Témoignage

"Ils ont bien géré" : des bacheliers 2020 se souviennent du premier confinement

classement des lycées 2021 : témoignage de bacheliers 2020
classement des lycées 2021 : témoignage de bacheliers 2020 © damianobuffo/Adobe Stock
Par Thibaut Cojean, publié le 17 mars 2021
7 min

Le classement des lycées 2021 de l’Etudiant survient après une année inédite, marquée par le confinement, la fermeture des lycées et l’annulation des épreuves du bac. Un an plus tard, d’anciens lycéens reviennent sur cette période et nous aident à remettre en contexte un classement pas comme les autres.

Comme c'est le cas chaque année, en 2021, le classement des lycées de l’Etudiant se base sur les données statistiques de l’année précédente. Mais plus que jamais, en 2021, de simples taux de réussite ou de mention ne peuvent suffire à déterminer la qualité d’un lycée.

Car le bac 2020, ce n’est pas qu’un taux de réussite record de 95%, ce sont surtout ces centaines de milliers d’élèves qui, du jour au lendemain, ont entièrement revu leur rapport à la scolarité. Privé de salles de classe, de contacts directs avec ses profs et de vie scolaire, comment mesurer l’apport de son lycée ? Un an après le début du premier confinement, l’Etudiant a recueilli les témoignages de bacheliers 2020.

Pris de court par le confinement

Le jeudi 12 mars 2020, Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires à partir du lundi suivant. "Vu que c’était un peu une surprise, mes professeurs n’étaient pas très bien organisés", se souvient Anne-Rose, alors au lycée Malherbe de Caen (14). "Après l’annonce du confinement, nous n’avons eu aucun cours pendant deux semaines car rien n’a été mis en place", surenchérit Caroline, qui était au lycée Sonia Delaunay de Villepreux (78).

Un retard à l’allumage qui n’a pas été ressenti par tous. "Je n’ai pas le souvenir que ça ait été lent", tempère William. Cet ancien élève du lycée Turgot, à Paris (75), se souvient notamment de "cours en ligne" et de "devoirs envoyés par mail". Globalement, les mêmes souvenirs de "réunions sur Zoom", de "vidéos" et de "devoirs maisons" sont évoqués. Mais aussi, par tous les témoins, l’inconstance des enseignements.

Les profs principaux sur le pont

Les élèves saluent ainsi les enseignants qui se sont démenés, comme le prof de maths d’Anne-Rose qui donnait des live sur Facebook : "Je ne suis pas vraiment douée en maths et ça m’a permis de ne pas décrocher et de me sentir moins seule." Mais ils regrettent également d’avoir vu certains se contenter du minimum, comme la prof d’histoire-géo de Talina, "un peu âgée et pas à l’aise avec les outils numériques".

Tous décrivent plus ou moins la même organisation : les profs principaux étaient les plus disponibles et la priorité était donnée aux matières les plus importantes de leur série. Si, du point de vue de l’élève, l’implication des professeurs a pu paraître inégale, on observe en fait que de nombreux lycées ont choisi de répartir le travail d’accompagnement entre les professeurs.

Les anciens lycéens n’expriment d’ailleurs pas de rancœur. "Je pense qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient. Ils ont bien géré", résume William. "Ça ne me dérangeait pas d’avoir moins de cours", admet Talina, ancienne élève de l’institut Notre-Dame de lycée Saint-Germain-en-Laye (78). D’autant que "les profs étaient toujours présents si on avait des questions".

Se motiver sans l’enjeu du bac

Au-delà de l’accompagnement, la capacité à travailler seul a aussi été une épreuve importante. Particulièrement à partir du 3 avril. "Quand on a appris que le bac se passerait en contrôle continu, beaucoup de mes camarades ont lâché, raconte Anne-Rose. Nous savions que notre année était finie."

Son témoignage trouve de l’écho chez les autres bacheliers. "Au début, je me suis sentie bien accompagnée mais plus on avançait dans le temps moins on sentait d’intérêt, j’ai d’ailleurs décroché", avoue Zoé, qui a obtenu son bac ES au lycée Camille Saint-Saëns à Rouen (76). "Quand on a su que c’était en contrôle continu, je n’y voyais plus d’intérêt", confesse aussi Talina, qui a pourtant été "super assidue" au début du confinement.

Et même si la plupart de nos témoins assurent s’être accrochés pour "préparer les études supérieures", les conditions ont parfois eu raison de leur motivation. "Rester concentré deux heures derrière un écran c’est difficile, souffle William. Comme les profs ne nous voyaient pas, je pouvais faire autre chose pendant les cours." Un an plus tard, il admet sans peine avoir manqué d’assiduité : "C'était beaucoup plus relax, je pouvais me lever quand je voulais."

Démarrer les études sans finir le lycée

En 2020, très peu d’élèves de terminale ont retrouvé leur établissement après le 16 mars. L’arrivée dans l’enseignement supérieur s’est donc faite après six mois sans cours. "Je n’ai pas vraiment eu de transition entre la terminale et les études", regrette Florine, passée du lycée Saint-Pierre de Saint-Brieuc (22) à une licence STAPS dans la même ville.

Pour autant, leur première rentrée d’étudiants s’est globalement bien passée. "En septembre, je n’ai pas spécialement ressenti les effets du confinement", sourit Caroline, aujourd’hui en licence de SVT. Grâce, peut-être, à un accompagnement spécial : pour la première fois, son université a mis en place un tutorat entre L1 et L3. D’autres exemples fusent, comme les créneaux de remise à niveau dans l’école de commerce de Talina, ou l’aide personnalisée dans la fac de psycho d’Anne-Rose.

Mais du confinement ressort aussi du positif. "Je me suis rendu compte que j’arrivais à travailler seule", se réjouit Talina, tandis que Florine considère avoir "progressé en informatique" et "gagné en autonomie et en organisation". De quoi se réjouir des capacités de rebond de ces nouveaux étudiants, sans pour autant faire passer l’amertume d’une année de terminale au goût d'inachevé.

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