Témoignage

"Il faut savoir évoluer et changer les mentalités" : lycéennes, elles veulent devenir agricultrices

De gauche à droite : Adèle, Jeanne, Léa, Éloïse, Cléa, élèves au lycée agricole de Laval, en Mayenne.
De gauche à droite : Adèle, Jeanne, Léa, Éloïse, Cléa, élèves au lycée agricole de Laval, en Mayenne. © Yoann Vignier
Par Camille Bluteau, mis à jour le 06 mars 2023
5 min

Maëlle, Mélina, Adèle, Jeanne et Léa ont toutes un point commun : elles veulent devenir agricultrices. Un métier encore très masculin, mais qui tend à se féminiser, grâce notamment aux réseaux sociaux. Alors que le salon de l’Agriculture est sur le point de fermer ses portes, elles témoignent.

À bientôt 17 ans, Maëlle en est sûre : elle veut devenir agricultrice. La lycéenne en classe de première technologique STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) au lycée agricole de Vesoul (70), veut être éleveuse "depuis toute petite".

Vocation agricultrice

Il faut dire que la jeune fille est presque née dans la paille. Avec des grands-parents et un père éleveur, elle baigne dans l’agriculture depuis son plus jeune âge. "La première fois que j’ai vu naître un veau, ça m’a beaucoup marquée", se souvient l’adolescente.

Si bien que Maëlle a découvert le métier pendant son enfance. "Petite, j’allais aider mes grands-parents à la ferme. Aujourd’hui, j’y passe tous mes week-ends : traite des vaches matins et soirs, soin des bêtes, déclaration des naissances… ", raconte-t-elle.

À plusieurs centaines de kilomètres de Vesoul, Mélina, élève au lycée agricole de Laval (53), partage la même ambition. Seule différence, la jeune fille ne vient pas du milieu agricole. "Mes parents sont personnels de vie scolaire et commerciale. Mes grands-parents ne travaillaient pas non plus en tant qu'agriculteurs. À part le fait de vivre à la campagne, nous n’avons aucun lien avec le monde agricole."

"Mes parents n’ont aucun problème à ce que j’exerce ce métier"

Les difficultés du métier n’effraient pas ces étudiantes. "Mes parents m’ont encouragée. Si ça me plaisait, je n’allais pas réfléchir à un autre métier", explique Maëlle. Même son de cloche pour Mélina : "Mes parents n’ont aucun problème à ce que j’exerce ce métier. Tant que je fais ce qui me plaît, ils sont contents".

Adèle, originaire de l’Orne et lycéenne à l’Agricampus de Laval, pense que "les gens qui disent que l'on n'y arrivera pas, il ne faut pas les écouter". Un commentaire qui vise souvent les filles. "Il ne faut pas être sexiste, complète Maëlle. Les femmes savent faire le même métier que les hommes, les mêmes actions, même si ça demande plus de moyens."

Jeanne, une camarade d’Adèle se souvient d'une remarque de son prof principal de 3e : "Il a fait en sorte que je me remette en question. Il m’a dit que c’était principalement un métier d’homme".

Si pendant longtemps, le métier a été majoritairement masculin, car jugé pénible et physique, Maëlle estime que "les femmes aussi peuvent gérer des exploitations". En 2010, un quart des exploitations agricoles françaises étaient dirigées par des femmes, selon le ministère de l’Agriculture. En 2020, elles étaient 106.000 cheffes d'exploitation ou d’entreprise agricole.

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Au salon de l'Agriculture / © Camille Bluteau.

Les réseaux sociaux, un levier pour les futures agricultrices

Une féminisation qui grandit notamment grâce… aux réseaux sociaux !

Car de plus en plus d’agricultrices les utilisent pour montrer les coulisses de leur quotidien. "Quand je les vois, ça me booste. Je me dis que je suis capable d’y arriver", raconte Maëlle.

"Les femmes qui montrent leur métier sur les réseaux, ça joue. Elles montrent les difficultés et les bons moments", explique Léa, élève au lycée agricole de Laval. Jeanne regarde souvent les commentaires sous les vidéos TikTok d’agricultrices "pour savoir ce que les gens disent" sur le métier.

"Il faut savoir évoluer et changer les mentalités. De plus en plus de métiers se féminisent, si on ne nous laisse pas de chance à nous les femmes, les gens ne pourront jamais savoir si on est capable", conclut Mélina. Pour ces futures agricultrices, une chose est sûre : même s’il y a encore des préjugés à combattre, elles estiment avoir toute leur place dans le milieu agricole.

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