INFOGRAPHIES. Comment la réforme du lycée pénalise les filles

Trois ans après la mise en place de la réforme du lycée, les statistiques de l'Éducation nationale montrent un net recul de la parité dans les matières scientifiques, surtout les maths. Des répercussions sur les études supérieures sont redoutées.
Alors que le monde éducatif et universitaire fête les sciences du 7 au 17 octobre 2022, les effets de la dernière réforme du lycée sur les parcours scientifiques commencent à être quantifiés. Le constat est alarmant : en remplaçant les séries S (scientifique), L (littéraire) et ES (économique et social) par des enseignements de spécialités (EDS), le nouveau lycée a fortement éloigné les filles des études scientifiques, alors même que la parité était presque atteinte.
Nette régression de la parité en maths
Pourtant, l'enseignement approfondi des mathématiques en terminale tendait vers la parité depuis plusieurs décennies. La tendance s'est inversée en 2020, année d'application de la réforme en terminale. Alors que les filles étaient majoritaires en terminale générale (56%) en 2021-2022, la spécialité maths n'en comptait que 40%, soit 7,5 points de moins que la série S deux ans auparavant. Ce taux de féminisation n'avait pas été aussi bas depuis 1994-1995.
L'influence du milieu social
Un manque de confiance en soi
En effet, "quel que soit leur niveau de maîtrise, notamment en mathématiques, [les filles] se déclarent moins confiantes que les garçons dans leurs performances aux évaluations", indiquait la Depp en juin 2022.
La jeunesse des élèves les rend "plus réceptifs aux messages des adultes et de leur environnement, qui masculinise les sciences et féminise les lettres", ajoute Mélanie Guenais. En particulier parce qu'ils n'ont "pas encore la maturité suffisante pour savoir exactement ce qu'ils veulent faire". Et se réorienter est difficile au lycée.
Un nombre de spécialités "handicapant"
Des difficultés dans l'enseignement supérieur
Ainsi, en 2021-2022, les classes préparatoires BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) "ont eu énormément de démissions en milieu de première année, avec des élèves en détresse, particulièrement des filles et des élèves de milieux modestes qui avaient abandonné les maths", rapporte la coordinatrice du collectif Maths-sciences.
Les données utilisées dans cet article viennent de la Depp, le service statistiques du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse :
• la note d'information n° 22.19 de juin 2022, pour les effectifs par spécialité et option de terminale générale en 2021-2022 ;
• les "Repères et références statistiques" 2020, pour les effectifs par série en terminale générale en 2019-2020 ;
• "Filles et garçons sur le chemin de l'égalité, de l'école à l'enseignement supérieur", édition 2020, pour la part de filles en terminale scientifique de 1994 à 2018 ;
• la note d'information n° 20.38 de novembre 2020, pour les effectifs par spécialité de terminale générale en 2020-2021 ;
• la note d'information n° 22.17 de juin 2022, pour le niveau de confiance des élèves dans leurs performances.