto, lycéen gersois, a ouvert la séance du Conseil de l'Union européenne qu'il a présidé pendant trois heures. Comme 28 autres lycéens, il a pris part, le 4 avril dernier, à une simulation organisée au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, à Paris.
L'évènement visait à sensibiliser au fonctionnement des institutions européennes. Les participants, des élèves de première et de terminale originaires de 16 régions différentes, ont été sélectionnés par leurs lycées. Chacun s'est mis dans la peau d'un ministre des Affaires étrangères d'un État membre de l'UE et devait défendre les intérêts actuels de ce pays. Pour cette deuxième édition, les débats ont porté sur la politique extérieure et de sécurité commune.
Lycéens UE
Originaire du Gers, Corto représente la Suède et joue le rôle de président du Conseil./ ©ANCT.

Un texte de décision établi après trois heures de débat

La simulation était organisée par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), et la méthodologie était fournise par la Maison de l'Europe de Bourgogne Franche-Comté. "On propose aux jeunes un texte de décision qui arrive en Conseil des ministres, explique son directeur adjoint, Frédéric Bergelin. Ils vont devoir débattre, échanger, former des alliances : l'idée est d'arriver à modifier le texte en trouvant un système de double majorité."
Les quatre articles du texte initial proposaient par exemple la création du poste de Ministre européen des Affaires étrangères et de la Sécurité commune, l'augmentation des investissements en matière de défense, ou encore le développement d'une armée européenne de 25.000 hommes.
Chaque lycéen a ainsi défendu les intérêts de son État d'emprunt et tenté de modifier le texte en sa faveur, en prêtant attention aux détails sémantiques et syntaxiques. Différents enjeux ont été pris en compte : intérêts nationaux et internationaux, souveraineté nationale, conceptions de l'UE... Dans la version finale du texte, les participants ont notamment modifié les taux d'investissement ou encore les quotas de soldats à fournir.

Un exercice d'éloquence et de débat

"La simulation vise à expliquer le fonctionnement complexe des institutions européennes, mais c'est aussi un exercice qui fait travailler l'éloquence et l'argumentation", explique explique Frédéric Bergelin.
Pour se préparer aux débats, chaque lycéen avait reçu une fiche de rôle indiquant la position du pays sur le texte, des éléments de contexte sur sa politique actuelle, et des alliés potentiels. Beaucoup ont profité de leurs derniers moments de temps libre pour relire leurs fiches avec leurs professeurs d'histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP). C'est le cas de Sacha, originaire de Mayotte et ministre portugais pour la journée. "Stressé, mais très préparé" avant l'exercice, il dit avoir trouvé le temps de préparation "très enrichissant en lui-même".
Certains participants, comme Pauline, représentante de la Lettonie, ont "toujours été très intéressé[s] par les institutions européennes". "La guerre en Ukraine nous a aussi poussés à nous intéresser aux questions de défense." D'autres, comme Clarysse, sont davantage intéressés par l'exercice d'argumentation. "Je représente l'Italie, et son gouvernement actuel ne correspond pas du tout à mes valeurs, admet-elle. Mais justement, c'est utile pour travailler la rhétorique. Il faut rentrer dans son rôle."
Lycéens UE
Sacha vient de Mayotte et représente le Portugal./ ©ANCT.

"Une simulation de trois heures marque davantage qu'une explication théorique"

Après la simulation, Clarysse reconnaît avoir "énormément appris sur les institutions européennes, les pays membres, et les relations internationales". De même, Corto en ressort "avec un vrai intérêt pour la diplomatie".
La veille de la simulation, les lycéens avaient visité l'exposition "Europa Experience" à Paris puis le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. L'objectif du parcours était de développer l'intérêt et l'esprit critique des jeunes au sujet de l'Union européenne.
Pour Julien Péa, directeur de la Maison de l'Europe de Bourgogne Franche-Comté, "l'idée est d'en parler autrement, de façon immersive. Une simulation de trois heures, ça marque davantage qu'une explication descendante et académique". Selon lui, "les participants ont été au cœur des enjeux de l'Union : la recherche de compromis, les alliances, la tension entre appartenance à un groupe politique et à une nation".
Afin de pouvoir servir d'outil pédagogique, la simulation était filmée et diffusée. "L'objectif est aussi que le format essaime, pour qu'un grand nombre d'élèves et d'étudiants puissent découvrir des institutions comme le Conseil de l'Europe, qui sont importantes, mais méconnues."

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