Témoignage

Menaces terroristes : les lycéens favorables à la cigarette dans les lycées, mais...

Fumer dans les établissements scolaires reste interdit malgré l'Etat d'urgence
Fumer dans les établissements scolaires reste interdit malgré l'Etat d'urgence © Antoine SERRA/REA
Par Sarah Hamdi, publié le 03 février 2016
1 min

Après les menaces téléphoniques reçues par des lycées parisiens et lyonnais, le SNPDEN (syndicat des chefs d'établissement) veut autoriser les élèves à fumer dans la cour pendant l'état d'urgence. Ce qui est déjà le cas dans certains établissements... Réactions de lycéens à la sortie des cours.

La pause clope dans la cour du lycée pour plus de sécurité. L'image semble paradoxale, et pourtant… Mardi 2 février 2016, Michel Richard, le secrétaire général adjoint du SNPDEN (syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale), a demandé au Premier ministre d’autoriser la cigarette à l’intérieur des lycées, plutôt que laisser les élèves s'attrouper devant les grilles d'entrée à chaque intercours.

Mais certains chefs d’établissement n’ont pas attendu le feu vert de l’État pour mettre en sécurité les élèves fumeurs. Problème : l'état d'urgence ne modifie en rien les textes sur l'interdiction de fumer. Ces lycées s'exposent donc à des sanctions.

Un coin fumeur

Depuis les attentats de novembre 2015, la cigarette est en effet tolérée dans certains établissements parisiens. Toujours dans une zone délimitée et à l'extérieur des bâtiments. "Nous sommes autorisés à fumer dans l'établissement. Enfin, dans la cour. Il existe un coin fumeur", explique Élisa*, en 1re L dans un grand lycée de la capitale. Cette mesure rassure la lycéenne, non fumeuse, qui sent qu’elle et ses camarades "sont plus en sécurité". "D'habitude, pendant les pauses, les élèves sortent hors du lycée pour fumer." Aujourd’hui, les entrées et sorties sont fortement réduites par cette mesure. "Les surveillants nous disent de ne pas rester devant la grille ou de rentrer."

Un sentiment de sécurité

Pour Marine, en seconde générale dans un lycée victime des récentes alertes, ne pas sortir renforce "évidemment la sécurité". "Étant donné le grand nombre de lycéens, cela réduit les risques. Les élèves fument dans une petite cour de l'établissement et plus devant le lycée", explique-t-elle. Avant les alertes à la bombe, ils étaient autorisés à sortir pendant les pauses. Aujourd’hui, plus du tout, sauf pour le repas du midi. "C'est vrai que l'enfermement peut parfois être oppressant, mais on se sent encore plus protégés", ajoute la jeune fille.

Dorian, fumeur en terminale ES dans un lycée de la banlieue parisienne, reste dubitatif quant à la réelle efficacité de cette mesure si elle était mise en place dans son établissement. "Je n'y verrais pas d'inconvénient. Même si cela me paraîtrait bizarre par rapport au règlement intérieur du lycée… Et si l’on vient à être visé par une attaque, les terroristes ne s'en prendraient pas forcément aux lycéens à l'extérieur, mais plutôt à l'intérieur", suppose le jeune homme. "Personnellement, je ne me sentirais pas plus en sécurité dans la cour," explique-t-il. Seule exception : "les lycées dont l'entrée donne directement sur la rue, où l’on peut croiser n'importe qui…"

Bon pour la sécurité, mais pour la santé ?

Mégane, en terminale S, reconnaît que faire entrer les fumeurs dans la cour "augmenterait la sécurité". "Néanmoins, je n’y suis pas favorable car cela embêterait quelques élèves d'être entourés par beaucoup de fumeurs", justifie-t-elle. Ses solutions ? Que les fumeurs réduisent leur consommation ou qu'on leur délimite une zone dans la cour.

Mélissa et Marie, également en terminale S, sont du même avis. "Je suis partagée… C'est important de protéger tous les lycéens de la même façon, qu'ils soient fumeurs ou pas. D'un autre côté, il y a une limite : que cela ne dérange pas les non-fumeurs", estime Mélissa. "C'est bien pour la sécurité, oui. Mais ça ne l’est pas pour la santé des fumeurs et celles des autres", résume de son côté Marie. Et elle pointe du doigt le risque de créer de nouveaux consommateurs dans son lycée, même après l’état d’urgence. "Les élèves influençables vont vouloir faire pareil", regrette-t-elle.

* Le prénom a été changé à la demande du témoin.

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